Question de M. CIGOLOTTI Olivier (Haute-Loire - UC) publiée le 13/04/2023

Question posée en séance publique le 12/04/2023

M. le président. La parole est à M. Olivier Cigolotti, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC, ainsi que sur des travées des groupes INDEP et Les Républicains.)

M. Olivier Cigolotti. Monsieur le président, madame la Première ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, « La pire des choses serait de penser que nous, Européens, devrions être suivistes sur [le] sujet [de Taïwan] et nous adapter au rythme américain et à une surréaction chinoise ». Ces propos du Président de la République, à la suite de sa visite d'État en Chine, ont suscité un tollé international à la veille de manoeuvres chinoises sans précédent.

Alors que les tensions sont maximales en ce qui concerne l'autonomie de l'île à l'égard de la Chine, nous regrettons ces propos maladroits, voire tout à fait dommageables, du chef de l'État.

En affirmant que l'Europe doit incarner une troisième voie entre les États-Unis et la Chine, il a rendu notre positionnement diplomatique plus flou que jamais et illustré un « en même temps » qui, à l'évidence, n'est pas partagé par l'ensemble des pays européens, certains d'entre eux ayant fait le choix d'un partenariat américain en matière de protection ou de dissuasion.

On peut s'interroger sur l'opportunité d'une telle déclaration à l'heure du conflit en Ukraine. En effet, nombreux sont les pays qui comptent sur la collaboration renforcée entre Bruxelles et Washington pour faire cesser cette guerre. Cette polyphonie ne peut que nous affaiblir !

Madame la Première ministre, ma question est donc double : la France va-t-elle lever toute ambiguïté sur sa position concernant Taïwan ? Et comment l'exécutif entend-il concrètement faire avancer l'idée d'autonomie européenne sans remettre en cause notre partenariat privilégié avec notre allié américain ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC, ainsi que sur des travées des groupes Les Républicains, INDEP, RDSE et SER. M. André Gattolin applaudit également.)

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Réponse du Ministère auprès de la Première ministre, chargé du renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement publiée le 13/04/2023

Réponse apportée en séance publique le 12/04/2023

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé du renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement.

M. Olivier Véran, ministre délégué auprès de la Première ministre, chargé du renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le sénateur Olivier Cigolotti, je vous prie tout d'abord de bien vouloir excuser l'absence de Mme Catherine Colonna, qui se trouve aux côtés du Président de la République, en visite d'État aux Pays-Bas.

La position de la France concernant la situation en Asie est constante.

L'Union européenne doit défendre ses propres intérêts. C'est légitime, et il ne viendrait à personne l'idée de le contester. Le Président de la République l'a toujours dit : nous ne sommes pas à équidistance de Washington et de Pékin, nous partageons des valeurs. La relation avec Pékin s'inscrit dans un cadre européen très clair depuis 2019 : partenariat, concurrence économique et rivalité systémique. Nous voulons éviter une logique de confrontation bloc contre bloc.

En ce qui concerne Taïwan, nous sommes opposés à toute modification unilatérale du statu quo, a fortiori par la force. C'est une position claire et constante de la France.

Dans le cadre de notre politique d'« une seule Chine », nous avons d'importantes coopérations avec Taïwan dans de nombreux domaines, et nous nous y tenons.

Face aux défis qui se posent dans cette région, les Européens doivent aussi défendre leurs intérêts économiques de manière indépendante. Ils l'ont fait en développant des instruments de défense commerciale, précisément sur l'initiative de la France. C'est aussi le sens du de-risking, qui vise à diversifier nos sources d'approvisionnement.

Au cours de son déplacement, le Président de la République a dit très clairement les choses au président Xi Jinping sur tous les sujets, dans le cadre d'un dialogue exigeant et franc, assez éloigné des polémiques.

M. Michel Savin. Eh bien, c'était laborieux !

M. le président. La parole est à M. Olivier Cigolotti, pour la réplique.

M. Olivier Cigolotti. Je vous remercie, monsieur le ministre, de ces éléments. Toutefois, de l'Ukraine à Taïwan, nos alliés ne peuvent que s'interroger sur la stratégie internationale de la France.

J'entends que le Président de la République veuille faire de la souveraineté européenne une priorité. Erreur d'analyse ou faute tactique, peut-être... Ses propos à son retour de Chine restent, pour autant, un magnifique cadeau diplomatique offert au président Xi Jinping. (Applaudissements sur les travées du groupe UC, ainsi que sur des travées des groupes Les Républicains, INDEP, RDSE, SER et CRCE.)

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