Question de M. BONNECARRÈRE Philippe (Tarn - UC) publiée le 27/07/2023

M. Philippe Bonnecarrère attire l'attention de M. le ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion sur la révision des niveaux de prise en charge des contrats d'apprentissage.
Les artisans ne contestent pas que France compétences doit trouver son équilibre financier.
Par contre, la décision prise par France compétences le 7 juillet 2023 entérinait une baisse moyenne de 5 % des niveaux de prise en charge des contrats d'apprentissage.
Une telle décision est assez perturbatrice dans la mesure où indiscutablement l'apprentissage a, ces dernières années, tenu enfin ses engagements dans l'intérêt de notre pays, avec une montée en puissance du nombre de jeunes se tournant vers cette voie de formation.
Même si, encore une fois, cette décision de baisse peut être regrettée, la question posée ne vise pas tant à revenir sur cette baisse que sur les modalités de ciblage.
En effet, les baisses de niveau de prise en charge annoncées atteignent 10 % pour certaines formations qui sont essentielles à l'économie de proximité de nos territoires, à l'exemple dans l'alimentation des certificats d'aptitude professionnelle (CAP) boulangers et pâtissiers, pour l'automobile des CAP maintenance de véhicules et réparation de carrosseries, pour le bâtiment du CAP de monteur en installations sanitaires ou encore pour les services du CAP esthétique cosmétique parfumerie. Tous ces métiers ont comme caractéristique essentielle d'être des métiers dits en tension.
Il est donc paradoxal de concentrer les baisses sur les métiers qui sont les plus en tension.
Il lui est donc demandé si cette baisse de niveau de prise en charge peut être revue en tenant compte également d'éléments objectifs comme les plateaux techniques, qui sont nécessaires pour les formations précitées.
D'une autre manière, mais nous arrivons aux mêmes conclusions, une priorité sur des formations du supérieur peut se justifier mais correspond souvent à des formations moins coûteuses en terme d'investissement, soit en plateaux techniques, soit en terme de main d'oeuvre. Pour l'ensemble de ces motifs, il lui est demandé de bien vouloir réexaminer ce sujet et vérifier de manière plus approfondie l'impact de la baisse prévue sur les contrats d'apprentissage dans les métiers considérés souvent comme « en tension ».

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Transmise au Ministère auprès du ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion et du ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, chargé de l'enseignement et de la formation professionnels


Réponse du Ministère auprès du ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion et du ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, chargé de l'enseignement et de la formation professionnels publiée le 09/11/2023

L'apprentissage constitue une réponse efficace et concrète aux tensions de recrutement que rencontrent de nombreuses entreprises partout sur le territoire, y compris dans le secteur de l'artisanat, historiquement porté sur cette voie d'entrée dans les métiers. Depuis 2018, le Gouvernement a considérablement favorisé son développement, en lui consacrant des moyens exceptionnels. D'abord pour les jeunes bien sûr, à travers la garantie d'une formation gratuite et de qualité, mais également pour toutes les entreprises, notamment les TPE-PME, à travers la création d'une aide à l'embauche d'alternants, qui permet de maintenir une dynamique d'entrée en apprentissage importante dans notre pays. Conformément à la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel, l'Etat, grâce à son opérateur France compétences, est chargé d'assurer un travail de régulation des niveaux de financement de l'apprentissage, afin d'en assurer la pérennité et de garantir un usage efficient des fonds mutualisés des entreprises. Ce travail de régulation repose sur l'analyse annuelle des données de la comptabilité analytique des Centres de formation d'apprentis (CFA), qui permet de déterminer les coûts réels de formation, afin d'en adapter le niveau de financement. A ce titre, il est de la responsabilité des pouvoirs publics, et notamment de la mission de régulation de France compétences, de garantir un juste niveau de financement au regard des coûts réels constatés. La baisse des niveaux de prise en charge ne s'inscrit donc pas dans une logique stricte d'économie mais bien dans une démarche de fixation du juste prix, en responsabilité vis-à-vis de nos finances publiques. De fait, la méthode de régulation mise en place lors de cet exercice prend en compte les effets de l'inflation (de 5,2 % en 2022 selon l'Insee), puisqu'afin de fixer sa valeur maximale recommandée, France compétences a appliqué à l'ensemble des coûts moyens de formation constatés dans les CFA et par certification, une hausse de 10 %. Aucune baisse n'est intervenue en dessous de cette valeur. A cette première garantie quant à la préservation des équilibres économiques des CFA est venue s'ajouter une seconde garantie, puisqu'il a été acté que, pour les niveaux de prise en charge définis par les branches, l'Etat n'imposerait aux branches aucune baisse au-delà de 10 % pour une formation donnée, et ce même si pour certaines formations, les écarts constatés excédaient largement ce taux. Dans le respect de ces principes, le référentiel de France compétences organise une diminution de 5% en moyenne des niveaux de prise en charge des contrats d'apprentissage conclus à compter du 8 septembre 2023. En complément, le Gouvernement a souhaité préserver la capacité de l'appareil de formation à former des apprentis sur les métiers transverses, sur lesquels les branches professionnelles avaient été peu nombreuses à proposer des valeurs, et auxquelles étaient appliquées les valeurs de carence, dont certaines accusaient des baisses importantes. Parce que ces métiers sont essentiels au développement économique de nombreuses entreprises [dont celles de l'artisanat], le Gouvernement a réhaussé les valeurs de carence en limitant la baisse au maximum à 10 % par rapport aux valeurs de 2022. De surcroît, le Gouvernement est conscient que la complexité que revêt le système de régulation budgétaire de l'apprentissage ne favorise pas une prévisibilité et une stabilité optimale pour le développement de l'appareil de formation en apprentissage. C'est en ce sens que celui-ci est ouvert au dialogue avec les acteurs de l'apprentissage dont les réseaux représentants des CFA, et notamment les chambres des métiers et d'artisanat, afin d'envisager les pistes d'amélioration de ce processus. Une large consultation sera organisée en ce sens à la fin de l'année 2023. Ainsi, le Gouvernement maintient-il son engagement majeur en faveur de l'apprentissage, tout en conduisant des mesures en faveur de la rationalisation du fonctionnement des centres de formation des apprentis qui participent à l'objectif de soutenabilité budgétaire du système de financement de l'alternance, gage de sa pérennité, avec pour objectif d'atteindre un million de nouveaux apprentis par an dans notre pays d'ici la fin du quinquennat.

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