Question de M. RETAILLEAU Bruno (Vendée - Les Républicains) publiée le 06/07/2023

Question posée en séance publique le 05/07/2023

M. le président. La parole est à M. Bruno Retailleau, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. - M. Alain Duffourg applaudit également.)

M. Bruno Retailleau. Madame la Première ministre, vous avez raison, une mort tragique ne peut pas servir de prétexte. Ces nuits de violences et de chaos exigent une double réponse : pour aujourd'hui, que la République serre les rangs ; pour demain, que le Gouvernement ouvre grand les yeux.

Il faut serrer les rangs, car, dans la mesure où l'ordre public n'est pas revenu, et tant qu'il ne sera pas rétabli, la seule attitude républicaine et responsable consiste à soutenir sans réserve les forces de l'ordre : les policiers nationaux et municipaux, les sapeurs-pompiers et, bien entendu, les élus ! (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains et UC, ainsi que sur des travées du groupe RDPI.)

Il faut aussi laisser le Gouvernement et le ministre de l'intérieur travailler, pour rétablir l'ordre républicain en France.

Nous sommes d'accord, madame la Première ministre : comme vous, je condamne ces élus de l'extrême gauche qui ont choisi leur camp. Ce camp est celui non pas de la République, mais des émeutiers ! Ce sont des professionnels de l'excuse sociale, mais, en l'occurrence, ils n'ont strictement aucune excuse !

Ensuite, le Gouvernement devra ouvrir grand les yeux et établir le bon diagnostic. Il devra également appeler un chat un chat : un émeutier n'est pas un déshérité ; un délinquant n'est pas une victime. (Mme Marie-Noëlle Lienemann s'exclame.)

Aussi, madame la Première ministre, je vous adresserai deux questions. Tout d'abord, quelles sont selon vous les causes de ces émeutes ? Ensuite, quels en sont les remèdes, sachant - vous le savez très bien - que la France tranquille n'accepte plus de passer à la caisse pour des minorités qui saccagent leur quartier ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées des groupes UC et INDEP.)

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Réponse du Première ministre publiée le 06/07/2023

Réponse apportée en séance publique le 05/07/2023

M. le président. La parole est à Mme la Première ministre.

Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Monsieur le président Bruno Retailleau, face aux violences inexcusables qui ont touché plusieurs centaines de communes depuis une semaine, notre premier objectif a été le retour à l'ordre républicain.

Nous avons engagé des moyens exceptionnels et, grâce à la mobilisation rapide de l'État, grâce à l'action et au courage des forces de l'ordre et des sapeurs-pompiers, grâce à la mobilisation des élus locaux, notamment les maires, les violences connaissent depuis quelques jours une très forte décrue et la situation revient progressivement à la normale.

Face à la crise, nous avions un devoir d'unité. À cet égard, je veux saluer, monsieur le sénateur, l'attitude républicaine dont a fait preuve votre famille politique en dénonçant les violences et en appelant au calme.

M. Pierre Cuypers. C'est la moindre des choses !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Bien entendu, au-delà des réponses d'urgence, nous devons nous pencher sur les causes profondes de cette crise.

Sans procrastiner, il nous faudra prendre la mesure de la complexité de la réalité : un tiers des communes qui ont connu des violences n'ont pas de quartier prioritaire de la politique de la ville et la moitié des villes avec des grands ensembles où sont menées des opérations lourdes de rénovation urbaine n'ont pas connu de violences.

La quasi-totalité des près de six millions d'habitants des quartiers, qui sont les premières victimes de ces violences, expriment leur incompréhension et leur colère. J'ai pu le mesurer moi-même à Garges-lès-Gonesse, à Évry ou à Bezons. Ils aspirent à la sécurité, à des services publics de qualité, à être des acteurs de la République sans distinction d'origine, comme le garantit l'article 1er de notre Constitution.

Monsieur le président Retailleau, ensemble, nous devrons nous interroger sur le respect de l'autorité, sur l'exercice de l'autorité parentale, sur l'influence des réseaux sociaux, sur la désinhibition face à la violence, ou encore sur l'efficacité de nos politiques publiques.

Nous mènerons ces réflexions sans a priori, sans excès ni caricature, sans tabou ni bouc émissaire. Nous le ferons avec tous les élus qui veulent agir et partagent les valeurs de la République. C'est ensemble que nous trouverons des solutions ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Bruno Retailleau, pour la réplique.

M. Bruno Retailleau. Madame la Première ministre, le temps nous est compté. Les causes, nous les connaissons, c'est la somme de tous nos renoncements, de tous les laisser-aller : la faillite de l'école ; la faillite de l'autorité parentale, le chaos migratoire, bien sûr (Protestations sur les travées des groupes CRCE, SER et GEST.), enfin, le caractère souvent inadapté de la réponse pénale pour ce qui concerne les mineurs.

Mme Marie-Noëlle Lienemann. Cela fait trente ans que vous dites cela !

M. Bruno Retailleau. Madame la Première ministre, adoptez la politique du courage. Ayez le courage de traiter les causes, et non leurs seules conséquences par la politique du carnet de chèques. Le cas échéant, nous serons à vos côtés (Marques d'impatience sur les travées des groupes CRCE, SER et GEST, où l'on signale que le temps de parole de l'orateur est écoulé.),...

M. le président. Il faut conclure !

M. Bruno Retailleau. ... car, sans ce courage, les violences reviendront et la France brûlera de nouveau ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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