Question de Mme PETRUS Annick (Saint-Martin - Les Républicains) publiée le 19/10/2023

Question posée en séance publique le 18/10/2023

M. le président. La parole est à Mme Annick Petrus, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Annick Petrus. Monsieur le président, mes chers collègues, ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

Alors qu'un double hommage a été rendu aux professeurs Dominique Bernard et Samuel Paty, lâchement assassinés par des terroristes islamistes, une rage sourde et une crainte certaine envahissent le monde enseignant.

Comment peut-on mourir d'enseigner en France en 2023 ? J'ai passé plus de trente-cinq ans de ma vie à enseigner et j'étais heureuse de me rendre à mon établissement chaque matin. Aujourd'hui, cela ne serait certainement plus le cas. L'école est devenue la cible du terrorisme. Nous en avons la confirmation avec ces tragiques événements.

À la colère et à la tristesse que nous éprouvons s'ajoute aussi l'effroi à l'idée que n'importe quel enseignant peut être aujourd'hui une cible. Dans une société de plus en plus violente, les enseignants se retrouvent souvent bien seuls, face à des assaillants qui peuvent profiter d'un interclasse pour entrer tranquillement dans un établissement scolaire et tuer.

Ils sont tout aussi démunis face à leur hiérarchie. Nos enseignants veulent un siècle de parole, non une minute de silence, le bras le long du corps, la montre en main. Ils veulent vivre pour enseigner, éduquer, instruire et élever : c'est leur mission et leur destin.

Monsieur le ministre, nos enseignants attendent un soutien clair et sans faille de l'État.

Aussi, quels moyens entendez-vous mettre au service de nos établissements et de notre école, afin que celle-ci puisse assurer sa mission essentielle, à savoir transmettre nos valeurs ?

Par ailleurs, comment comptez-vous réarmer nos enseignants et leur assurer une formation, à l'image de ce que furent les écoles normales à la fin du XIXe siècle ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. - M. Dominique Théophile applaudit également.)

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 19/10/2023

Réponse apportée en séance publique le 18/10/2023

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

M. Gabriel Attal, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Madame la sénatrice Petrus, vous avez raison, notre école a été la cible des terroristes islamistes parce qu'elle promeut des valeurs profondément contraires à celles qu'ils défendent. L'important est qu'elle ne cède jamais un iota sur ses valeurs.

Depuis vendredi dernier, comme cela avait déjà été le cas après l'assassinat de Samuel Paty, 860 000 enseignants se rendent dans leur établissement en se disant que cela aurait pu être eux, et notre responsabilité est de leur apporter la sécurité.

J'ai rencontré l'ensemble des associations d'élus ce midi : nous sommes unis dans notre détermination à leur apporter cette sécurité. Beaucoup d'investissements et d'efforts ont été réalisés ces dernières années, je le rappelle, en termes de formation au sein des établissements - pour mettre en sécurité lorsqu'il y a une alerte intrusion - ou en termes d'équipement - pour limiter au maximum le risque d'une intrusion extérieure dans les établissements et, le cas échéant, lutter contre celle-ci. Évidemment, il faut aller plus loin, et c'est ce sur quoi nous nous sommes accordés ce midi avec les associations d'élus.

Vous posez la question des moyens. L'État ne s'est jamais dérobé à ses responsabilités en la matière. Au contraire, depuis 2017, sur le budget de mon collègue Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur et des outre-mer, 100 millions d'euros ont été consacrés à la sécurisation d'établissements publics locaux dans le cadre du fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD). Cela a permis d'aider des collectivités territoriales à sécuriser des écoles, par exemple.

Nous continuerons évidemment à accompagner les collectivités locales dans ces investissements pour la sécurisation. Au cours des débats budgétaires qui s'annoncent, je suis certain que cela fera partie des sujets sur lesquels vous vous pencherez, dans votre rôle de parlementaires, afin que l'État, avec les collectivités locales, puisse continuer à agir en toutes circonstances pour assurer ce que nous devons à notre communauté enseignante et à nos personnels : la sécurité de leur établissement, pour la sérénité de leurs enseignements. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains.)

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