Question de M. MÉRILLOU Serge (Dordogne - SER) publiée le 26/10/2023

M. Serge Mérillou attire l'attention de M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires sur la situation des producteurs français de bois.

La loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire (AGEC) prévoit l'application de la responsabilité élargie des producteurs sur les produits et matériaux de construction pour le secteur du bâtiment (REP PMCB). Les coûts de traitement en fin de vie prévus par la REP PMCB pour le bois sont bien supérieurs que ceux appliqués à l'acier et au béton. L'augmentation de l'écocontribution des acteurs du bois prévue en 2024 engendrera de manière évidente une préférence pour les autres matériaux. À ce déséquilibre entre matériaux de construction, s'ajoute la présence sur le marché du bois d'importation qui n'est pas soumis aux mêmes obligations. La menace d'une double concurrence pèse donc à très court terme sur les producteurs français du bois.

En outre, l'application de la REP PMCB révèle une incohérence avec les ambitions nationales en matière écologique. Le cycle de vie du bois est écologiquement intéressant, c'est un matériel décarboné et son traitement en fin de vie nourrit d'autres filières, telle que celle de l'énergie. La valorisation du bois sera indispensable pour atteindre les objectifs de neutralité carbone.

Une des raisons de la mise en péril de la filière est l'avis aux producteurs édicté le 10 décembre 2022. Celui-ci attribue le paiement de l'écocontribution aux industriels de la première transformation du bois, quand l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) recommandait de faire contribuer les derniers industriels ayant transformés ou assemblés les produits avant-vente.

Il lui demande la révision de cet avis aux producteurs afin d'assurer la survie d'une filière essentielle pour la réalisation de la transition écologique de la construction française.

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Réponse du Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires publiée le 07/12/2023

La loi anti-gaspillage de février 2020 a créé la filière à responsabilité élargie des producteurs de produits et matériaux de construction du bâtiment. En effet, compte tenu de l'absence d'exutoires pour les déchets de chantiers des professionnels du bâtiment, et de la multiplication des dépôts sauvages de déchets, qui avait conduit au tragique décès du maire de Signes dans le Var le 5 août 2019, le Parlement avait décidé de soumettre la collecte, le tri et la valorisation des déchets du bâtiment à la responsabilité élargie des producteurs. S'agissant d'une filière comportant de très nombreux acteurs, la définition du cahier des charges de la filière, et l'agrément des 4 éco-organismes qui à la fois collectent les éco-contributions des entreprises metteurs en marché des produits et matériaux de construction et organisent la collecte et soutiennent les collectivités locales participant à la collecte de ces déchets pour les particuliers ou les professionnels, a été pleinement effective au début de l'année 2023. Si dans un premier temps, les éco-organismes avaient défini en septembre 2022 le montant des éco-contributions qu'ils appellent, en tenant compte de la trajectoire de montée en puissance des soutiens à accorder aux nouvelles installations de collecte et de tri à mettre en oeuvre, plusieurs d'entre eux ont finalement décidé de revoir à la baisse ce montant fin 2022, remettant en cause leurs engagements de déployer des points de collecte des déchets triés comme ils s'y étaient engagés. De fait, alors que les points de collecte et les actions à mener en 2024 nécessitent des moyens supplémentaires, ces éco-organismes n'ont d'autre choix que d'augmenter le montant de l'éco-contribution à appeler pour 2024. C'est effectivement une augmentation d'éco-contribution plus importante qui est demandée à l'ensemble des producteurs de produits et matériaux de construction, sachant que la collecte et le recyclage du bois est l'un des postes les plus coûteux aujourd'hui dans cette filière. Elle a conduit au moins un des éco-organismes à augmenter l'éco-contribution des acteurs de la filière bois, tout en prévoyant, comme la loi le lui permet, de répartir cette augmentation de contribution sur les producteurs d'autres matériaux, comme l'acier ou le plâtre. La décision de faire contribuer les producteurs de matériaux très en amont de la filière, au lieu de faire contribuer des producteurs de produits finis, par exemple les charpentiers qui livrent des éléments préfabriqués sur les chantiers, conduit en termes d'affichage à une augmentation potentielle du prix des produits plus importante. Ce choix a été motivé par la très forte opposition des professionnels du bâtiment d'eux-mêmes de contribuer au financement de la filière, ce qui est regrettable car ils en sont avant tout les principaux bénéficiaires en mettant à leur disposition toute une infrastructure qui manque cruellement aujourd'hui. Les éco-organismes ont le devoir vis-à-vis de leurs adhérents, de rechercher et de relancer les entreprises non-contributrices. Or, à ce stade, aucun effort n'a été entrepris pour identifier ces non contributeurs, contrairement au fonctionnement normal de ces éco-organismes. De fait, s'il y a des entreprises non-contributrices, il est difficile pour les services de contrôle de l'Etat de les poursuivre. Des discussions sont en cours avec les metteurs en marché et les éco-organismes, mais les solutions proposées à ce stade par ces derniers ne sont pas suffisantes pour permettre une juste sanction des non contributeurs. Il importe avant tout que la filière à responsabilité élargie des producteurs de la filière des produits et matériaux de construction monte en puissance selon le calendrier prévu, afin de pleinement lutter contre les dépôts sauvages, et que l'ensemble des acteurs concernés se mobilisent pour atteindre cet objectif.

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