Question de M. VANLERENBERGHE Jean-Marie (Pas-de-Calais - UC) publiée le 19/10/2023

Question posée en séance publique le 18/10/2023

M. le président. La parole est à M. Jean-Marie Vanlerenberghe, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

M. Jean-Marie Vanlerenberghe. Madame la Première ministre, mes chers collègues, trois années ont passé. La douleur de l'assassinat de Samuel Paty est encore présente. Elle vient d'être rouverte à vif par le meurtre de Dominique Bernard à Arras, ma ville, où l'émotion est à son comble.

Une fois de plus, l'école est une cible pour ceux qui en veulent à nos valeurs, qui en veulent à notre République.

Cependant, le terroriste a trouvé sur son chemin des héros. Avec un sang-froid admirable, enseignants, agents et policiers, au péril de leur propre vie, en ont sauvé de nombreuses. Les mots sont trop faibles pour les remercier et leur rendre hommage.

Si le temps est au deuil et au recueillement, il n'occulte pas tout à fait celui des questions.

Après trois décennies d'attentats et une trentaine de lois, l'arsenal juridique et policier existe. Est-il suffisant ? L'attentat d'Arras montre malheureusement qu'il y a des failles.

Pour autant, une énième loi de circonstance n'a guère d'intérêt. J'en appelle donc à la sagesse du Sénat pour trouver, dans la future loi Immigration, les réponses justes et fermes.

Reste qu'il faut miser aussi et surtout sur une véritable politique éducative et parentale, impérative pour réarmer moralement la jeunesse.

L'école doit demeurer un sanctuaire à l'abri de la violence de certains foyers et des idéologies mortifères, un lieu où l'on apprend et où l'on s'émancipe.

Monsieur le ministre de l'éducation nationale, vous avez rencontré à Arras les enseignants, bouleversés par le drame. Ils attendent vos réponses à leurs questions. Pour ma part, je vous en pose deux.

Premièrement, qu'allez-vous faire, pour assurer la protection des établissements scolaires ? Les grilles et les circulaires ne suffiront pas !

Deuxièmement, qu'allez-vous faire pour que le travail éducatif et civique qui a été réalisé par Samuel Paty et Dominique Bernard et que mènent tous les enseignants de notre pays ne soit pas vain ? (Applaudissements sur les travées des groupes UC et INDEP, ainsi que sur des travées des groupes RDSE et Les Républicains. - Mme Cathy Apourceau-Poly applaudit également.)

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 19/10/2023

Réponse apportée en séance publique le 18/10/2023

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

M. Gabriel Attal, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Monsieur le sénateur Vanlerenberghe, nous étions ensemble vendredi dernier à Arras. Nous y avons rencontré une communauté éducative profondément traumatisée, mais qui reste debout et qui a fait le choix de rouvrir l'établissement scolaire dès le lendemain de l'attentat, le samedi, pour accueillir les enseignants, les élèves et les familles.

Je veux à mon tour, comme vous l'avez fait, monsieur le sénateur, rendre hommage à cette exemplaire mobilisation dans des circonstances absolument terribles et dramatiques.

Vous l'avez dit, Dominique Bernard est tombé en héros. Ses collègues qui sont intervenus sont des héros. Toutefois, ce sont des héros qui n'auraient pas dû l'être en de telles circonstances. La mission d'un enseignant, sa vocation, c'est de sauver des vies par la pédagogie, et non en s'interposant entre un terroriste armé et des élèves.

C'est pourquoi notre responsabilité absolue est de garantir à nos enseignants, à tous les personnels et aux élèves les conditions de sécurité qui sont évidemment nécessaires pour que l'école remplisse sa mission dans la sérénité.

Monsieur le sénateur, vous avez abordé deux questions.

Pour ce qui concerne la sécurité des bâtiments, j'ai rencontré ce midi l'ensemble des présidentes et présidents d'associations d'élus et nous publierons une déclaration commune dans les prochaines heures. Je puis néanmoins vous en livrer la substance : nous sommes unis autour de cet objectif de protection de nos agents et de nos élèves. Des efforts et des progrès ont été réalisés ces dernières années, notamment depuis 2015, quand le gouvernement d'alors avait engagé un plan massif de sécurisation et des plans de mise à l'abri.

Je le dis, ces mesures ont probablement permis d'éviter un carnage à Arras, où la réaction du personnel enseignant et éducatif a été tout à fait exemplaire.

Il faut probablement aller plus loin, et nous sommes déterminés à travailler de concert en ce sens.

J'en viens à la sécurité intellectuelle de nos enseignants, pour qu'ils puissent continuer à assumer leur mission. Oui, l'école doit rester un sanctuaire. Je suis conscient que, dans certains endroits, elle doit même le redevenir. Il s'agit là d'une mission profondément structurante, sur laquelle nous aurons à avancer tous ensemble.

J'ai un peu dépassé le temps de parole qui m'est imparti, monsieur le président, je vous prie de m'en excuser. D'autres questions me permettront d'approfondir ce sujet. (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI et RDSE. - M. Emmanuel Capus applaudit également.)

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