Question de M. MALHURET Claude (Allier - Les Indépendants) publiée le 18/01/2024

Question posée en séance publique le 17/01/2024

M. le président. La parole est à M. Claude Malhuret, pour le groupe Les Indépendants - République et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP, ainsi que sur des travées du groupe UC.)

M. Claude Malhuret. Après vous avoir félicité, monsieur le Premier ministre, pour votre nomination, je voudrais évoquer les propos qu'a tenus à Kiev votre ministre de l'Europe et des affaires étrangères, soulignant que l'aide à l'Ukraine restera une priorité. Il faut maintenant tenir cette promesse !

La situation est devenue critique. Les crimes de guerre du boucher du Kremlin infligent chaque jour un atroce supplice à la population civile d'Ukraine.

Les Ukrainiens, qui ont brillamment contre-attaqué à Kharkiv et Kherson en 2022, sont aujourd'hui en position de faiblesse, parce que, depuis le début, le soutien des démocraties peut se résumer par une formule : trop peu, trop tard !

Si nous avions livré à temps les chars, les missiles, les batteries anti-aériennes, l'armée russe n'aurait pu reconstituer ses défenses et faire échouer la contre-offensive de 2023. Nous sommes en train de renouveler cette erreur.

Depuis des mois, Zelensky attend 60 milliards de dollars de Washington, bloqués par les Trumpistes au Congrès, et 50 milliards d'euros de l'Europe, paralysée par ses cinquièmes colonnes - Orbán le collabo en Hongrie, Le Pen et Mélenchon, les chiens-chiens à leur Poutine en France, et tant d'autres ailleurs.

Nos tergiversations mettent l'Ukraine en grand danger - je pèse mes mots. Une défaite serait celle de l'Europe tout entière, un formidable stimulant pour la Chine face à Taïwan, pour le docteur Folamour de Corée du Nord, pour les mollahs iraniens tueurs de femmes au Moyen-Orient.

Il serait impensable que le prochain Conseil européen du 1er février ne déjoue pas les manoeuvres d'Orbán le corrompu et ne débloque pas la totalité de l'aide promise à l'Ukraine. Je vous demande aujourd'hui l'engagement formel d'y parvenir et de soutenir sans restriction le fonds de 100 milliards d'euros pour l'industrie de la défense européenne, proposé par le commissaire français Thierry Breton.

En ce début de mandat, vous vous dites sans doute, monsieur le Premier ministre, que vous serez jugé sur vos résultats dans notre pays, et c'est exact. Mais à l'échelle de l'Histoire, votre gouvernement et tous les gouvernements d'Europe seront jugés à l'aune de la victoire ou de la défaite des démocraties en Ukraine face à l'internationale reconstituée des dictateurs. (Applaudissements sur les travées des groupes INDEP, RDPI, RDSE, UC et Les Républicains. - M. Yannick Jadot applaudit également.)

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Réponse du Premier ministre publiée le 18/01/2024

Réponse apportée en séance publique le 17/01/2024

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Gabriel Attal, Premier ministre. Monsieur le président Malhuret, voilà près de deux ans, en dépit de toutes les règles de droit international et de tous ses engagements, la Russie a agressé l'Ukraine. C'est une attaque cynique et meurtrière, avec des frappes aériennes répétées, qui visent délibérément les civils. Ce qui est en jeu dans ce conflit - je vous remercie de l'avoir rappelé aussi clairement -, c'est la liberté, la démocratie et l'avenir de notre continent. La Russie espère que l'Ukraine cédera et que ses soutiens se lasseront. Je le dis de manière très claire, en tant que chef du Gouvernement, comme le Président de la République l'a rappelé hier : la Russie se trompe. Nous ne faiblirons pas et nous ne faiblirons jamais. Notre détermination est intacte, je le réaffirme ici devant vous.

Le ministre de l'Europe et des affaires étrangères s'est rendu à Kiev pour son premier déplacement après sa nomination. Permettez-moi, pour la première fois en tant que Premier ministre, au nom du Gouvernement, et en votre nom à tous, j'en suis sûr, de dire mon admiration pour le peuple ukrainien et de saluer son courage exceptionnel.

Monsieur le président Malhuret, vous avez évoqué notre soutien à l'Ukraine, lequel, je le disais à l'instant, ne faiblira pas. Le Président de la République a annoncé hier la livraison de nouveaux missiles de longue portée et de centaines de bombes. Ce sont des armements attendus par les Ukrainiens et qui seront déterminants sur le terrain. En parallèle, nous continuons à former des militaires ukrainiens, comme nous le faisons depuis le début du conflit pour répondre à leurs besoins. Nous poursuivrons donc notre soutien militaire, en concertation avec nos partenaires. J'ajoute que notre soutien humanitaire continue lui aussi, pour répondre aux besoins les plus immédiats du peuple ukrainien, notamment en matière d'éducation et de santé.

Pour réussir, la mobilisation de tous les acteurs est essentielle. Je pense évidemment à l'État, aux collectivités locales, dont je veux saluer l'engagement remarquable. Nombre d'entre elles interviennent en solidarité avec les Ukrainiens. Je pense aussi aux acteurs privés, engagés en soutien de l'économie ukrainienne, dans la perspective de la reconstruction.

Notre soutien de long terme à l'Ukraine civile comme militaire sera inscrit dans l'accord bilatéral de sécurité que le Président de la République signera avec le président Zelensky, lors de son déplacement à Kiev en février prochain. Ce soutien de la France, le Président de la République aura l'occasion de le réaffirmer vendredi, à Cherbourg, en adressant ses voeux à nos armées.

J'ajoute, comme vous l'avez rappelé, que la France porte également la mobilisation en faveur de l'Ukraine à l'échelon européen. Nous sommes déterminés à obtenir un accord sur la Facilité pour l'Ukraine au Conseil européen extraordinaire du 1er février prochain. Concrètement, cette facilité doit permettre à l'Ukraine de faire face à ses besoins de financement immédiats et de mener les investissements essentiels pour se reconstruire et se moderniser.

L'Union européenne est également déterminée à poursuivre son soutien militaire à l'Ukraine. Le Conseil européen de décembre dernier a ainsi demandé que s'intensifient les travaux sur la réforme de la Facilité européenne pour la paix (FEP).

En s'en prenant à l'Ukraine, la Russie a attaqué nos valeurs. La Russie a remis en cause la démocratie et la liberté. Nous nous tiendrons aux côtés de l'Ukraine et du peuple ukrainien. Nous nous tiendrons toujours aux côtés de nos valeurs, c'est l'une de nos priorités. (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI, INDEP et RDSE, ainsi que sur des travées du groupe UC.)

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