Question de M. TABAROT Philippe (Alpes-Maritimes - Les Républicains) publiée le 11/05/2023

Question posée en séance publique le 10/05/2023

M. le président. La parole est à M. Philippe Tabarot, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Philippe Tabarot. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

Je suis l'heureux papa d'un garçon qui fera sa rentrée en CE1 au mois de septembre prochain. (Bravo ! et applaudissements sur de nombreuses travées.) À l'instar de milliers de familles des Alpes-Maritimes, j'ai été invité à étudier la proposition de l'inspection académique de permettre à mon fils de bénéficier de cours en arabe, en turc ou en portugais, dans le cadre des enseignements internationaux avec les pays dits « partenaires ». (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)

J'avais cru naïvement le Président de la République en 2020, qui avait dit lors de son discours sur le séparatisme à Mulhouse vouloir mettre fin aux dérives des enseignements de langue et de culture d'origine, les Elco. Or cette proposition de votre ministère, transmise aux familles, prouve que tel n'est pas le cas.

En effet, qui valide le choix des enseignants, de leurs qualifications, le contenu des enseignements, pour qu'ils soient respectueux de nos valeurs républicaines, alors que nous apprenons par la presse que les contrôles sont encore et toujours inopérants ?

Pourquoi ne pas mettre fin aux risques de dérive communautariste, comme le pointaient déjà nos collègues sénateurs dès 2003 ?

Pourquoi, tout simplement, ne pas en finir avec les influences étrangères ? (Mme Laurence Cohen s'exclame.)

Ces enseignements clivent au lieu de rassembler et, surtout, encouragent le repli communautaire. (Protestations sur les travées du groupe CRCE.)

Monsieur le ministre, prenons-nous véritablement le bon chemin de l'intégration en dispensant aux élèves des écoles primaires l'arabe, ou encore le turc, langue d'un pays avec lequel nous ne partageons aucune frontière, peu de valeurs, et dont l'influence en France est inquiétante ?

Alors que le niveau de nos élèves est en constante diminution, ne serait-il pas préférable de nous recentrer sur l'accès aux savoirs fondamentaux et sur une seule et véritable priorité, à savoir la maîtrise de la langue française ? (Applaudissements nourris sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC. Protestations sur les travées du groupe CRCE.)

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 11/05/2023

Réponse apportée en séance publique le 10/05/2023

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

M. Pap Ndiaye, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Monsieur le sénateur Tabarot, tout d'abord, bonne rentrée à votre fils en septembre prochain en CE1 !

Comme vous le savez, depuis 2020 et le discours du Président de la République sur le séparatisme à Mulhouse, les enseignements internationaux de langues étrangères ont remplacé les enseignements de langues et de cultures d'origine. Ces enseignements ont été recadrés, les conditions d'exercice précisées.

Ces enseignements sont évidemment facultatifs à l'école élémentaire, du CE1 au CM2. Ils représentent une heure et demie de cours hebdomadaire en plus des enseignements obligatoires et ils concernent quatre langues : l'arabe, le turc, le portugais et l'italien. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe CRCE.)

Mme Marie-Arlette Carlotti. Non, pas l'italien !

M. Pap Ndiaye, ministre. Afin d'éviter toute dérive communautaire ou toute influence étrangère, ce nouveau dispositif a permis d'instaurer un cadre homogène fondé sur un accord bilatéral entre les pays. Il a également permis d'imposer que les enseignants aient un niveau minimal de langue française, contrôlé dès leur entrée en fonction à un niveau B2 et d'adosser le programme d'enseignement de la langue au cadre européen de référence pour les langues. Enfin, comme vous l'indiquez, il a permis de renforcer les contrôles puisqu'un inspecteur de l'éducation nationale est missionné à cette fin dans chaque département.

Il ne s'agit donc non pas de faire une promotion particulière de ces langues, mais de permettre leur apprentissage dans le cadre de l'école républicaine et de l'éducation nationale plutôt que dans d'autres lieux, qui ne seraient pas nécessairement adéquats.

Cet enseignement, qui concerne environ 70 000 élèves, soit à peu près 1 % des enfants de l'école élémentaire, se déroule désormais dans des conditions acceptables. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur des travées des groupes SER et GEST.)

M. le président. La parole est à M. Philippe Tabarot, pour la réplique.

M. Philippe Tabarot. Monsieur le ministre, alors que j'habite à 40 kilomètres de l'Italie, l'italien ne m'a pas été proposé. (Rires sur des travées du groupe SER.)

Par ailleurs, je suis un farouche partisan de l'école libre. Pourtant, j'ai toujours été fier de dire que j'avais fait mon cursus scolaire au sein de l'école publique. J'avais le même souhait pour mes enfants, mais vous contribuez fortement, malgré des enseignants méritants, à faire de notre école un lieu de séparatisme, de communautarisme et d'échec scolaire ! (Protestations et huées sur les travées des groupes SER et CRCE. Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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