Question de M. de LEGGE Dominique (Ille-et-Vilaine - Les Républicains) publiée le 09/11/2023

Question posée en séance publique le 08/11/2023

M. le président. La parole est à M. Dominique de Legge, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Dominique de Legge. Madame la Première ministre, plus d'un millier d'actes antisémites ont été commis depuis le 7 octobre : des croix gammées et des étoiles de David taguées sur les murs ; des lettres de menaces ; des agressions verbales, et parfois même physiques, de Français, jusqu'à leur domicile, parce qu'ils sont juifs ; une haine qui s'affiche même dans le métro.

Comment la France en est-elle arrivée là, madame la Première ministre ? Quelles sont, selon vous, les causes de cette dérive, et comment comptez-vous lutter contre cet antisémitisme d'atmosphère qui gangrène notre société ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe UC.)

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Réponse du Ministère de l'intérieur et des outre-mer publiée le 09/11/2023

Réponse apportée en séance publique le 08/11/2023

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer.

M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur et des outre-mer. Monsieur le sénateur Dominique de Legge, il est tout à fait vrai qu'il y a en France une explosion du nombre des actes antisémites.

Ces faits étaient déjà nombreux avant l'attaque terroriste du Hamas contre la population israélienne. Mais l'aggravation est désormais évidente : les 1 159 actes antisémites relevés depuis le 7 octobre dernier représentent à eux seuls trois fois plus de faits qu'au cours de toute l'année 2022.

Ces événements dramatiques - agressions verbales, croix gammées, étoiles de David dessinées là où l'on pense que des Français de confession juive habitent, agressions physiques aussi - ont donné lieu à 518 interpellations par la police et par la gendarmerie.

En effet, à la demande du Président de la République et de la Première ministre, dès le premier jour, dans les 950 lieux où les Français de confession juive ont l'habitude de mener leurs enfants à l'école, de vivre leur culte, ou simplement de vivre, nous avons mobilisé quasiment 11 000 policiers, gendarmes et militaires de l'opération Sentinelle, qui ont pu protéger ces Français contre de très nombreux actes antisémites et interpeller des personnes qui voulaient passer à l'acte.

La haine est aussi traquée sur internet : 7 726 signalements ont été déposés sur la plateforme d'harmonisation, d'analyse, de recoupement et d'orientation des signalements (Pharos). Grâce à ces signalements, nous avons pu identifier 296 personnes et procéder à de nombreuses interpellations, afin que la haine et les menaces sur internet soient condamnées par la justice.

J'ai pris des dispositions très claires pour que les ressortissants étrangers parmi les personnes interpellées se voient systématiquement retirer leur titre de séjour : cela concerne 120 personnes parmi les quelque 500 interpellations que j'évoquais ; une quarantaine d'entre eux sont en centre de rétention administratif. Nous avons déjà commencé les éloignements, comme vous avez pu le voir, parce qu'on ne peut pas toucher un Français de confession juive, un juif en France, sans toucher toute la République.

La haine antisémite touche malheureusement tout l'Occident, mais, en France, les Français de confession juive ont l'absolue protection de la République : toucher à un juif en France, c'est toucher toute la France. Les policiers et les gendarmes pour qui l'on prie tous les samedis à la synagogue le savent très bien ; ils rendent aux juifs de France un peu de la protection et de l'amour que ceux-ci leur donnent. (Applaudissements sur toutes les travées, à l'exception de celles du groupe CRCE-K.)

M. le président. La parole est à M. Dominique de Legge, pour la réplique.

M. Dominique de Legge. Merci de votre réponse, monsieur le ministre. Mais vous conviendrez avec moi que, pour traiter le mal, il faut le prendre à la racine : il faut accepter d'identifier sans tabou ses origines et ses ressorts. L'antisémitisme déguisé en compassion pour les Palestiniens se nourrit du wokisme (Exclamations sur les travées des groupes SER, GEST et CRCE-K.) et de sa haine de la culture occidentale. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées des groupes UC et INDEP.)

Dans ce domaine comme dans tant d'autres, il n'y a pas de place pour le « en même temps ». Oui, il y a une culture française, qui puise ses valeurs dans notre histoire judéo-chrétienne. (Protestations sur les travées du groupe SER.)

Mme Jacqueline Eustache-Brinio. Très bien !

M. Stéphane Ravier. Bravo !

M. Dominique de Legge. Comment s'étonner de l'échec de l'intégration si nous doutons nous-mêmes de notre histoire, de nos valeurs, de notre culture, quand nous n'allons pas jusqu'à les dénigrer au nom du multiculturalisme ? (Très bien ! sur les travées du groupe Les Républicains.)

La vérité est que nous avons, sous couvert de tolérance ou d'accommodements dits « raisonnables », renoncé à notre identité et à notre culture pour épouser un relativisme culturel qui montre aujourd'hui ses limites et ses effets délétères.

Depuis de nombreuses années, des voix se sont élevées, et nous avons refusé de les entendre. (Exclamations sur les travées des groupes CRCE-K et SER.)

M. Stéphane Ravier. La mienne !

M. Dominique de Legge. En 1894 déjà, Anatole France, dans Le Lys rouge, écrivait : « L'antisémitisme, c'est la mort, entendez-vous, de la civilisation européenne. » Des propos qui sont bien d'actualité... (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées des groupes UC et INDEP.)

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