Question de M. IACOVELLI Xavier (Hauts-de-Seine - RDPI) publiée le 06/07/2023

Question posée en séance publique le 05/07/2023

M. le président. La parole est à M. Xavier Iacovelli, pour le groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. Xavier Iacovelli. Ma question s'adresse à Mme la Première ministre.

Quatre jours de violences et d'émeutes, quatre jours de vols et de pillages, quatre jours d'agressions et d'incendies : qu'est-ce que cette situation dit de notre société ?

J'ai vu, avec peine, le département dans lequel je suis élu, le quartier dans lequel j'ai grandi et où je vis, devenir en quelques heures le champ de bataille de quelques voyous.

Avant tout, permettez-moi de saluer les maires des Hauts-de-Seine, quelle que soit leur sensibilité politique, et, à travers eux, l'ensemble des maires de France, qui ont été en première ligne, comme toujours. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. - M. Jean-Pierre Sueur et Mme Colette Mélot applaudissent également.) Les élus locaux n'ont pas failli. Ils ont même évité que tout ne s'enflamme davantage.

Bien sûr, il y a eu un drame : la mort d'un jeune de 17 ans, qui nous a forcément émus et choqués. La justice fera son travail ; elle le fait déjà, vite et bien.

Mais la justice, ce n'est pas la vengeance !

La justice, ce n'est pas attaquer et blesser près de 800 policiers, gendarmes et pompiers.

La justice, ce n'est pas détruire et incendier nos crèches, nos écoles, nos bibliothèques et nos mairies.

La justice, ce n'est pas piller les magasins ou brûler les voitures.

La justice, ce n'est pas menacer la vie des élus et de leurs familles, comme ce fut le cas pour le maire Vincent Jeanbrun.

Qui peut encore accepter que certains prônent le chaos et l'insurrection permanente pour gagner un pouvoir qu'ils n'ont pas réussi à obtenir par les urnes ? (Très bien ! sur les travées du groupe Les Républicains.)

Les auteurs de ces attaques ne sont pas de simples jeunes. La jeunesse de notre pays, celle de nos quartiers, ne mérite pas cette définition. Son écrasante majorité travaille, elle est courageuse, elle est audacieuse, elle est solidaire et elle se bat, au quotidien, pour prendre l'ascenseur social.

Non, ces individus ne sont ni des insurgés ni des insoumis. Ils ont fait le choix de la violence, non par fatalité, mais par facilité.

Face à cette violence, il nous faut de la fermeté, de l'ordre et de la justice. Il est temps, madame la Première ministre, de refonder notre pacte républicain autour des valeurs de solidarité, de mérite, d'ordre et de travail. Il est temps d'avoir ce sursaut civique, nécessaire pour notre pays.

Cela ne se fera pas sans les élus locaux, qui ont plus que jamais besoin de la République, qui ont besoin d'avoir l'État à leurs côtés.

Madame la Première ministre, quels moyens le Gouvernement compte-t-il mettre en place pour les soutenir ? (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur des travées du groupe UC.)

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Réponse du Première ministre publiée le 06/07/2023

Réponse apportée en séance publique le 05/07/2023

M. le président. La parole est à Mme la Première ministre.

Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Monsieur le sénateur Xavier Iacovelli, la mort tragique d'un jeune homme de 17 ans dans votre département des Hauts-de-Seine, à Nanterre, a provoqué une émotion légitime dans notre pays ; je sais qu'elle a été partagée dans cet hémicycle.

Toutefois, cette émotion ne peut pas servir de prétexte pour commettre des violences inacceptables, pour viser les symboles de la République, pour brûler des mairies, des commissariats ou des écoles, pour piller des magasins ou pour prendre des élus pour cible. Je veux, à ce propos, avoir de nouveau une pensée pour le maire de L'Haÿ-les-Roses et sa famille.

Je veux aussi - avec chacun d'entre vous, j'en suis sûre - dire de nouveau mon soutien aux policiers, gendarmes, policiers municipaux et sapeurs-pompiers engagés avec courage et professionnalisme. Je veux également saluer la mobilisation des magistrats et des greffiers. Je veux enfin dire aux maires et aux élus, qui sont en première ligne, que nous sommes à leurs côtés.

Notre première priorité, notre priorité absolue, c'est le retour de l'ordre républicain.

Notre stratégie s'est appuyée sur quatre piliers : premièrement, la mobilisation des forces de l'ordre, avec jusqu'à 45 000 policiers et gendarmes sur le terrain ; deuxièmement, la fermeté de la réponse pénale, afin qu'il n'y ait aucune impunité pour les auteurs de violences ; troisièmement, la responsabilisation des réseaux sociaux ; quatrièmement, et enfin, un rappel nécessaire de la responsabilité et de l'autorité parentales, car les auteurs de ces actes sont jeunes, voire très jeunes.

Une décrue de la violence a été observée ces dernières nuits ; la situation redevient pratiquement normale.

Bien sûr, avec le ministre de l'intérieur, Gérald Darmanin, je reste extrêmement vigilante. C'est très progressivement que nous adaptons notre dispositif de sécurité.

Monsieur le sénateur Iacovelli, si l'urgence est au rétablissement de l'ordre républicain, nous sommes d'ores et déjà mobilisés auprès des élus et des maires pour les accompagner dans la réparation de leur ville.

Le Président de la République l'a dit hier : nous accompagnerons les élus touchés, en particulier financièrement, mais aussi en accélérant les procédures, pour que les équipements publics rouvrent au plus vite. Nous répondrons présent pour les habitants, les commerçants et les artisans, pour toutes les victimes de ces violences.

Monsieur le sénateur, si l'urgence est au rétablissement de l'ordre républicain, cette crise appelle des réponses de fond. Elle nécessite un diagnostic partagé et une action collective de l'État et de toutes les parties prenantes. Je ne doute pas que le Sénat y prendra toute sa part. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. - Mme Amel Gacquerre applaudit également.)

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