Question de M. ALLIZARD Pascal (Calvados - Les Républicains) publiée le 23/03/2023

M. Pascal Allizard attire l'attention de M. le ministre de la santé et de la prévention à propos de la hausse des prescriptions de psychotropes aux enfants.
Il rappelle le mal être d'un certain nombre d'enfants et de jeunes qui conduit à la dépression ou à des troubles psychologiques. L'usage intense des réseaux sociaux, les défaillances parentales sont parfois à l'origine des troubles.
Ce contexte conduit à une hausse de la prescription d'antipsychotiques, d'antidépresseurs ou encore d'anxiolytiques, aux publics les plus jeunes.
La consommation de ces produits aurait doublé en dix ans. La France compte ainsi parmi les pays les plus prescripteurs d'Europe.
Or ces médicaments ont des effets secondaires et ne sont pas toujours adaptés aux enfants.
Enfin, les professionnels de santé et les familles constatent un manque de moyens en pédopsychiatrie et une diminution du nombre de pédopsychiatres.
Par conséquent, il souhaite connaitre les mesures que le Gouvernement entend mettre en place pour faire face à cette situation inquiétante.

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Transmise au Ministère de la santé et de la prévention


Réponse du Ministère de la santé et de la prévention publiée le 28/09/2023

La promotion du bien-être mental et la prévention des troubles psychiques chez les plus jeunes sont des enjeux majeurs de santé mentale. Le Gouvernement est mobilisé de longue date pour inscrire la santé mentale des enfants et des jeunes comme une priorité de sa politique de santé. Dès juin 2018, et en cohérence avec les objectifs de la stratégie nationale de santé, le Gouvernement a adopté une Feuille de route santé mentale et psychiatrie organisée autour de trois axes : la prévention, le parcours de soins et l'insertion sociale. Forte déjà de 37 actions concrètes, elle a été encore enrichie en 2020 par des mesures complémentaires du Ségur de la santé, et en 2021 par les 30 mesures issues des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, avec de nombreuses actions ciblant les enfants et les jeunes. Au sein de cette feuille de route, la prévention du suicide est une des priorités du ministère de la santé et de la prévention. La stratégie nationale de prévention du suicide, décrite dans le cadre de l'instruction du 10 septembre 2019 et actualisée par l'instruction du 6 juillet 2022, vise à mettre en oeuvre de façon coordonnée dans les territoires un ensemble d'actions intégrées : maintien du contact avec les personnes ayant fait une tentative de suicide via le déploiement du dispositif VigilanS, formation d'intervenants en prévention du suicide, accès au numéro national de prévention du suicide, le 3114… Cette stratégie a été récemment renforcée avec des actions visant à généraliser la prise en charge des mineurs par les centres VigilanS, à expérimenter le programme de recherche « Equipe en Ligne d'Intervention et d'Orientation pour les Adolescents et les jeunes adultes en Souffrance » qui prévoit l'intervention de web-cliniciens formés à la prévention du suicide directement sur les réseaux sociaux pour venir en aide aux jeunes en proie à des idées suicidaires, et à adosser un tchat au 3114 afin d'en faciliter l'accès à ce public. Parmi les autres actions prioritaires du Gouvernement en faveur de la santé mentale des enfants et des jeunes figurent : - le lancement de la stratégie multisectorielle de développement des compétences psychosociales chez les enfants et les jeunes 2022-2037, publiée en août 2022 et signée par neuf départements ministériels. Cette stratégie fixe un objectif générationnel : que les enfants nés en 2037 soient la première génération à grandir dans un environnement continu de soutien au développement des compétences psycho-sociales. Elle définit pour les 15 prochaines années un cadre commun à tous les secteurs, incluant les étapes et les moyens à mobiliser, et prévoit une déclinaison opérationnelle au travers de feuilles de routes pour chaque secteur par période de 5 ans ; - le remboursement par l'Assurance maladie d'une prestation d'accompagnement psychologique réalisée par un psychologue en ville. Ce dispositif, MonSoutienPsy, s'adresse à toute la population dès l'âge de 3 ans, pour prendre en charge des troubles psychiques d'intensité légère à modérée, sur orientation médicale ; - des campagnes de communication sur la santé mentale ciblant spécifiquement les jeunes. Afin de libérer la parole en matière de santé mentale et de lutter contre la stigmatisation des troubles psychiques, Santé publique France a lancé en 2021 puis reconduit en 2022 une campagne de communication et d'information pour les jeunes de 11-17 ans : #JEnParleA. Une action d'affichage a également été organisée au printemps 2022 au sein des établissements d'enseignement ; - le renforcement de l'offre en maisons des adolescents, avec l'objectif d'en implanter au minimum une par département ; - le déploiement du secourisme en santé mentale, notamment en milieu étudiant. Conçu sur le modèle des gestes qui sauvent, il permet de repérer une personne en détresse psychologique et de l'orienter vers des ressources adaptées ; - le renforcement des maisons des adolescents : ces lieux ressources sur la santé et le bien être des jeunes, dont le rôle a été mis en exergue par la crise sanitaire, bénéficient de crédits supplémentaires à hauteur de 10,5 Meuros sur 2022-2023 ; - le renforcement des centres médico-psychologiques (CMP) adultes et des CMP de l'enfant et de l'adolescent : principal acteur de la psychiatrie de secteur et de la prise en charge de proximité, ces structures font face depuis plusieurs années à une demande de soins croissante et à des délais d'attente qui s'allongent. Elles bénéficient d'un renfort de moyens à hauteur de 8 Meuros par an pour les adultes et 8 Meuros pour les enfants et les adolescents pendant 3 ans (2022 à 2024) afin de faciliter les premiers rendez-vous par un personnel non médical et ainsi réduire les délais d'attente ; - le renforcement des moyens dédiés à la prise en charge du psychotraumatisme, particulièrement pour la prise en charge des mineurs victimes de violences (+ 3,5 Meuros sur 2022-2023) ; Sur le volet des ressources humaines, le Gouvernement est bien conscient des difficultés rencontrées dans certains territoires. Des signaux encourageants sont néanmoins à noter : le pourcentage des postes non choisis par les étudiants en psychiatrie est passé de 17,5 % en 2019 (531 postes ouverts aux épreuves classantes nationales (ECN) pour 438 postes pourvus) à 6 % en 2022 (539 postes ouverts aux ECN pour 505 postes pourvus), en lien avec la réforme de la maquette de formation. Compte tenu de la priorité accordée par le gouvernement à ce sujet, ces mesures seront complétées dans le cadre des assises de la santé de l'enfant et de la pédiatrie, qui se tiendront à l'automne 2023.

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