Question de M. BONNEAU François (Charente - UC-A) publiée le 29/06/2023

Question posée en séance publique le 28/06/2023

M. le président. La parole est à M. François Bonneau, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC. - Mme Christine Bonfanti-Dossat applaudit également.)

M. François Bonneau. Monsieur le président, madame la Première ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, les récents événements impliquant le groupe paramilitaire Wagner ne manqueront pas d'avoir des conséquences en Afrique. Le groupe est présent au Soudan, en République centrafricaine, en Libye, au Mali et au Mozambique.

Wagner est devenu un outil important de la lutte d'influence russe en Afrique, en développant un panel d'activités allant de la protection des États à l'exploitation des ressources naturelles, en passant par les opérations d'information et, surtout, de désinformation anti-occidentales, essentiellement anti-françaises.

Cependant, la rupture entre Wagner et le Kremlin a de fortes chances de déstabiliser les opérations de Wagner en Afrique de l'Ouest. En tant que parias soumis à la vindicte de leurs commanditaires russes, Wagner et son dirigeant Evgueni Prigojine pourraient se retrouver dans une position instable et délicate.

Les activités brutales et sanglantes de Wagner sont largement financées par l'exploitation illégitime des ressources naturelles. C'est pourquoi les États-Unis ont annoncé hier de nouvelles sanctions contre les activités de Wagner, qui visent à empêcher son expansion en Afrique.

Dans ce contexte, il est crucial que la France agisse de manière énergique en intensifiant sa coopération avec ses partenaires africains, notamment dans le golfe de Guinée, très inquiets à la fois de la contagion terroriste et des milices incontrôlables.

Monsieur le ministre, quelles conséquences vos services anticipent-ils en Afrique à la suite de la rupture de ban du groupe Wagner ? Et comment la France entend-elle réagir pour soutenir nos partenaires africains et protéger les intérêts de cette région éminemment stratégique ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

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Réponse du Ministère auprès de la ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur, de l'attractivité et des Français de l'étranger publiée le 29/06/2023

Réponse apportée en séance publique le 28/06/2023

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé du commerce extérieur, de l'attractivité et des Français de l'étranger.

M. Olivier Becht, ministre délégué auprès de la ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur, de l'attractivité et des Français de l'étranger. Monsieur le sénateur François Bonneau, je vous prie tout d'abord de bien vouloir excuser l'absence de la ministre de l'Europe et des affaires étrangères, qui m'a chargé de vous répondre.

Il faut dire les choses telles qu'elles sont : Wagner n'est pas une société militaire privée ou une milice, mais un groupe criminel et mafieux, qui agit selon les méthodes de ce type d'organisation - violence, prédation, manipulation, règlements de compte.

C'est un groupe sur lequel la Russie s'appuie pour mener les actions qu'elle n'est pas capable de conduire avec son armée régulière.

Wagner a établi, partout où il s'est déployé, la violation systématique des droits de l'homme comme principe cardinal de son action. Ce groupe a systématiquement renforcé la menace terroriste qu'il prétendait combattre.

Que ce soit en Syrie, en Libye, au Mozambique, au Mali ou en République centrafricaine, Wagner est un véritable fléau, dont le seul objectif est de piller les richesses au détriment des États et des populations, et au prix d'exactions atroces.

J'en veux pour preuve le rapport accablant des Nations unies, qui définit clairement la responsabilité du groupe Wagner dans le massacre de 500 civils à Moura, au Mali, en mars 2022.

Nous ne laisserons aucun espace à cette organisation, qui n'hésite pas à recruter des criminels parmi les plus endurcis dans les prisons russes.

Pour répondre concrètement à votre question, oui, nous continuerons à imposer des sanctions européennes rigoureuses pour ces actions menées en Ukraine et en Afrique, et nous disons aux pays qui ont choisi le groupe Wagner - ils le regrettent d'ailleurs peut-être au regard des événements du week-end... - qu'il est temps de s'en dissocier, car rien de bon ne peut sortir du chaos dont ces mercenaires se sont fait une spécialité. (Applaudissements sur des travées des groupes RDPI et UC.)

M. Olivier Cadic. Très bien !

M. le président. La parole est à M. François Bonneau, pour la réplique.

M. François Bonneau. Monsieur le ministre, la Russie poutinienne n'a eu de cesse de fustiger nos démocraties occidentales, mais force est de constater que c'est la dictature russe qui, au contraire, est pourrie de l'intérieur.

Agissons donc avec fermeté pour regagner les positions que nous avons perdues. (Applaudissements sur les travées du groupe UC, ainsi que sur des travées du groupe INDEP.)

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