Question de Mme BRIQUET Isabelle (Haute-Vienne - SER) publiée le 15/06/2023

Question posée en séance publique le 14/06/2023

M. le président. La parole est à Mme Isabelle Briquet, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

Mme Isabelle Briquet. Ma question, à laquelle j'associe ma collègue Marie-Arlette Carlotti, s'adresse à Mme la ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

Madame la ministre, alors que la guerre se poursuit en Ukraine et que les populations civiles continuent d'y vivre sous les bombardements incessants, je m'interroge sur la stratégie du Gouvernement pour ce qui concerne l'accompagnement à la nécessaire reconstruction de ce pays ami.

Ces derniers mois, les bombardements russes ont spécifiquement ciblé les infrastructures civiles. Le barrage de Kakhovka en est, malheureusement, le dernier exemple en date.

Ces bombardements désorganisent le pays, affectent le quotidien de millions d'Ukrainiens, amoindrissent leurs conditions de résistance et soulèvent la question de la reconstruction.

S'il a apporté un soutien financier à l'Ukraine, le gouvernement français n'a pas précisé sa stratégie en matière d'accompagnement des autorités ukrainiennes dans le rétablissement des services essentiels à la vie quotidienne de la population.

Quels secteurs seront concernés en priorité ? Avec quels moyens ? Dans quel cadre ?

Certains pays de l'Union européenne sont d'ores et déjà présents pour appuyer les efforts du gouvernement ukrainien dans de nombreux secteurs d'activité. La France n'est pas, pour l'instant, au rendez-vous.

Des opérateurs nationaux, notamment privés, se sont pourtant dits prêts à s'engager en faveur de ce pays allié, à condition que la zone rouge soit au moins partiellement levée. Cela rendrait possible leur action dans un contexte relativement moins incertain. Est-ce envisagé, et si oui, sous quels délais ?

Je souhaiterais également savoir quel est le mandat donné aux opérateurs publics tels qu'Expertise France ou que l'Agence française de développement (AFD), car à défaut, une action concertée ne sera pas possible.

Madame la ministre, aujourd'hui et, surtout, demain, la France doit et devra être aux côtés du peuple ukrainien ! (Applaudissements sur les travées du groupe SER, ainsi que sur des travées des groupes GEST et UC. - Mme Cathy Apourceau-Poly applaudit également.)

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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 15/06/2023

Réponse apportée en séance publique le 14/06/2023

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

Mme Catherine Colonna, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Madame la sénatrice, l'Ukraine ne sera pas vaincue. Elle se relèvera et, lorsqu'elle aura surmonté cette épreuve, elle sera unie et pleinement ancrée dans la famille européenne. Nous en avons la conviction.

Nous avons tout d'abord fourni à l'Ukraine une aide d'urgence, imposée par la guerre, qu'elle soit militaire - on en parle souvent - ou civile, notamment lors des moments les plus difficiles de l'hiver. Nous avons ainsi contribué à la résilience du peuple ukrainien.

Nous envoyons également de l'aide humanitaire. Depuis le sabotage du barrage, nous avons déjà envoyé dix tonnes de matériel.

Ensuite, nous travaillons d'ores et déjà à l'après. C'est la raison pour laquelle nous avons nommé, au mois de mars dernier - la France fut le premier pays du G7 à le faire -, un envoyé spécial pour l'aide économique et la reconstruction de l'Ukraine, en la personne de Pierre Heilbronn. Celui-ci travaille en lien avec les Ukrainiens afin d'identifier leurs besoins prioritaires, et avec les bailleurs internationaux pour construire les financements.

La France met aussi en place des mesures concrètes pour les entreprises françaises qui souhaiteraient s'engager en Ukraine. Si celles-ci sont nombreuses - la conférence qui s'est tenue le 13 décembre dernier à Bercy l'a montré -, nous réfléchissons aux règles de sécurité qui doivent encadrer cet engagement, madame la sénatrice, sachant que l'Ukraine est pour l'heure un pays en guerre.

Enfin, je participerai le 21 juin, à Londres, à une conférence internationale sur la reconstruction de l'Ukraine. À cette occasion, j'annoncerai notamment de nouveaux financements pour la reconstruction des infrastructures civiles critiques, qui, comme vous l'avez indiqué, madame la sénatrice, sont attaquées jour après jour par la Russie.

Vous le voyez, madame la sénatrice, il n'est pas trop tôt pour s'occuper de l'après et c'est ce que nous faisons, depuis des mois déjà.

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