Question de Mme LHERBIER Brigitte (Nord - Les Républicains) publiée le 25/05/2023

Question posée en séance publique le 24/05/2023

M. le président. La parole est à Mme Brigitte Lherbier, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Brigitte Lherbier. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer.

Dimanche matin, au commissariat de Roubaix, une équipe de policiers qui prenait la relève de l'équipe de nuit a répondu à l'appel de détresse d'une jeune fille. Une patrouille de jeunes policiers s'est vue confier la mission de recueillir une mineure présumée violée afin de la protéger et de la conduire à l'hôpital.

Cette intervention au service des autres aura été la dernière pour Paul, Steven et Manon. Ce matin-là, ils sont partis de chez eux heureux, ignorant qu'ils ne reverraient jamais leurs proches.

À Roubaix, il existe une véritable solidarité entre la police nationale, la police municipale et les pompiers. C'est une ville méritante.

À l'École nationale de police de Roubaix, la directrice, la commissaire Kichtchenko, apprend aux nouvelles recrues les difficultés de la profession. Il leur faudra faire preuve de beaucoup de professionnalisme et de rigueur pour exercer ce métier. Manon, stagiaire, était prête à entrer dans cette grande famille.

Abdelkader Haroune, le commissaire principal de Roubaix, dirige le commissariat avec bienveillance et fermeté. Il dit toujours à ses agents combien la police est un réel ascenseur social pour tous ceux qui ont à coeur de défendre les valeurs de la République.

Monsieur le ministre, vous êtes fier de vos hommes ; vous avez bien raison de les défendre.

La mort de ces trois jeunes policiers de Roubaix démontre encore une fois les risques de ce métier. Ces jeunes ont été tués par un chauffard ivre, sous l'emprise de stupéfiants, roulant à grande vitesse et à contresens, un récidiviste connu des services de police.

Leur décès est un choc immense pour tous leurs collègues, leurs proches, le Nord et, plus largement, notre pays tout entier. Ce qui s'est produit est inacceptable.

Au nom de tous mes collègues, j'adresse mes sincères condoléances aux familles et aux proches de ces jeunes. Aujourd'hui, l'heure est au recueillement, monsieur le ministre, mais que pourrons-nous faire dès demain pour mettre fin à ce fléau ?

Le Gouvernement entend-il prendre des mesures pour intensifier la lutte contre les conducteurs dangereux, sous l'emprise de drogue ou d'alcool ? Envisage-t-il de durcir les peines encourues en pareil cas ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC. - M. Alain Richard applaudit également.)

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Réponse du Ministère de l'intérieur et des outre-mer publiée le 25/05/2023

Réponse apportée en séance publique le 24/05/2023

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer.

M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur et des outre-mer. Merci, madame la sénatrice Brigitte Lherbier, des mots très touchants que vous avez eus au sujet de ces trois jeunes policiers du commissariat de Roubaix.

Ce commissariat compte parmi les plus difficiles de France. Ses moyens sont à la hauteur des difficultés auxquelles font face ses policiers et ses personnels administratifs, qui, comme le commissaire Haroune dont vous avez parlé, font l'honneur de la police nationale.

Demain, à l'École nationale de la police de Roubaix, le Président de la République rendra officiellement hommage à ces policiers, qui sont à 24 ans, à 25 ans, à 26 ans, je tiens à le dire, l'honneur de la France et du service public. Nous pensons tous à leurs familles, en particulier à ce petit garçon qui aura un an dans les prochains jours et à la jeune femme enceinte de l'un de ces jeunes policiers.

L'assassin, celui qui conduisait la voiture roulant à contresens, a brisé trois destins, mais il a également blessé toute la police nationale.

Après le temps de l'hommage, il faudra évidemment engager une réflexion, madame la sénatrice, ce fait divers n'étant malheureusement pas le seul de ce type. Trop de chauffards, trop d'assassins tuent sur les routes sous l'emprise de stupéfiants ou d'alcool. Nous travaillons avec le garde des sceaux afin de limiter la survenue de tels drames.

Nous avons ainsi proposé le retrait des douze points du permis de conduire pour ceux qui conduisent sous l'emprise de stupéfiants - il s'agit là d'une mesure d'ordre réglementaire. Le garde des sceaux a également proposé de renommer cet homicide et de le qualifier d'homicide routier. Beaucoup de propositions émanent par ailleurs de votre assemblée, de toutes ses travées.

Nous espérons que le travail que font les policiers et les gendarmes tous les jours sur les routes permettra d'empêcher ces chauffards de continuer à tuer. M. le garde des sceaux et moi-même, sous l'autorité de Mme la Première ministre, sommes à la disposition du Parlement, en particulier du Sénat, et de vous-même, madame la sénatrice, pour travailler sur cette question, en mémoire de ces trois jeunes policiers. (Applaudissements sur des travées des groupes RDPI, Les Républicains et UC. - Mme Nathalie Delattre applaudit également.)

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