Question de M. MALHURET Claude (Allier - Les Indépendants) publiée le 04/05/2023

Question posée en séance publique le 03/05/2023

M. le président. La parole est à M. Claude Malhuret, pour le groupe Les Indépendants République et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP.)

M. Claude Malhuret. Après l'incendie des cars de gendarmerie il y a un mois à Sainte-Soline, le 1er mai, à Paris, ce sont les policiers eux-mêmes qui ont été transformés en torches vivantes. Semaine après semaine, l'ultragauche et les Black Blocs programment l'escalade, avec l'insurrection pour objectif.

Balayée la réforme des retraites, le guide suprême de la France soumise à Poutine, vêtu d'un manteau de cuir qui aurait fait fureur dans les années 1930 (Sourires sur les travées des groupes INDEP, UC et Les Républicains.), nous a expliqué lundi, avec les gestes de la main et du menton en vogue à l'époque, qu'il fallait « mettre à bas la mauvaise République ».

Ce n'est pas un énième dérapage verbal.

Hier, à l'Assemblée nationale, l'un de ses sous-fifres s'est chargé de l'exégèse lors des questions d'actualité au Gouvernement. Il commence en s'adressant à vous, madame la Première ministre : « Policiers brûlés, les coupables, c'est vous ! » Il continue : « La Ve République permet d'agir sans le peuple et, contre lui, elle n'est plus légitime. À bas Macron et la mauvaise République. Vive la Constituante et la VIe République. Le 14 juillet, vous aurez votre prise de la Bastille. »

Cette névrose obsessionnelle de se croire chaque jour le 13 juillet 1789, comme d'autres se prennent pour Napoléon, pourrait sembler ne mériter qu'une consultation à Sainte-Anne. (Exclamations amusées et applaudissements sur les travées des groupes INDEP, UC et Les Républicains.) Méfions-nous, pourtant : les émeutes et parfois même les insurrections ont souvent été déclenchées par des dingues, et je conseille à ceux qui ne l'ont pas encore fait de se documenter sur la VIe République que nous propose la France irrécupérable. La Ve serait vite regrettée comme un modèle de démocratie.

Cette tenaille entre les violences dans la rue et la « zadisation » de l'Assemblée nationale, qui dure depuis des mois, est en train peu à peu de saper la confiance des Français dans leurs institutions et de dissoudre lentement le respect pour l'ordre républicain.

Dans ce contexte, je veux rendre hommage au jeune policier de 27 ans brûlé avant-hier et toujours hospitalisé, mais aussi aux 405 membres des forces de l'ordre blessés ce jour-là et aux 1 083 blessés depuis le début de l'année en accomplissant leur mission. Ma question est la suivante : comment adapter notre arsenal juridique pour mieux protéger nos forces de l'ordre face aux voyous organisés parasitant désormais toutes les manifestations avec pour seul but de casser du flic ? (Applaudissements sur les travées des groupes INDEP, RDPI, UC et Les Républicains.)

M. Marc-Philippe Daubresse. Bravo !

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Réponse du Première ministre publiée le 04/05/2023

Réponse apportée en séance publique le 03/05/2023

M. le président. La parole est à Mme la Première ministre.

Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Mesdames, messieurs les sénateurs, monsieur le président Claude Malhuret, lundi, à l'occasion de la Journée internationale des travailleurs, de nombreuses manifestations ont eu lieu dans notre pays. Dans la très grande majorité des villes, grâce à la responsabilité des organisations syndicales et à l'engagement des préfets et des forces de l'ordre, les cortèges ont pu défiler sans heurts et les idées s'exprimer pacifiquement.

Malheureusement, vous l'avez souligné, monsieur le président, une fois de plus, dans plusieurs villes comme Paris, Lyon, Nantes ou Rennes, des casseurs décidés à en découdre avec les forces de l'ordre se sont infiltrés dans les cortèges et ont provoqué des violences parfois très graves.

En disant ces mots, je pense aux commerçants, aux élus, aux habitants, qui ont découvert hier matin les lourds dégâts sur leurs vitrines, leur mobilier urbain ou leurs voitures.

Je pense aux manifestants que ces casseurs mettent en danger sans hésiter.

Je pense aux parlementaires dont les domiciles ont été visés, aux militants dont certains ont été pris à partie.

Je pense enfin, et bien sûr, à nos forces de l'ordre attaquées dans plusieurs villes dans un déchaînement de violence. Plus de 400 policiers et gendarmes ont été blessés lundi dernier, certains gravement. La France entière a été choquée par les images du policier grièvement blessé par un cocktail Molotov.

Je veux dire aux policiers et aux gendarmes ma solidarité et mon soutien, celui de mon gouvernement et, je n'en doute pas, celui de tous les élus dans cet hémicycle. Je le répète devant vous : les auteurs de ces exactions doivent être identifiés et traduits en justice.

Aujourd'hui, certains continuent à mettre en cause les forces de l'ordre, à excuser les casseurs, à occulter les violences. C'est l'honneur de nos policiers et de nos gendarmes de protéger la liberté d'expression, la liberté de manifester. Nous sommes et nous resterons à leurs côtés. Toutes les mesures susceptibles de renforcer leur protection dans le respect des libertés publiques seront étudiées.

Monsieur le président, vous évoquez également les nouvelles outrances du leader de La France insoumise. Celles-ci s'inscrivent dans une remise en cause permanente de nos institutions. Elles sont une nouvelle étape pour saper la confiance de nos concitoyens dans notre démocratie. « À bas la mauvaise République », dit-il. Chacun le sait bien, pour Jean-Luc Mélenchon, la seule bonne République, c'est lui. Pour notre part, nous sommes et nous resterons du côté de la République et de l'ordre républicain. (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI, INDEP, RDSE et UC, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains.)

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