Question de Mme EUSTACHE-BRINIO Jacqueline (Val-d'Oise - Les Républicains) publiée le 30/11/2023

Question posée en séance publique le 29/11/2023

M. le président. La parole est à Mme Jacqueline Eustache-Brinio, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Jacqueline Eustache-Brinio. Ma question s'adresse à Mme la Première ministre.

Hélas, après l'expédition punitive dramatique de Crépol, force est de constater qu'il y a bien deux France qui s'opposent.

D'un côté, une France qui a basculé dans une violence gratuite, une France où l'ivresse de la barbarie est le résultat d'une éducation défaillante et d'un refus d'accepter nos valeurs, une France « hors tout », souvent biberonnée à l'argent public ou vivant parfois de trafics, une France minoritaire certes, mais revendicative et omniprésente.

De l'autre, une France paisible, respectueuse des lois, de l'autorité, une France civilisée qui aime s'amuser, s'instruire, s'engager, apprendre, une France tolérante, généreuse et ouverte d'esprit, qui subit quotidiennement l'autre France.

Face à ce constat aussi désolant que préoccupant, nous méritons mieux que des leçons de morale ou des procès en stigmatisation ou en récupération politique. Les Français n'acceptent plus ce déni qui ne fait qu'accentuer davantage le fossé entre ces deux France.

Vos litanies ne font qu'attiser les rancoeurs et le sentiment d'injustice, et favorisent l'inquiétante envie de se faire justice.

M. Jérôme Durain. C'est donc normal ?

Mme Jacqueline Eustache-Brinio. Face à face, nous y sommes !

Quand le Gouvernement écoutera-t-il enfin ceux qui n'ont qu'une seule volonté : l'unité de notre pays et la paix civile ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Ministère auprès de la Première ministre, chargé du renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement publiée le 30/11/2023

Réponse apportée en séance publique le 29/11/2023

M. le président. La parole est à M. Olivier Véran, ministre délégué chargé du renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement. (M. Jacques Grosperrin s'exclame.)

M. Olivier Véran, ministre délégué auprès de la Première ministre, chargé du renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement. Madame la sénatrice Eustache-Brinio, quand on prône l'unité de la France, on ne peut pas dire qu'il y aurait deux France qui s'opposeraient l'une à l'autre. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur les travées des groupes SER, CRCE-K et GEST. - Exclamations sur des travées du groupe Les Républicains.)

Il y a, madame la sénatrice, une France : celle des villes, celle des champs, celle des cités, celle des coeurs de ville - une seule France, unie. Et dans cette France, il y a des délinquants. Or ces délinquants, nous devons les traquer, les sanctionner, les punir et protéger la population contre les actes délictueux qu'ils peuvent commettre.

À Crépol, où je me suis rendu, ce sont des délinquants qui ont attaqué gravement et tué le jeune Thomas. Ils ont aussi blessé des habitants de cette commune et des alentours, venus se rassembler pour faire ce que l'on fait de mieux en France : s'unir dans la fête et dans la joie.

Je l'ai dit lors de mon déplacement à Crépol : c'était non pas une rixe, mais une attaque. Un meurtre a été commis. Le motif de meurtre en bande organisée a été retenu par le procureur, de sorte que le suspect présumé de l'assassinat du jeune Thomas est passible de la prison à perpétuité.

Je l'ai réaffirmé à Crépol : l'État de droit est fort, il est ferme, et il est le même pour tout le monde. Aucun facteur potentiellement aggravant ne sera éludé ; rien ne sera caché.

Je salue l'action déterminée des forces de police, notamment de la gendarmerie. Une mobilisation de 150 hommes a permis en moins de trois jours - ce qui est rarissime - d'interpeller neuf prévenus dont sept avaient prévu de prendre la fuite en Espagne.

Madame la sénatrice, personne ne nie qu'une grande partie de nos compatriotes, qu'ils soient issus de la France des villes ou de la France des champs, ont peur face à ces possibles déferlements de violence. Mais parmi ceux-ci, certains vivent cette violence au quotidien : ce sont les habitants des quartiers dont sont souvent issus les délinquants. C'est donc aussi vers eux que nous devons tourner nos pensées, et c'est pour eux, aussi, qu'il faut rétablir la paix républicaine et la concorde. Ils font partie de cette France unie, indivisible, à laquelle je vous sais attachée autant que nous, et que nous protégeons. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. Fabien Genet. Que nous protégeons mal !

M. le président. La parole est à Mme Jacqueline Eustache-Brinio, pour la réplique.

Mme Jacqueline Eustache-Brinio. L'omerta engendre la colère et je crains que nous n'ayons pas la même notion de la lucidité !

Les morts de Samuel Paty, de Dominique Bernard, de Lola, d'Enzo et de Thomas sont des faits de société. C'est une réalité.

L'impunité, le « en même temps » et votre aveuglement vous ont conduits à ignorer une France qui aspire clairement à l'autorité, à la fermeté et au respect !

Diriger, gouverner, c'est avoir du courage, de la cohérence. C'est ne pas céder aux minorités, c'est accepter d'écouter enfin cette majorité silencieuse qui n'en peut plus et qui ne veut plus subir ces violences !

Essentialiser les citoyens de ce pays, comme l'a fait le garde des sceaux hier, est inacceptable.

Réveillez-vous, tant qu'il en est encore temps ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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