Question de Mme BROSSEL Colombe (Paris - SER) publiée le 12/10/2023

Question posée en séance publique le 11/10/2023

M. le président. La parole est à Mme Colombe Brossel, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

Mme Colombe Brossel. Monsieur le ministre de l'éducation nationale, ma question porte sur le bilan de votre rentrée scolaire. En effet, derrière votre plan de communication permanente, il y a des chiffres, des constats et des réalités qui sont cruels, pour vous, mais surtout pour les élèves, leurs enseignants et le personnel éducatif, car ce sont eux qui en paient le prix.

Cette rentrée scolaire a été celle de l'impréparation et des engagements non tenus. À la fin du mois d'août dernier, vous avez annoncé qu'il y aurait un professeur dans chaque classe : il n'en est rien. Dans plusieurs académies, des enseignants ont été nommés et affectés plusieurs jours après la rentrée, quittant du jour au lendemain leurs classes et leurs élèves pour rejoindre leur affectation définitive.

De même, des milliers de lycéens, souvent en voie professionnelle ou technologique, attendent encore, le 11 octobre, qu'un professeur leur soit affecté.

Enfin, alors que 288 000 enfants en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire ont besoin d'un accompagnement, la moitié d'entre eux n'en a aucun ! Le 3 octobre dernier, les accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) étaient d'ailleurs en grève.

Voilà un tableau bien noir, alors même que les urgences s'accumulent...

Monsieur le ministre, que répondez-vous aux parents et aux élèves qui sont face à la chaise vide de leur enseignant ?

Que dites-vous aux enseignants qui méritent plus que des primes conditionnées à l'exercice de missions supplémentaires ?

Que déclarez-vous aux AESH, qui veulent, enfin, être reconnus pour leur travail indispensable ? (Applaudissements sur les travées du groupe SER. - Mmes Céline Brulin, Antoinette Guhl et Marie-Claude Varaillas applaudissent également.)

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 12/10/2023

Réponse apportée en séance publique le 11/10/2023

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

M. Gabriel Attal, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Madame la sénatrice, vous m'interrogez au sujet de la rentrée scolaire.

Pour vous répondre, je voudrais commencer par saluer, car vous n'avez pas jugé bon de le faire, les enseignants, les chefs d'établissement et les agents des rectorats qui ont organisé cette rentrée au service des élèves et des familles. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI - Protestations sur les travées du groupe SER.)

Mme Colombe Brossel. Bla bla bla !

M. Gabriel Attal, ministre. Madame la sénatrice, il y a des difficultés dans notre système scolaire, évidemment. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe SER.)

Toutefois, je veux rappeler quelques réalités. Depuis 2017, notre système scolaire compte 300 000 élèves de moins. Si nous nous étions adaptés à cette évolution démographique, nous aurions supprimé environ 20 000 postes... Or nous en avons créé 2 000 ! Voilà la réalité : 300 000 élèves de moins et 2 000 postes de plus.

Par ailleurs, si l'on compte 300 000 élèves de moins depuis 2017, le budget du ministère a augmenté de 30 %, ce qui ne s'est jamais vu dans les précédents quinquennats ! Oui, il y a des difficultés, bien sûr, mais nous investissons comme jamais auparavant pour l'éducation nationale.

Vous avez abordé le sujet de la rémunération des enseignants : leur revalorisation était due, bien sûr. Contrairement à ce que vous avez affirmé, elle n'est pas conditionnée à l'exercice de missions supplémentaires ! Tous les enseignants ont connu une revalorisation sans contrepartie, et c'est encore vrai pour cette rentrée.

Si l'on compare la rentrée de 2022 à celle de 2023, tous les enseignants ont touché entre 125 euros et 250 euros net de plus, sous l'effet de l'augmentation du point d'indice et de la revalorisation-choc qui a eu lieu en cette rentrée.

Vous parlez de l'école inclusive et des AESH. Nous avons doublé le nombre d'élèves accueillis et avons recruté 40 000 AESH, dont le salaire, en cette rentrée, a été revalorisé de 13 %.

M. Hussein Bourgi. Pourquoi sont-ils en grève, alors ?

M. Gabriel Attal, ministre. Évidemment, nous ne sommes pas au bout des problèmes. Nous devons maintenant améliorer la qualité de l'accueil des élèves, et c'est le sens du travail que j'ai engagé, avec mes collègues Fadila Khattabi et Aurore Bergé, pour continuer à avancer.

Mme Marie-Pierre de La Gontrie. Tout va bien, alors...

M. Gabriel Attal, ministre. Oui, il y a des difficultés, mais nous investissons comme jamais dans l'éducation nationale.

Je suis absolument convaincu que nous viendrons au bout de ces difficultés, en lien avec les enseignants, les chefs d'établissement, les AESH et les familles, car nous voulons tous, je le crois, la réussite de notre école et de nos élèves. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. - MM. Olivier Bitz et Daniel Chasseing applaudissent également.)

M. Xavier Iacovelli. Bravo !

M. le président. La parole est à Mme Colombe Brossel, pour la réplique.

Mme Colombe Brossel. J'ai trop de respect pour cette assemblée pour céder à la démagogie. (Exclamations ironiques sur les travées des groupes RDPI et Les Républicains.)

Tom, Jasmine, Abderrahmane et Louise n'ont pu faire leur rentrée cette année, car ce sont des enfants en situation de handicap.

Guillaume, Abdel et Fatoumata sont des lycéens qui n'ont pas pu faire leur rentrée cette année, car ils n'ont pas reçu d'affectation.

Aussi longtemps que le Gouvernement considérera que ce sont des statistiques, nous continuerons à porter la parole de ces enfants et de ces élèves partout, y compris dans cet hémicycle. (Bravo ! et applaudissements sur les travées des groupes SER et GEST, ainsi que sur des travées du groupe CRCE-K.)

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