Question de M. BLANC Étienne (Rhône - Les Républicains) publiée le 01/06/2023

Question posée en séance publique le 31/05/2023

M. le président. La parole est à M. Étienne Blanc, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Étienne Blanc. Madame la Première ministre, le 11 mai, le tribunal administratif de Grenoble a rendu une décision par laquelle il annule le règlement du service des langues de l'université Grenoble-Alpes pour avoir été écrit en écriture inclusive, utilisant à la fois le point médian et le langage de genre.

Le tribunal explique clairement que ce règlement est illisible, qu'il n'est, en tout état de cause, pas écrit en français et qu'il n'est pas conforme à la Constitution.

Quelques jours plus tard, dans une interview au journal Le Figaro, Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, qui est tout de même chargée de former nos élites, déclare que l'on peut finalement, au titre des libertés académiques, accepter l'écriture inclusive.

Madame la Première ministre, qui faut-il croire ? Le Président de la République, qui, à Villers-Cotterêts, temple de l'écriture et de la langue française, a affirmé que celle-ci était un véritable trésor qu'il fallait protéger, ou vos ministres, qui expliquent à l'envi que l'on peut finalement accepter l'écriture inclusive, qui détruit la langue française ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées des groupes UC et INDEP.)

M. Jérôme Bascher. C'est une honte !

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Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 01/06/2023

Réponse apportée en séance publique le 31/05/2023

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Sylvie Retailleau, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche. Mesdames, messieurs les sénateurs, monsieur le sénateur Blanc, je veux d'abord vous remercier de me donner l'occasion de préciser de nouveau les choses.

Non, je ne suis pas pour l'utilisation de l'écriture inclusive, comme je l'ai dit tout à l'heure.

Des exemples de points médians, des exemples proches du non-respect de la langue française ont été évoqués. Mais inclure l'ensemble de ses interlocuteurs en utilisant l'expression « chers toutes et tous », c'est très différent de l'écriture inclusive ! Je vous remercie de me donner l'occasion de le réexpliquer.

Monsieur le sénateur, je vous sais très attaché aux libertés académiques, dont nous venons de parler en évoquant le sujet de l'université de Lyon-II.

En effet, le tribunal administratif de Grenoble a jugé que le règlement tombait sous le coup de la circulaire.

Je sais que vous connaissez cette question pour avoir travaillé avec le sénateur André Gattolin sur les ingérences étrangères.

Cependant, on ne peut pas être pour la liberté académique, l'autonomie des universités et fustiger continûment le ministère pour qu'il intervienne à tout bout de champ pour régir le contenu de ce que proposent les enseignants et les enseignants-chercheurs ! (Applaudissements sur les travées du groupe GEST. - Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Pascale Gruny. Non, mais franchement !

Mme Sylvie Retailleau, ministre. La liberté académique est importante, ce qui ne nous empêche pas de donner effectivement des consignes claires, en nous appuyant sur les circulaires qui existent, pour que la langue française soit respectée comme il se doit et pour que les sujets des examens et l'enseignement soient rédigés dans une langue intelligible et claire, ce qui, je vous rejoins sur ce point, est important pour l'enseignement de tous nos étudiants.

M. Mickaël Vallet. Et les cours en anglais ?

M. le président. La parole est à M. Étienne Blanc, pour la réplique.

M. Étienne Blanc. Le moins que l'on puisse dire, madame la ministre, c'est que votre réponse est quelque peu ambiguë ! En tout cas, elle n'est pas claire.

D'abord, vous ne répondez pas sur le jugement du tribunal de Grenoble sur l'inintelligibilité ni, surtout, sur le problème constitutionnel.

Vous ne répondez pas non plus à l'Académie française,...

Mme Laurence Cohen. Ah, l'Académie française...

M. Étienne Blanc. ... qui, au sujet de l'écriture inclusive, parle d'un « péril mortifère »,...

M. Max Brisson. Très bien !

M. Étienne Blanc. ... d'une « aberration ».

« J'ai compris que tout le malheur des hommes venait de ce qu'ils ne tenaient pas un langage clair », disait Camus.

Mme Laurence Rossignol. Elle est usée, cette citation !

M. Étienne Blanc. Pour ma part, j'invite aujourd'hui le Gouvernement à tenir un langage clair ! L'écriture inclusive, c'est oui ou c'est non.

M. Jérôme Bascher. C'est non !

M. Étienne Blanc. Si c'est non, décidez enfin que tout texte écrit en écriture inclusive, de quelque nature qu'il soit, est nul de plein droit. Vous tiendrez alors un langage clair ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées des groupes UC et INDEP.)

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