Question de M. PATIENT Georges (Guyane - RDPI) publiée le 25/05/2023

M. Georges Patient attire l'attention de Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche sur la nécessité de créer un centre régional des oeuvres universitaires et scolaires (CROUS) autonome en Guyane. Il y avait près de 6 000 étudiants en Guyane l'année dernière, un effectif qui a doublé en 10 ans et qui continuera de croître les années prochaines en raison de la jeunesse de la population guyanaise et de la forte croissance démographique du territoire. De plus, la précarité de la population 53 % vit en dessous du seuil de pauvreté et 29 % sont en situation de grande pauvreté et l'éloignement, voire l'enclavement de certaines communes, font que les étudiants guyanais sont très demandeurs d'aides sociales. On dénombre plus ou moins 2 000 étudiants boursiers dont 80 % sont à l'échelon 7. Or l'antenne locale du CROUS des Antilles Guyane peine à remplir de manière satisfaisante ses missions et fait face à de multiples difficultés depuis plusieurs années : manque d'entretien des logements par ailleurs en nombre insuffisant, restauration défaillante sur la qualité et surtout sur le nombre de repas préparés et enfin accompagnement des étudiants très sommaire. La gouvernance en place en Guadeloupe est peu sensible aux difficultés des étudiants guyanais et des spécificités du territoire. Elle ne se déplace que très rarement sur place pour se rendre compte par elle même des difficultés. Par exemple, le CROUS impose un bail de dix mois, contraignant ainsi les étudiants à quitter leur logement pendant la période estivale. Or nombre d'étudiants souhaiteraient y demeurer pour pouvoir effectuer des stages ou des jobs étudiants, étant donné que les opportunités sont rares dans leurs communes d'origine. Les demandes d'adaptation soumises au conseil d'administration restent bien souvent sans réponse. La faible représentation de la Guyane dans cette instance en est certainement la cause : la collectivité territoriale de Guyane (CTG) n'y est représentée qu'un an sur trois et sur les sept représentants étudiants, un seul est élu de Guyane. Lors de son déplacement en Guyane en décembre 2022, elle s'était montrée ouverte à une évolution vers un CROUS autonome en Guyane. Aussi il lui demande si le Gouvernement est prêt à cette évolution comme la demande la CTG, les représentants des étudiants et tout le monde universitaire guyanais, comme cela a été fait pour la Corse en 1977 qui, pourtant, compte moins d'étudiants que la Guyane.

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Réponse du Ministère auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé de la ville et du logement publiée le 02/06/2023

Réponse apportée en séance publique le 01/06/2023

M. le président. La parole est à M. Georges Patient, auteur de la question n° 709, adressée à Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche.

M. Georges Patient. Monsieur le ministre, sur les trente académies de France, la Guyane et Mayotte sont les seules à ne pas avoir de centre régional des oeuvres universitaires et scolaires (Crous).

Il est plus que temps pour la Guyane d'être dotée, non pas d'une antenne locale dépendant des Antilles comme aujourd'hui, mais de son propre Crous, autonome et de plein exercice, à l'instar de son rectorat et de son université.

Il s'agit d'une évolution naturelle au regard de l'augmentation des effectifs étudiants - ces derniers étaient 6 000 l'année dernière, soit le double d'il y a dix ans -, qui suit le rythme de la croissance démographique exponentielle de la population guyanaise.

Il s'agit aussi et surtout d'une demande unanime, légitimée par un réel besoin de prise en compte des problèmes spécifiques des étudiants de l'université de Guyane, qui n'est pas satisfait aujourd'hui, avec une gouvernance installée en Guadeloupe, au sein de laquelle la Guyane est faiblement représentée.

Ainsi, au conseil d'administration du Crous Antilles-Guyane, la collectivité territoriale de Guyane n'est présente qu'un an sur trois, et, sur les sept représentants étudiants, un seul est élu de Guyane.

En conséquence, les problèmes des étudiants guyanais, loin d'être ceux des étudiants antillais, sont peu abordés, voire ne le sont pas. Avec un PIB par habitant de 16 000 euros en Guyane, contre 25 000 euros aux Antilles, et un niveau de précarité plus grand, nos étudiants guyanais sont pourtant plus demandeurs d'aides sociales et d'accompagnement.

Ils sont 2 000 boursiers, dont 80 % relèvent de l'échelon 7, le plus élevé. Aussi ont-ils besoin d'un suivi renforcé, plus adapté qu'il ne l'est actuellement. Cela n'est possible que par la création d'un Crous de Guyane, comme cela a été le cas, en 1977, pour la Corse, qui compte pourtant moins d'étudiants que la Guyane.

Monsieur le ministre, il ne reste plus au Gouvernement qu'à donner son feu vert !

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué.

M. Olivier Klein, ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé de la ville et du logement. Monsieur le sénateur Georges Patient, au regard de la situation sociale des étudiants en Guyane, l'expression du Gouvernement est claire et constante : nous voulons allouer des moyens supplémentaires au bénéfice des étudiants guyanais.

En revanche, il n'a jamais été question de créer de nouvelles structures administratives, dont le coût de fonctionnement ne serait pas corrélé à un niveau d'évolution positive pour les usagers.

Sur la base de ces orientations, le service social de Guyane a été renforcé par une seconde assistante sociale. La Guyane dispose aussi d'un centre local des oeuvres universitaires et scolaires (Clous), doté d'un directeur en propre, qui dispose d'une délégation de signatures lui permettant notamment de verser directement des aides financières en urgence.

En outre, une commission d'aide ponctuelle se réunit chaque semaine pour allouer des moyens aux étudiants les plus en difficulté. S'agissant des logements qui seraient en nombre insuffisant, il convient de relever que la résidence universitaire de Kourou compte aujourd'hui de nombreux logements vacants, dès le début de l'année scolaire.

Quant à leur entretien, un programme de rénovation a pu être engagé et des améliorations ont été apportées, afin de mieux équiper les locaux et de renforcer le confort auquel les étudiants ont bien sûr droit.

Par exemple, à la prochaine rentrée universitaire, toutes les résidences universitaires de Guyane seront équipées de bornes wifi raccordées par fibre optique grâce aux travaux effectués durant l'été. Les étudiants qui souhaiteraient rester dans les logements pendant cette période seront naturellement accompagnés.

Quant à la restauration universitaire à Cayenne, il est vrai que des malfaçons entravent malheureusement le bon fonctionnement du service de cuisine depuis la livraison du nouveau bâtiment.

Ces difficultés sont bien identifiées et suivies. Toutefois, les capacités mobilisables permettent d'assurer un service de près de 75 000 repas par an, en utilisant 460 places.

M. le président. La parole est à M. Georges Patient, pour la réplique.

M. Georges Patient. Monsieur le ministre, vous concluez donc à une non-autonomie du Crous !

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