Question de M. RETAILLEAU Bruno (Vendée - Les Républicains) publiée le 01/06/2023

Question posée en séance publique le 31/05/2023

M. le président. La parole est à M. Bruno Retailleau, pour le groupe Les Républicains. (Vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Bruno Retailleau. Madame la Première ministre, c'est à vous que je veux m'adresser, et, à travers vous, au Président de la République, pour soutenir dans cet hémicycle une cause juste, celle d'un petit peuple oublié qui a été victime d'un génocide voilà plus d'un siècle. Ce peuple est de nouveau aux prises avec une tentative d'épuration ethnique, culturelle et religieuse.

Comme vous le savez, depuis près de six mois, l'Azerbaïdjan bloque le corridor de Latchine, qui relie le Haut-Karabagh à l'Arménie, transformant ainsi ce petit territoire en prison à ciel ouvert.

Le 22 février, la Cour internationale de justice a sommé l'Azerbaïdjan de lever ce blocus qui met en danger la vie de 120 000 Arméniens, dont 30 000 enfants. C'est dans ce contexte que l'Arménie, défaite par la guerre des 44 jours, le sabre sous la gorge, sa souveraineté désormais mise en jeu, son intégrité territoriale menacée, pourrait envisager d'abandonner le Haut-Karabagh.

Dans ces conditions, madame la Première ministre, je voudrais vous poser deux questions, auxquelles, dans un geste transpartisan, j'associe mon collègue Gilbert-Luc Devinaz, qui préside le groupe d'amitié France-Arménie.

La France a toujours fait du principe d'autodétermination des peuples un principe cardinal de toute sa politique étrangère, notamment s'agissant du Haut-Karabagh. Est toujours le cas ?

L'épuration ethnique n'a jamais été aussi imminente. Qu'allez-vous faire pour l'empêcher ? (Applaudissements prolongés.)

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Réponse du Première ministre publiée le 01/06/2023

Réponse apportée en séance publique le 31/05/2023

M. le président. La parole est à Mme la Première ministre.

Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Monsieur le sénateur Bruno Retailleau, la France, avec ses partenaires, est pleinement engagée en faveur d'un règlement durable du conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Nous suivons la situation avec la plus grande attention, et je sais votre mobilisation sur ce sujet.

La ministre de l'Europe et des affaires étrangères s'est rendue dans la région à la fin du mois d'avril pour appeler les parties à reprendre les discussions, qui étaient alors bloquées. Aujourd'hui, sous l'égide de l'Union européenne, les négociations de paix reprennent. C'est un signal encourageant, et nous saluons à cet égard le rôle actif des États-Unis, avec lesquels nous nous coordonnons étroitement.

Monsieur le président Retailleau, notre pays est engagé au plus haut niveau pour la paix dans la région. Demain, en marge du sommet de la Communauté politique européenne de Chisinau, le Président de la République sera aux côtés du chancelier Scholz et de Charles Michel pour une réunion avec le premier ministre arménien et le président azerbaïdjanais.

Il existe aujourd'hui une voie pour la paix. Elle passe par la reconnaissance mutuelle de la souveraineté et de l'intégrité territoriale des deux pays, ainsi que par la délimitation de la frontière commune. Nous saluons à cet égard les déclarations du premier ministre arménien Nikol Pachinian.

Dans ce conflit, la France n'oublie pas les enjeux humanitaires et les conséquences du blocage persistant du corridor de Latchine. Aussi, nous n'avons eu de cesse de rappeler la nécessité de mettre en oeuvre la décision de la Cour internationale de justice du 22 février.

Plus particulièrement, monsieur Retailleau, vous avez raison d'évoquer les droits et garanties des populations du Haut-Karabagh, qui doivent pouvoir vivre en paix et en sécurité. Vous pouvez compter sur le plein engagement de la France pour continuer à chercher des solutions durables pour la paix dans la région. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Bruno Retailleau, pour la réplique.

M. Bruno Retailleau. Madame la Première ministre, je sais l'engagement de la France et je reconnais la mobilisation du Président de la République, mais, aujourd'hui, nous devons faire plus, car nous sommes à la veille d'une tragédie. Nous le devons aux Arméniens, ce peuple frère, avec lequel nous partageons tant de notre Histoire, des liens d'affection comme de civilisation : les mélodies de Charles Aznavour ; les compositions de Michel Legrand ; les films d'Henri Verneuil, dont le prénom de naissance était Achod ; l'héroïsme de Manouchian, qui, bientôt, sans doute, entrera par la grande porte au Panthéon.

M. le président. Il faut conclure !

M. Bruno Retailleau. C'est la raison pour laquelle, je le répète, nous devons faire beaucoup plus. Nous avons des devoirs qui nous obligent, madame la Première ministre. (Applaudissements.)

M. le président. Il y a des questions plus importantes que d'autres, et peut-être plus difficiles.

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