Question de M. BRISSON Max (Pyrénées-Atlantiques - Les Républicains) publiée le 08/06/2023

Question posée en séance publique le 07/06/2023

M. le président. La parole est à M. Max Brisson, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Max Brisson. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.

Monsieur le ministre, le 29 avril dernier, vous faisiez passer le risque de grippe aviaire d'« élevé » à « modéré ». Le 3 mai suivant, cette maladie refaisait son apparition dans les Landes, le Gers, les Hautes-Pyrénées et les Pyrénées-Atlantiques : l'accalmie a été de courte durée.

Dans le Sud-Ouest, c'est la sidération. Depuis sept ans, chaque vague a été plus violente que la précédente. Tous les modèles ont été touchés, particulièrement l'élevage en plein air, toutes les ripostes dépassées, y compris la claustration, tous les territoires frappés et l'ensemble de la filière touchée.

Lundi dernier, vous annonciez « entendre la désespérance », tout en confirmant une campagne de vaccination pour octobre prochain. Enfin ! Enfin semble se briser le tabou relatif à la vaccination aviaire. Mais octobre est un horizon lointain, extrêmement lointain, car la filière avicole, particulièrement la filière gras du Sud-Ouest, est à genoux.

Beaucoup d'éleveurs ont baissé les bras. Beaucoup se sont endettés pour appliquer les mesures de biosécurité. Beaucoup attendent encore les indemnités des abattages antérieurs.

La vaccination n'est pas la panacée, mais c'est une réponse dont on n'a que trop longtemps attendu la mise en oeuvre. C'est la raison pour laquelle les quatre chambres d'agriculture des départements concernés réclament pour cet été le déploiement du vaccin.

Monsieur le ministre, je vous pose donc cette question, à laquelle j'associe mon collègue Patrick Chaize : appliquerez-vous la vaccination aux élevages bénéficiant de l'appellation d'origine protégée (AOP), comme dans le pays de Bresse ?

En outre, pouvez-vous préciser quelle sera la part à la charge des éleveurs, eux qui attendent toujours le versement des indemnisations des abattages antérieurs ?

Enfin, et surtout, peut-on dans le Sud-Ouest accélérer le processus de vaccination ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Bruno Retailleau. Très bien !

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire publiée le 08/06/2023

Réponse apportée en séance publique le 07/06/2023

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.

M. Marc Fesneau, ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire. Monsieur le sénateur Brisson, je vous remercie de votre question, qui me permet de faire le point sur ce sujet.

Le 14 mars dernier, nous imaginions être sortis de l'épisode de grippe aviaire des années 2022 et 2023 : il n'y avait plus de cas avéré et, de ce fait, un certain nombre de mesures sanitaires ont été levées.

Je rappelle que ces dispositions ont particulièrement bien fonctionné dans votre région de Nouvelle-Aquitaine : grâce au plan Adour de dédensification dans les zones les plus touchées, le nombre de foyers de grippe aviaire a été réduit à 28, contre 361 l'année dernière. On peut donc dire que ces mesures ont porté leurs fruits.

Malheureusement, vous l'avez indiqué, au début du mois dernier, nous avons assisté à la résurgence du virus, tout d'abord dans le Gers, puis dans les Pyrénées-Atlantiques et dans les Landes. L'heure est donc de nouveau à la désespérance.

Face à cette situation, nous avons eu recours aux mesures classiques. Dans les élevages infectés, nous avons procédé à des abattages. Dans d'autres cas, nous avons mis en oeuvre la dédensification. Nous avons également opté pour des abattages sanitaires en dehors de ces périmètres.

Vous insistez avec raison sur la désespérance, y compris économique, de nos éleveurs. C'est pourquoi nous travaillons et continuons de travailler, non seulement pour accélérer le versement des indemnités dues, mais aussi pour que, face aux nouveaux cas apparaissant dans cette région, l'indemnisation soit plus rapide.

Enfin, vous m'interrogez au sujet de la vaccination. Nous avons dit que nous serions en mesure de mener des expérimentations à partir du mois de juin 2022, une fois les autorisations européennes obtenues : nous avons été au rendez-vous.

Nous avons dit que nous expérimenterions jusqu'au mois de mars : nous avons été au rendez-vous. Le calendrier a été tenu.

J'ai dit que, à l'automne prochain, nous vaccinerions les animaux, en particulier les palmipèdes, car ce sont eux qui sont les plus touchés : nous serons au rendez-vous.

J'entends l'impatience qui s'exprime : elle se nourrit de la désespérance des éleveurs, qui subissent parfois leur second ou leur troisième épisode de grippe aviaire. Néanmoins, j'insiste sur les précautions que suppose un tel travail. Nous avions besoin que le vaccin soit qualifié : c'est chose faite depuis quelques jours. Nous avons effectué des précommandes, afin d'accélérer le processus, et nous serons bien au rendez-vous de l'automne.

Si nous pouvons accélérer encore un peu plus, nous le ferons, mais il faut procéder en bon ordre, pour s'assurer que, d'un point de vue sanitaire, ce travail est mené dans de bonnes conditions. (Applaudissements sur des travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Max Brisson, pour la réplique.

M. Max Brisson. Monsieur le ministre, je comprends les problèmes techniques qui s'opposent à une vaccination rapide. Mais, dans ce cas, il faut un plan d'urgence. Sinon, quand le vaccin arrivera, les éleveurs ne seront plus là ! (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains. - Mme Évelyne Perrot applaudit également.)

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