Question de Mme FÉRET Corinne (Calvados - SER) publiée le 06/04/2023

Question posée en séance publique le 05/04/2023

M. le président. La parole est à Mme Corinne Féret, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

Mme Corinne Féret. Monsieur le ministre, injuste, injustifiable, imposée, votre réforme des retraites doit être retirée ! (Applaudissements sur les travées du groupe SER. Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Demain, pour la onzième journée de mobilisation, des centaines de milliers de Français défileront partout dans le pays pour exprimer, une fois encore, leur colère et leur opposition à cette réforme.

Après deux mois d'un mouvement social exemplaire et inédit depuis cinquante ans, très largement soutenu par la population, et un parcours parlementaire qui s'est achevé par l'application de l'article 49, alinéa 3, de la Constitution, l'absence de réponse de l'exécutif a conduit à une situation de tension extrême dans le pays.

Alors qu'il aurait fallu jouer la carte du dialogue social et de l'apaisement, vous avez opté pour le mépris, laissant sans réponse, pendant un mois, la demande que l'intersyndicale, désireuse d'être reçue en urgence, avait adressée au Président de la République. Ce silence, comme tout ce que vous avez fait pendant des semaines pour empêcher un vrai débat parlementaire, en dit long sur votre conception de la démocratie sociale.

Alors que les Français sont toujours plus nombreux à comprendre que vous avez essayé de les berner, Mme la Première ministre a daigné, enfin, ce matin, recevoir l'intersyndicale. Ce fut, de toute évidence, un échec.

Ne voyez-vous pas que le pays s'enfonce dans une grave crise démocratique ? Quand allez-vous entendre la colère qui s'exprime ? Quand allez-vous retirer cette réforme ? (Applaudissements sur les travées des groupes SER, CRCE et GEST.)

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Réponse du Ministère du travail, du plein emploi et de l'insertion publiée le 06/04/2023

Réponse apportée en séance publique le 05/04/2023

M. le président. La parole est à M. le ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion.

M. Olivier Dussopt, ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion. Madame la sénatrice, j'ai déjà répondu à Mme la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann en indiquant combien la rencontre de ce matin était importante à nos yeux, combien nous sommes heureux qu'elle ait pu se tenir dans un état d'esprit respectueux et combien Mme la Première ministre et moi-même sommes prêts à avoir un dialogue social le plus productif possible sur tous les sujets évoqués, au-delà de celui de la réforme des retraites.

M. Hussein Bourgi. C'est un grand succès ! (Sourires sur les travées du groupe SER.)

M. Olivier Dussopt, ministre. Madame la sénatrice, vous dites qu'il faudrait retirer la réforme.

Or retirer la réforme signifierait laisser les déficits s'accumuler. (Protestations sur les travées du groupe SER.)

M. David Assouline. Cela ne passe plus !

M. Olivier Dussopt, ministre. Il n'y a que vous qui puissiez imaginer, peut-être une seconde, que lorsqu'une réforme est mise en pause, les déficits le sont également. Il n'y a que vous qui puissiez imaginer que, si nous ne faisons pas cette réforme aujourd'hui, les marches seront plus faciles à gravir dans deux, trois ou quatre ans.

Ne pas faire cette réforme, madame la sénatrice, signifie, en se fondant sur le seul rapport du Conseil d'orientation des retraites, un déficit qui s'accumule et des pensions de retraite qui décrochent par rapport au niveau de vie moyen des Français.

Nous ne souhaitons pas l'appauvrissement des retraités et nous ne souhaitons pas que le système soit englouti sous les déficits.

C'est pourquoi nous agissons, et ce d'autant plus que chacune des solutions de substitution qui nous a été proposée, comme chacune des contre-propositions qui a été formulée, y compris celles que vous avez portées,...

M. David Assouline. Le disque est rayé !

M. Olivier Dussopt, ministre. ... se serait traduite par une perte de pouvoir d'achat pour les actifs, par une augmentation des cotisations, par une dégradation de la compétitivité et par une perte d'emplois, ou par le creusement d'un déficit qui aurait porté sur les générations ultérieures. (Protestations sur des travées des groupes SER, CRCE et GEST.)

J'ai le souvenir, mesdames, messieurs les sénateurs du groupe socialiste, d'un esprit de responsabilité qui existait en 2013,...

M. David Assouline. Cela n'a rien à voir !

M. Olivier Dussopt, ministre. ... lorsque l'allongement de la durée de cotisation a été voté, allongement que vous osez nous reprocher aujourd'hui.

Je l'ai voté en responsabilité, et vous aussi. Cet esprit de responsabilité vous a désormais échappé ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à Mme Corinne Féret, pour la réplique.

Mme Corinne Féret. Arrêtez, monsieur le ministre, de vouloir noyer le poisson ! Arrêtez avec les contrevérités, cela suffit ! Les Français en ont assez. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Vous avez fait le choix d'accentuer la crise démocratique et sociale, et nous n'avons aucune leçon à recevoir de vous. La sagesse aurait été d'écouter les Français. On ne peut pas mettre les gens autour de la table et annoncer d'emblée que l'on continue à faire comme si de rien n'était. Le dialogue social ne fonctionne pas ainsi !

Encourager les fractures et les tensions dans un pays au bord de l'implosion ne peut que mener au pire. Plus que jamais, il importe d'entendre et même de consulter les Français. Nous avons proposé d'organiser un référendum d'initiative populaire.

M. le président. Il faut conclure !

Mme Corinne Féret. Donner la parole au peuple serait véritablement une voie d'apaisement ! (Applaudissements sur les travées des groupes SER, CRCE et GEST.)

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