Question de M. MASSON Jean Louis (Moselle - NI) publiée le 13/04/2023

M. Jean Louis Masson attire l'attention de M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer sur le fait que par le passé, le financement public de l'État aux partis politiques était attribué par décret, en général au cours du premier trimestre de l'année concernée. Ce délai était plus ou moins respecté, y compris au lendemain des élections législatives, l'existence de contentieux électoraux n'étant le cas échéant, pris en compte que pour les attributions ultérieures. Une pratique relativement récente tend cependant à attendre que tous les contentieux électoraux soient soldés. Cela retarde alors le versement des dotations financières jusqu'à la fin de l'année en cause car il arrive souvent que des contentieux tranchés par une annulation conduisent à une nouvelle élection qui elle-même est à nouveau l'objet d'une contestation. Or les partis politiques rencontrent des difficultés croissantes pour souscrire des emprunts relais auprès des banques, ce qui est très pénalisant, surtout en période d'inflation. Il lui demande donc s'il serait possible de revenir aux pratiques antérieures. Il lui demande également quelles furent les dates des décrets d'attribution des aides publiques chaque année suivant des élections législatives depuis 1993.

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Réponse du Ministère de l'intérieur et des outre-mer publiée le 03/08/2023

La loi n° 88-227 du 11 mars 1988 modifiée relative à la transparence financière de la vie politique fixe les modalités d'attribution et de versement de l'aide publique aux partis. Seuls y sont éligibles les partis et groupements politiques qui ont présenté, lors du plus récent renouvellement général de l'Assemblée nationale, des candidats ayant chacun obtenu au moins 1 % des suffrages exprimés dans au moins cinquante circonscriptions, avec un régime d'éligibilité spécifique pour les partis politiques n'ayant présenté des candidats qu'en outre-mer. Le calcul de l'aide publique est ainsi déterminé à chaque début de mandature pour cinq ans. Aux termes de la loi précitée, sont pris en compte les suffrages obtenus au premier tour par les candidats lors du plus récent renouvellement général de l'Assemblée nationale, déduction faite « des suffrages obtenus par les candidats déclarés inéligibles au titre de l'article L.O. 128 du code électoral ». Dès lors, cette contrainte suspend le calcul de l'aide publique au rendu de la totalité des décisions relatives aux comptes de campagne des candidats aux élections législatives par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), puis à l'apurement des recours contentieux afférents par le Conseil constitutionnel. Le décret de répartition de l'aide publique ne peut être publié qu'à l'issue. Le tableau ci-après récapitule les dates de publication des décrets de répartition de l'aide publique suivant les élections législatives depuis 1993 :


Elections législatives

Décret

Date de publication

au JORF

Délai

21 et 28 mars 1993

Décret n° 94-190 du 4 mars 1994

05/03/1994

341 jours

25 mai et 1er juin 1997

Décret n° 98-253 du 3 avril 1998

04/04/1998

306 jours

9 et 6 juin 2002

Décret n°2003-412 du 6 mai 2003

07/05/2003

334 jours

10 et 17 juin 2007

Décret n° 2008-465 du 15 mai 2008

20/05/2008

333 jours

10 et 17 juin 2012

Décret n° 2013-430 du 27 mai 2013

28/05/2013

352 jours

11 et 18 juin 2017

Décret n° 2018-877 du 11 octobre 2018

12/10/2018

481 jours Versement d'une avance à 350 jours

12 et 19 juin 2022

Décret n° 2023-585 du 11 juillet 2023

12/07/2023

387 jours
Conformément à leurs visas, tous ces décrets, qui arrêtent la répartition définitive de l'aide publique suivant le renouvellement général de l'Assemblée nationale, ont été signés et publiés une fois rendu l'ensemble des décisions du Conseil constitutionnel sur les comptes de campagne des candidats. Pour les élections législatives de 1993, ces recours contentieux ont été apurés entre le 26 mai et le 17 décembre 1993 (648 saisines) ; pour celles de 1997, les décisions ont été rendues entre le 28 octobre 1997 et le 19 mars 1998 (278 saisines) ; pour celles de 2002, entre le 31 octobre 2002 et le 9 avril 2003 (601 saisines) ; pour celles de 2007, entre le 17 janvier 2008 et le 17 avril 2008 (507 saisines) ; pour celles de 2012, entre le 25 janvier 2013 et le 24 mai 2013 (238 saisines) ; pour celles de 2017, entre le 4 mai 2018 et le 5 octobre 2018 (368 saisines) ; pour celles de 2022, entre le 10 mars 2023 et le 7 juillet 2023 (430 saisines).

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