Question de Mme de MARCO Monique (Gironde - GEST) publiée le 11/05/2023

Question posée en séance publique le 10/05/2023

M. le président. La parole est à Mme Monique de Marco, pour le groupe Écologiste Solidarité et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST. Mme Esther Benbassa applaudit également.)

Mme Monique de Marco. La réforme des lycées professionnels concerne un tiers des lycéens de notre pays.

Jeudi dernier, à Saintes, le Président de la République a présenté les détails de ce qu'il souhaite mettre en place : allongement de la durée des stages aux dépens des heures d'enseignements généraux, définition des formations par des « partenaires » et des entreprises, orientation des élèves vers les métiers en tension. Cela rejoint les propositions que vous portez depuis l'automne, madame la ministre.

La concertation n'a pas fait évoluer les grandes lignes de la réforme. Seules nouveautés : des revalorisations inconditionnelles destinées à apaiser les enseignants mobilisés contre vos propositions ont été annoncées, ainsi que le glissement vers l'apprentissage, avec la rémunération des élèves, à la charge de l'État et non pas des entreprises, entre 50 euros et 100 euros par semaine.

Beaucoup craignent aujourd'hui un rattachement pur et simple de la voie professionnelle au ministère du travail, ce qui constituerait une régression totale au regard de la mission émancipatrice du lycée.

Madame la ministre, quand assumerez-vous la contradiction, en débattant point par point devant le Parlement du contenu de cette réforme ? (Applaudissements sur les travées du groupe GEST. Mmes Esther Benbassa et Émilienne Poumirol applaudissent également.)

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Réponse du Ministère auprès du ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion et du ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, chargé de l'enseignement et de la formation professionnels publiée le 11/05/2023

Réponse apportée en séance publique le 10/05/2023

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de l'enseignement et de la formation professionnels.

Mme Carole Grandjean, ministre déléguée auprès du ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion et du ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, chargée de l'enseignement et de la formation professionnels. Madame la sénatrice de Marco, nul ne peut ici se satisfaire d'un statu quo, les échecs des jeunes dans les lycées professionnels étant trop nombreux. Je pense aux décrochages et aux difficultés d'insertion dans l'emploi ou lors de la poursuite d'études. Notre objectif est donc clair : zéro décrochage et un taux d'insertion de 100 %.

D'ailleurs, en 2022, le programme des écologistes prévoyait un enseignement professionnel placé au coeur de la transition écologique. Bonne nouvelle : avec cette réforme, c'est ce que nous faisons !

Nous voulons former les jeunes aux métiers qui leur ouvrent des perspectives dans le cadre des grandes transitions, que ce soit dans les secteurs de l'énergie, de l'alimentation, des mobilités douces ou du numérique, grâce à un investissement massif. Ainsi, plus d'un milliard d'euros supplémentaires par an seront affectés aux lycées professionnels. Ces crédits viendront s'ajouter au maintien des effectifs des professeurs de lycée professionnel à la rentrée prochaine, aux 400 équivalents temps plein qui renforceront les équipes des conseillers principaux d'éducation, des infirmiers et des autres personnels éducatifs, aux projets du Conseil national de la refondation (CNR) Éducation et aux investissements prévus dans le cadre du plan France 2030, notamment dans les plateaux techniques.

Dès la rentrée 2023, plus de 1 000 places seront ouvertes dans les nouvelles formations d'avenir. Dans votre territoire, madame la sénatrice, des formations supplémentaires en cybersécurité ou en biologie spécialisée seront mises en place.

Non, madame la sénatrice, le lycée professionnel n'a pas à apporter une réponse immédiate aux entreprises. Au travers de cette réforme, nous préparons l'avenir de ces jeunes, mais aussi les compétences dont notre pays aura besoin dans le futur.

Pour une réponse de plus court terme, d'autres dispositifs existent et sont déjà en vigueur, tels que le plan d'investissement dans les compétences, le compte personnel de formation (CPF), la validation des acquis de l'expérience (VAE), les plans de développement personnel.

Le Gouvernement souhaite donc faire du lycée professionnel une voie de choix, reconnue par tous et permettant la réussite des jeunes. (Applaudissements sur des travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à Mme Monique de Marco, pour la réplique.

Mme Monique de Marco. Madame la ministre, nous sommes vraiment loin du programme des écologistes ! Vous proposez d'augmenter la durée des stages au détriment des enseignements généraux, ce qui revient, à nos yeux, à accroître les inégalités entre la voie générale et les voies professionnelles.

Valoriser les stages en entreprise, c'est nier la force d'un enseignement associant formation générale et professionnelle.

Adapter les formations aux bassins d'emploi, c'est renforcer les inégalités territoriales, en rendant les lycées dépendants du tissu économique local.

Cette réforme mérite selon nous une loi spécifique et un véritable débat parlementaire. Nos lycéens valent mieux que la voie réglementaire ! (Applaudissements sur les travées du groupe GEST. Mme Émilienne Poumirol applaudit également.)

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