Question de M. DARRAS Jérôme (Pas-de-Calais - SER) publiée le 23/11/2023

M. Jérôme Darras attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse sur la situation de l'apprentissage de l'allemand en France.

En effet, en dépit des réalités économiques et des relations avec son premier partenaire, les chiffres de l'enseignement de l'allemand ces dernières années sont alarmants. Ils font état d'un net recul du nombre d'apprenants et du nombre de professeurs dans cette matière. Le nombre d'apprenants dans le premier degré est ainsi passé de 18,6 % des élèves au début des années 2000 à seulement 3,6 % en 2022. Dans le secondaire, ce sont environ 14 % des élèves qui apprennent l'allemand avec une baisse continue des effectifs depuis ces dernières années.

La réforme du baccalauréat et la création de spécialités langues littératures et cultures étrangères (LLCE) n'a malheureusement pas permis de redynamiser l'attractivité de l'allemand, puisque seulement 156 élèves dans toute la France l'ont présenté au baccalauréat en 2022. À titre comparatif, 237 ont présenté la spécialité de grec ancien, 535 de latin, 5 692 d'espagnol et 47 840 d'anglais.

Ce délaissement de l'allemand comme spécialité entraîne de fait une diminution drastique du nombre de professeurs. Celui-ci a été divisé par deux durant ces quinze dernières années, l'allemand étant la discipline dans laquelle la proportion de postes non pourvus au certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré (CAPES) est la plus élevée. Cette diminution entraîne donc une pénurie de professeurs et une détérioration des conditions de travail pour les professeurs d'allemands devant alors intervenir dans plusieurs établissements.

Face à cet état de fait, l'accord signé par le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse et son homologue allemand le 24 novembre 2022, visant à relancer l'apprentissage de la langue du partenaire dans l'esprit du traité de l'Élysée et du Traité d'Aix-la-Chapelle, mérite d'être salué.

Cependant, afin que cet accord ne reste pas un voeu pieux, des mesures spécifiques, doivent être mises en oeuvre.

Aussi, il lui demande de bien vouloir lui faire connaître les mesures concrètes prises depuis la signature de cet accord et les mesures envisagées prochainement pour relancer l'apprentissage de l'allemand en France.

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Transmise au Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse


Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 14/03/2024

L'enseignement de l'allemand en France constitue une priorité du ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse dans le cadre de la politique de développement de l'enseignement des langues vivantes. Un courrier à l'attention des recteurs sur l'offre et le pilotage de l'enseignement de l'allemand a été transmis le 30 novembre 2023 pour rappeler l'objectif visé d'une « augmentation de 5 % du nombre global d'élèves apprenant l'allemand d'ici 2025 et de 10 % d'ici 2030 » conformément à la stratégie française pour le développement de l'apprentissage de la langue du partenaire signée à Berlin le 24 novembre 2023 par le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse de la République française et le plénipotentiaire de la République fédérale d'Allemagne chargé des affaires culturelles dans le cadre du Traité sur la coopération franco-allemande. Parmi l'ensemble des leviers identifiés pour renforcer l'apprentissage de l'allemand, le ministère a appelé l'attention des recteurs d'académie en 2023 sur la nécessité de garantir la présence de l'allemand de manière équilibrée dans les territoires en faisant du travail des commissions académiques des langues un levier pour la diversité linguistique. Cela doit commencer par une cartographie du franco-allemand en académie à tous les niveaux du parcours linguistique de l'élève. Ce courrier engage également les rectrices et les recteurs à renforcer les dispositifs existants et à prendre toutes les mesures permettant d'augmenter le nombre d'apprenants : déployer des dispositifs « bilangues » (en respectant la parité horaire), renforcer l'offre des disciplines non linguistiques enseignées en allemand au collège et au lycée, notamment. Enfin, il s'agit de consolider les ressources humaines : à la fois offrir un meilleur soutien aux professeurs aujourd'hui, et rendre plus attractif ce métier et cette discipline pour celles et ceux qui voudraient le devenir demain. Ceci passe par une gestion et un accompagnement des professeurs contractuels ou des personnes envisageant d'être professeur d'allemand en seconde carrière, par le développement des contrats de préprofessionnalisation pour les étudiants en allemand et par l'amélioration des conditions d'exercice des professeurs, notamment en stabilisant les postes d'allemand. L'évolution du nombre de professeurs d'allemand s'inscrit dans un contexte européen de crise des recrutements dans les métiers de l'éducation. Il est néanmoins constaté une légère augmentation du nombre de candidats (+ 4 %) pour l'ensemble des concours en allemand pour la session 2023. Par ailleurs, le ministère poursuit son travail de transformation des métiers de l'éducation au sein d'un processus global d'amélioration des conditions de travail des personnels et de revalorisation salariale ; à la rentrée, et sans condition, tous les professeurs ont perçu entre 125 et 250 € net de plus qu'à la rentrée précédente. La question de l'attractivité est également au coeur de la réflexion en matière de formation initiale, notamment par le levier de la mobilité et le développement de formations franco-allemandes (via les INSPE) et européennes (via Erasmus+) pour les étudiants qui se destinent à l'enseignement. À ce titre, la redynamisation du programme des assistants de langue allemande est également une piste d'amélioration majeure dans la mesure où parmi les assistants se trouve souvent une partie du futur vivier d'enseignants d'allemand.

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