Question de Mme PLUCHET Kristina (Eure - Les Républicains) publiée le 25/01/2024

Mme Kristina Pluchet interroge Mme la ministre du travail, de la santé et des solidarités sur la complexification croissante et contreproductive des études de médecine, au regard de l'actuelle crise de la démographie médicale.
En effet, après la réforme de l'accès au premier cycle des formations de santé dès 2020, se met en place depuis la rentrée universitaire 2023 la réforme du 2e cycle des études de médecine et de l'accès au 3e cycle qui organise une nouvelle procédure d'admission et d'affectation dans une spécialité et une subdivision territoriale.
Cette réforme vise au départ à améliorer l'adéquation entre les aptitudes et les aspirations professionnelles des étudiants afin de réduire l'insatisfaction ressentie par un certain nombre d'entre eux à l'issue de leur choix de spécialité de 3e cycle (internat).
Or la complexité, l'illisibilité et la sévérité du dispositif retenu surprend et produit déjà des effets contre-productifs au regard des objectifs impérieux de redressement rapide de la démographie médicale, en grande difficulté dans de nombreux territoires, et encore en voie de dégradation à court terme.
Ainsi le vivier d'étudiants en 6e année d'études, fruit d'une sélection drastique lors du premier cycle doit franchir 3 nouvelles épreuves qui se déroulent tout au long de leur 6e année : les épreuves dématérialisées nationales (EDN) pour évaluer les connaissances théoriques pour 60 % de la note globale ; les examens cliniques objectifs et structurés (ECOS) pour évaluer les compétences pratiques pour 30 % ; enfin la prise en compte du parcours professionnel pour favoriser l'ouverture d'esprit des étudiants au monde extérieur à la médecine pour les 10 % restants.
Pour pouvoir valider les EDN, chaque étudiant doit obligatoirement avoir une note de 14/20 pour accéder à la suite de la sélection. En cas de note inférieure, l'étudiant accède à un rattrapage obligatoire qui peut donner lieu à un redoublement en cas d'échec.
Si l'ancienne version du concours de l'internat permettait d'obtenir une note et un classement unique des futurs internes, la nouvelle réforme donnera lieu à 13 classements différents par groupes de spécialités pour 44 spécialités différentes. Après publication des classements, les externes formuleront des voeux par spécialité et région sur une plateforme dédiée pour y effectuer le troisième cycle. Ce sera cette plateforme informatique qui réalisera l'appariement selon un processus de « matching ». Elle lui demande si on peut être certain que la satisfaction des étudiants sera améliorée avec un dispositif aussi compliqué.
Or, plus de 1 000 externes sur les 8 400 évalués en octobre 2023, soit 12,5 % , ont dû passer le rattrapage en ce mois de janvier 2024, avec pour beaucoup l'ambition de redoubler pour échapper à la prise en compte pénalisante de leur première note qui demeure. Cet effet non anticipé risque de perturber la démographie de certaines promotions.
Aussi elle lui demande si l'impact d'un tel dispositif a bien été évalué, et quelle cohérence d'ensemble poursuit le maintien d'un contingentement sévère des études de médecine à l'entrée (numerus apertus qui demeure limitant) s'il y a un second système de sélection à la sortie, et inversement, alors qu'est ambitionné un redressement urgent de la démographie médicale.

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En attente de réponse du Ministère du travail, de la santé et des solidarités.

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