Question de M. KANNER Patrick (Nord - SER) publiée le 27/04/2023

M. Patrick Kanner attire l'attention de M. le ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé des transports à propos de la modernisation et de l'extension de l'aéroport de Lille- Lesquin.

Il a été interpellé sur la situation par le maire de la commune de Bouvines, premier vice-président de la métropole européenne de Lille, inquiet de voir la qualité de vie de ses concitoyens et l'attractivité de sa commune dégradée par l'extension de l'aéroport.

Quinzième aéroport de France en nombre de mouvements commerciaux en 2021, sa mise en conformité avec les normes de sécurité et de sureté européennes est incontestablement nécessaire pour garantir un bon accueil des usagers et des marchandises. Si la modernisation de l'aéroport fait consensus, son extension est sujette à de vives contestations de la part des 55 000 riverains et élus des communes environnantes (l'enquête publique menée par la préfecture du Nord entre le 10 janvier 2022 et le 14 février 2022 montre que 90 % des 1 400 citoyens enquêtés sont défavorables au projet). Le doublement du trafic avec un passage à 3,9 millions de passagers en 2039, soit une augmentation totale du nombre de mouvements évaluée par Aéroport de Lille à + 12 % sur 20 ans, engendre de nombreuses inquiétudes sur des sujets comme les nuisances sonores (diurnes et nocturnes), la pollution de l'air (avec le rejet de CO2), et l'artificialisation des sols (imperméabilisation de 17 hectares). Ces inquiétudes ne sont pas sans fondement. L'avis rendu en janvier 2021 par l'autorité environnementale (AE) au sujet de la dégradation de la qualité de l'air et le rapport publié par l'agence régionale de santé (ARS) sur les nuisances sonores sont sans appel et viennent confirmer ces inquiétudes. Ce projet est d'autant plus préoccupant lorsque l'on prend en considération que le département du Nord occupe la seconde place en matière de pollution en France et présente le taux de cancer le plus élevé dans le pays.

La demande des élus et des riverains n'est pas d'abandonner le projet mais bien de limiter son impact sur leur vie quotidienne. Afin de préserver le sommeil et la santé tant morale que physique des habitants, et pour limiter au mieux les nuisances sonores - nuisances qui peuvent provoquer des troubles du sommeil, des risques d'infarctus du myocarde et des dépressions - l'idée d'un couvre-feu d'au moins 7 heures consécutives (23h à 6h) a été imaginée (et même recommandée par l'ARS). Pour rappel, la surexposition au bruit est aujourd'hui un problème de santé publique qui a un coût social annuel de 150 milliards d'euros selon l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME). Le couvre-feu permettrait un développement de l'aéroport tout en sauvegardant le bien-être de la population.

Enfin, au regard des engagements du Président de la République française de donner un vrai tournant écologique à son mandat et d'accroitre la part du ferroviaire en France, entreprendre un tel projet semble contradictoire, étant donné que le secteur aérien est responsable de 5,3 % des émissions totales de la France en 2019.

Dans une période de crise énergétique, il semble incohérent de privilégier le développement des transports aériens, surtout lorsque l'on sait que la métropole européenne de Lille est facilement accessible en TGV depuis de grandes villes européennes telles que Bruxelles en seulement 30 minutes, Londres en 2 heures, et Paris en une heure. Il est essentiel que les décisions d'investissement en matière d'infrastructures de transport soient prises avec une vision ambitieuse de la transition écologique et une volonté de maintenir la qualité de vie des résidents.

Ainsi, face à la situation particulière du territoire lillois et à l'état actuel du pays, touché par une crise écologique sans précédent, il lui pose la question de savoir si l'État est disposé à revoir sa position.

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Transmise au Ministère auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé des transports


En attente de réponse du Ministère auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé des transports.

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