Question de Mme DREXLER Sabine (Haut-Rhin - Les Républicains-A) publiée le 22/06/2023

Mme Sabine Drexler attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire sur les récentes recommandations de la Cour des comptes en matière d'élevage bovin.

Alors que depuis des années, le cheptel bovin français tend à diminuer à l'instar du nombre d'exploitants agricoles, la Cour des comptes a présenté dernièrement un rapport critique qui s'apprête à bouleverser toute une profession, déjà grandement affaiblie. En effet, alors qu'ils n'étaient pas moins de 2,5 millions en 1955, les exploitants agricoles français ne sont aujourd'hui plus que 496 000 selon le recensement agricole (RA) de 2020. Dans ce cadre, les élevages bovins ne font pas exception. Ces derniers, qui représentent 32,4 % de la surface agricole, se révèlent être l'activité agricole la plus subventionnée en France, avec 4,3 milliards d'euros d'aides publiques par an. Ainsi, les magistrats de Cour des comptes jugent que le modèle de production de l'élevage bovin demeure « fragile » malgré un soutien public « très élevé », et mettent en avant un « bilan climatique défavorable ». Fragiliser cette filière reviendrait à remettre en cause notre souveraineté alimentaire dans un monde instable et globalisé. Ces mesures favoriseraient les importations alors que la France n'est autosuffisante pour aucune filière animale. Importer de la viande engendrerait une hausse de l'émission de gaz à effet de serre et serait totalement contreproductif.

Aussi, elle lui demande de bien vouloir préciser ses intentions en matière la politique gouvernementale pour l'élevage bovin.

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire publiée le 05/10/2023

Le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire a tenu à faire savoir qu'il était pleinement conscient du sentiment d'incompréhension et d'exaspération que cette publication a soulevée au sein du monde agricole, et plus particulièrement chez les éleveurs. Il a ainsi rappelé son soutien en s'exprimant publiquement à ce sujet devant le sénat, à l'occasion de l'examen de la proposition de loi pour un choc de compétitivité en faveur de la ferme France. En cette occasion, il a rappelé que lorsqu'il s'agit d'agriculture, et d'élevage en particulier, le débat public est trop souvent caractérisé par la méconnaissance des réalités du modèle d'élevage actuel et par le dogmatisme, les stigmatisations ou les caricatures qui y sont liées. Et c'est dans cet esprit que le Gouvernement, à travers la voix de la Première ministre, a réaffirmé le 30 mai 2023 que la France pouvait être fière de son modèle d'élevage bovin et a affirmé qu'il avait un avenir. C'est la raison pour laquelle la France s'est montrée déterminée à soutenir l'élevage à travers la nouvelle politique agricole commune, l'élevage étant la filière la plus soutenue, ou dans le cadre des relations commerciales, en s'opposant à l'accord avec le Mercosur. Ce choix est d'ailleurs cohérent avec les objectifs gouvernementaux en matière de transition environnementale et de préservation de la biodiversité. En effet, le modèle d'élevage français présente la particularité d'avoir de nombreuses externalités positives. Un hectare de prairie permanente permet ainsi l'absorption annuelle de 403 kilos de dioxyde de carbone (CO2). Chaque année, les prairies stockent ainsi 8 millions de tonnes de CO2 en France. L'élevage est également le garant du réseau de haies et d'autres infrastructures agro-écologiques qui participent à la préservation de la biodiversité, la lutte contre les incendies dans de nombreuses régions et au maintien de paysages ouverts. C'est enfin l'élevage qui produit les engrais organiques nécessaires à l'agriculture biologique. Le monde de l'élevage est aujourd'hui au coeur de nombreux défis, tels que l'évolution de la démographie agricole, les aspirations nouvelles des actifs agricoles, l'évolution des pratiques alimentaires ou encore l'adaptation et l'atténuation du changement climatique. Dans ce contexte, il faut donc construire un nouveau cadre, dans lequel l'élevage aura toute sa place ; c'est tout le sens du Pacte et loi d'orientation et d'avenir agricoles. Ce pacte sera l'occasion de réaffirmer que la France a besoin d'éleveurs et que sa souveraineté alimentaire passe aussi par cette reconnaissance.

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