Question de Mme ROSSIGNOL Laurence (Oise - SER) publiée le 23/03/2023

Question posée en séance publique le 22/03/2023

M. le président. La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

Mme Laurence Rossignol. Ma question s'adresse à Mme la Première ministre.

Que nous a dit le Président de la République tout à l'heure ?

M. David Assouline. Rien !

Mme Laurence Rossignol. D'abord, il nous a dit que la majorité du pays, celle qui s'oppose à sa réforme, serait dans le déni de la réalité et dans l'ignorance – et que lui seul nous conduirait vers la lumière. C'est une insulte à l'intelligence des Français.

Il nous a dit que les manifestants seraient noyautés par des factieux. Il est allé jusqu'à les comparer aux suprémacistes de Brasilia ou du Capitole. C'est encore une insulte.

Il nous a dit que les syndicats auraient refusé de négocier. C'est un mensonge, a déjà répondu Laurent Berger.

Il nous a dit que nous n'aurions fait comme contre-proposition que l'augmentation des déficits, alors qu'aucun de nos amendements n'a été retenu ni examiné, pas même ceux qui portaient sur l'augmentation des cotisations patronales. Encore un mensonge, donc. (Applaudissements sur les travées des groupes SER, CRCE et GEST.)

Il nous a dit que les entreprises ne finançaient pas les retraites. Alors là… La seule explication possible est que, trahi par son inconscient, le Président de la République fait part de son rêve ! Mais c'est aussi un mensonge. (Bravo ! et applaudissements sur les travées des groupes SER, CRCE et GEST.)

Il nous a dit que les Français ne voudraient plus travailler et qu'il remettrait les bénéficiaires du RSA au travail. C'est une insulte.

À la crise démocratique qu'il a approfondie, à la crise politique qu'il a ouverte, il a répondu par la perspective de nouveaux débauchages, sans doute parmi les députés qui n'ont pas voté la motion de censure. C'est une indécence.

Il nous a dit vouloir taxer les entreprises qui rachètent leurs actions, sauver l'éducation, la santé et l'industrie, sans jamais préciser ni où, ni quand, ni comment.

Mais il n'a pas manqué de nous dire que la réforme des retraites serait appliquée sans délai.

Madame la Première ministre, de matinale en journal de 20 heures, ou de 13 heures, vous-même, le Président de la République et vos ministres ne faites qu'asséner les mêmes arguments d'autorité. La seule autocritique que vous nous concédez est celle d'une défaillance pédagogique.

Vous voulez apaiser le pays ? Je le crois sincèrement. Mais il n'y a qu'une solution : rendez aux Français les deux ans de vie que vous leur volez ! (Applaudissements sur les travées des groupes SER, CRCE et GEST. – Exclamations sur les travées des groupes Les Républicains et UC.)

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Réponse du Ministère auprès de la Première ministre, chargé du renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement publiée le 23/03/2023

Réponse apportée en séance publique le 22/03/2023

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé du renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement.

M. Olivier Véran, ministre délégué auprès de la Première ministre, chargé du renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement. Votre question, madame la ministre Laurence Rossignol…

Mme Laurence Rossignol. Je ne suis plus ministre !

M. Olivier Véran, ministre délégué. Je vous appelle « madame la ministre » parce que, en 2014, vous étiez ministre déléguée auprès de Marisol Touraine. (Bravo ! et applaudissements sur les travées des groupes RDPI, INDEP, UC et Les Républicains.)

J'ai été député socialiste…

M. Jérôme Durain. Certains n'ont pas trahi !

M. Olivier Véran, ministre délégué. … et vous et moi, nous avons eu le courage de soutenir en 2014 une réforme des retraites portée par le Gouvernement auquel vous apparteniez, qui a, pardonnez du peu, allongé la durée de cotisation pour tous les Français qui travaillent. Vous l'avez fait dans un souci de justice, avec pour objectif d'équilibrer un système de retraite qui, dans la durée, aurait été déficitaire.

M. Patrick Kanner. Et les carrières longues ?

M. Olivier Véran, ministre délégué. Permettez-moi aussi de vous rappeler, madame la sénatrice, qu'à l'époque, lorsque vous faisiez partie du Gouvernement, un texte important, courageux et nécessaire pour l'économie de notre pays, a été adopté en ayant recours à l'article 49.3. Pour autant, vous n'avez pas alors démissionné du Gouvernement, pas plus que je n'ai quitté le groupe socialiste. (Exclamations sur les travées du groupe SER.) Vous avez sans doute la mémoire sélective, moi pas !

En écoutant votre question, j'ai l'impression que vous avez l'oreille sélective, madame la sénatrice, moi pas. Je dirais même l'oreille déformante, car jamais le Président de la République n'a comparé les manifestants à des factieux. (Protestations sur les travées des groupes SER, CRCE et GEST.)

Au contraire, il a clairement fait la distinction entre les manifestations démocratiques, dont il a salué l'organisation et la sécurisation par les organisations syndicales, et les groupes violents, qui viennent de l'ultragauche et cherchent à saccager nos villes. (Exclamations sur les travées des groupes SER, CRCE et GEST.)

Surtout, madame la sénatrice, nous venons du même bord.

M. Hussein Bourgi. Mais elle n'a pas trahi !

M. Olivier Véran, ministre délégué. Quand nous disons que nous allons augmenter les petits salaires, qui sont inférieurs du SMIC, vous devriez dire oui ! Quand nous disons que nous allons améliorer les fins de carrière pour les salariés, vous devriez dire oui ! Quand nous disons que nous allons lever une contribution exceptionnelle sur les grands groupes qui rachètent des actions, vous devriez dire oui !

M. le président. Il faut conclure !

M. Olivier Véran, ministre délégué. Et, quand nous proposons de mettre en formation les bénéficiaires du RSA qui sont loin de l'emploi, ou même de les employer, vous devriez applaudir avec nous, madame la sénatrice. C'est cela, avoir de la mémoire, du courage et de la conviction dans la continuité ! (Bravo ! et vifs applaudissements sur les travées du groupe RDPI et sur des travées du groupe UC. – Protestations sur les travées des groupes SER, CRCE et GEST.)

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