Question de Mme PHINERA-HORTH Marie-Laure (Guyane - RDPI) publiée le 30/03/2023

Question posée en séance publique le 29/03/2023

M. le président. La parole est à Mme Marie-Laure Phinera-Horth, pour le groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

Mme Marie-Laure Phinera-Horth. Monsieur le ministre de l'intérieur, samedi dernier, la Guyane s'est réveillée sous le choc : Arnaud Blanc, maréchal des logis-chef de l'antenne locale du groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), a été tué lors d'une opération de lutte contre l'orpaillage illégal. Nos pensées vont à sa famille et à ses proches, ainsi qu'à ses frères d'armes.

Ce drame intervient quelques jours après que des hommes armés de kalachnikovs ont braqué un autre site d'orpaillage et pris en otage le personnel, ainsi qu'un pilote d'hélicoptère.

Ces incidents sont les conséquences d'une forte augmentation de l'orpaillage illégal, mais aussi de la présence de factions en provenance du Brésil.

Nous ne sommes pas au bout de nos peines. En effet, depuis son investiture, le président Lula a déclaré la guerre à l'orpaillage clandestin au Brésil. Ainsi, près de 20 000 garimpeiros ont été chassés de la réserve Yanomani.

On estime à 5 000 le nombre d'orpailleurs illégaux qui pourraient ainsi rejoindre la Guyane et porter à 11 000 le contingent de chercheurs d'or illégaux sur notre territoire.

Pour ne rien arranger, sur les marchés internationaux, le cours de l'or ne cesse de s'envoler ces dernières semaines, rendant les sous-sols de la Guyane plus attrayants que jamais. Vous connaissez, monsieur le ministre, les enjeux environnementaux et sécuritaires auxquels est confrontée la Guyane.

En 2017, le Président de la République lui-même avait conditionné nos aides et nos relations diplomatiques avec le Brésil et le Surinam à une coopération policière et judiciaire contre l'orpaillage illégal. Six ans plus tard, et malgré les opérations Harpie, l'orpaillage illégal demeure un fléau hors de contrôle.

C'est pourquoi, monsieur le ministre, je souhaiterais connaître précisément les mesures que vous entendez prendre pour intensifier l'action de l'État en matière de lutte contre l'orpaillage illégal, préserver l'intégrité du territoire guyanais, protéger les populations guyanaises et préserver l'environnement. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur des travées du groupe UC. – M. Guillaume Chevrollier applaudit également.)

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Réponse du Ministère de l'intérieur et des outre-mer publiée le 30/03/2023

Réponse apportée en séance publique le 29/03/2023

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer.

M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur et des outre-mer. Madame la sénatrice, j'ai comme vous, au nom de la Première ministre et du Gouvernement, une pensée pour la famille et pour le sacrifice du maréchal des logis-chef Arnaud Blanc, un militaire du GIGN tout à fait expérimenté. Il a sans doute été assassiné – l'enquête nous le dira – par les trafiquants que vous dénoncez.

Permettez-moi également d'avoir une pensée pour les sapeurs-pompiers de Paris, qui subissent au moment où je vous parle un accident extrêmement grave de la route en Guyane, avec plusieurs blessés dont le pronostic vital est engagé. Je sais que je parle au nom de la représentation nationale en leur rendant hommage en cet instant devant vous.

Madame la sénatrice, la lutte de la France contre l'orpaillage illégal est une lutte pour la souveraineté, contre les trafics en tout genre et contre l'insécurité qui touche nos compatriotes guyanais.

Vous l'avez souligné, ces bandes armées qui pillent le sol de la Guyane, qui polluent – la protection de l'environnement est également en jeu – et qui revendent le produit de leur trafic dans toutes les villes de Guyane, et pas simplement à Cayenne, sont à l'origine de l'augmentation des homicides et des tentatives d'homicide que votre collectivité connaît depuis trop longtemps.

Le Gouvernement a augmenté les moyens alloués à votre territoire : 250 policiers et gendarmes ont été envoyés en Guyane depuis six ans. L'opération civilomilitaire Harpie, imaginée en 2008, qui implique non seulement la gendarmerie nationale, mais également l'armée – je parle aussi au nom de Sébastien Lecornu –, a été renouvelée par le président Hollande, puis par le président Macron en 2018.

Nous réfléchissons, autour de la Première ministre, à un renforcement des moyens, notamment militaires, dans le cadre de la loi de programmation militaire qui vous sera bientôt présentée, afin de mieux prendre en compte le nouveau deal brésilien, de mieux protéger la plus grande frontière française avec un pays étranger, à savoir le Brésil, et évidemment de mieux protéger la forêt amazonienne face aux difficultés que nous connaissons.

Le sacrifice de ce militaire du GIGN ne sera pas vain. Comme tous ses camarades, il était un soldat de la protection de nos frontières et de nos compatriotes guyanais.

Pour les militaires du GIGN, il s'agit non pas seulement de défendre la forêt amazonienne, ce qui est déjà beaucoup, mais aussi de protéger les Guyanais des règlements de compte extrêmement nombreux qui ont lieu sur ce territoire depuis de trop nombreux mois. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – Mme Anne-Catherine Loisier applaudit également.)

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