Question de M. LEVI Pierre-Antoine (Tarn-et-Garonne - UC) publiée le 23/03/2023

Question posée en séance publique le 22/03/2023

M. le président. La parole est à M. Pierre-Antoine Levi, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

M. Pierre-Antoine Levi. Monsieur le président, madame la Première ministre, messieurs les ministres, mes chers collègues, ma question s'adressait à M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, mais il est parti…

En mars 2022, le prix du baril de Brent oscillait entre 115 et 130 dollars, tandis que le prix à la pompe était élevé : le prix du litre de gazole était de 2,11 euros et celui d'un litre d'essence sans plomb de 2,06 euros en moyenne.

Douze mois plus tard, alors que le prix du baril de pétrole n'a jamais été aussi bas depuis quinze mois – il est de 75 dollars – et alors que l'euro remonte, le prix des carburants ne baisse pourtant quasiment pas, ou très peu.

M. Vincent Segouin. C'est vrai !

M. Pierre-Antoine Levi. Ces derniers jours, les prix à la pompe étaient toujours très élevés pour les automobilistes : le litre de gazole était à 1,82 euro et le litre d'essence sans plomb à 1,97 euro en moyenne.

Nul besoin d'être prix Nobel d'économie pour se rendre compte que lorsque le prix du baril est en hausse, les prix à la pompe augmentent très fortement, mais que lorsque le prix du baril baisse significativement, les prix à la pompe ne diminuent que très peu.

Monsieur le ministre, il est d'usage de faire des comparaisons avec nos voisins européens. Aussi, je me suis permis d'observer la situation dans quelques pays : en Allemagne, le sans plomb 95 est à 1,76 euro et le gazole à 1,73 euro ; en Belgique, ces prix sont respectivement de 1,65 euro et de 1,70 euro ; en Espagne, enfin, ils sont de 1,62 euro pour le sans plomb 95 et de 1,55 euro pour le gazole.

Comparaison n'est pas raison certes, mais comprenez que dans le contexte actuel de tensions économiques, sociales et maintenant politiques, nos concitoyens ont l'impression de ne pas payer le juste prix.

Nos concitoyens, c'est évident, ne réclament pas un nouveau chèque carburant ; ce qu'ils veulent, c'est une véritable baisse des prix à la pompe.

Monsieur le ministre, j'ai conscience que le prix des carburants est un mécanisme complexe. Il est temps cependant que les prix soient transparents et enfin cohérents avec les variations du prix du baril.

Ma question est donc la suivante : que compte faire le Gouvernement, à très court terme, pour que les prix à la pompe reflètent enfin de manière plus visible les cours du marché du pétrole ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC et sur des travées du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie publiée le 23/03/2023

Réponse apportée en séance publique le 22/03/2023

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé de l'industrie.

M. Roland Lescure, ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie. Monsieur le sénateur Levi, je vous prie tout d'abord de bien vouloir excuser l'absence du ministre Bruno Le Maire, qui m'a chargé de vous répondre. (Marques d'ironie sur les travées du groupe Les Républicains.)

Les mécanismes de répercussion du prix du baril sur les prix à la pompe sont complexes. Cette répercussion prend souvent un peu de temps (Exclamations sur les mêmes travées.) et reflète de manière incomplète la volatilité extrême qu'on observe sur les marchés.

Le prix du baril de Brent, vous l'avez dit, a connu la semaine dernière une très forte baisse, reflet essentiellement des incertitudes financières. Il fait le yo-yo au jour le jour, ce qui n'est pas le cas, il est vrai, des prix à la pompe, qui reflètent avec retard les évolutions à la hausse ou à la baisse des prix du baril.

Le taux de change entre l'euro et le dollar peut également avoir un impact positif ou négatif sur le prix à la pompe.

Je dois reconnaître que, ces derniers jours, les désorganisations dans les chaînes d'approvisionnement ont pu conduire les distributeurs à reconstituer des stocks de précaution, face à un certain nombre de conflits et de blocages qui ne facilitent pas les livraisons d'essence.

Cela étant, le prix de l'essence a baissé ces derniers jours. (Mme Vivette Lopez, ainsi que MM. François Bonhomme et Vincent Segouin s'exclament.) Les prix s'établissent plutôt autour de 1,90 euro pour le supercarburant sans plomb et de 1,80 euro pour le gazole.

M. François Bonhomme. Quand il y en a !

M. Roland Lescure, ministre délégué. J'espère bien, si le prix du baril continue de baisser, que celui de l'essence diminuera aussi.

Enfin, votre question est l'occasion de rappeler aux Françaises et aux Français que le Gouvernement a mis en place – à la suite d'un vote du Parlement d'ailleurs – un chèque de 100 euros, qui permet à 4 millions d'entre eux de bénéficier, d'ores et déjà, d'une facture réduite à la pompe.

M. Vincent Segouin. Ce n'est pas ce qu'on demande !

M. Roland Lescure, ministre délégué. J'engage celles et ceux qui n'ont pas encore réclamé ce chèque à se rendre sur le site impots.gouv.fr. Cela prend cinq minutes, c'est extrêmement simple et cela rapporte gros : 100 euros ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – Protestations sur les travées des groupes UC et Les Républicains.)

M. le président. La parole est à M. Pierre-Antoine Levi, pour la réplique.

M. Pierre-Antoine Levi. Monsieur le ministre, comme vous l'avez dit, quand le prix du baril monte, le prix de l'essence augmente fortement dès le lendemain ou le surlendemain. En revanche, quand les prix baissent, il faut attendre plusieurs semaines avant que cette baisse ne soit répercutée à la pompe. Ce n'est pas normal.

J'espère que le Gouvernement saura inciter à plus de transparence. (Applaudissements sur les travées du groupe UC et sur des travées du groupe Les Républicains.)

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