Question de Mme CARRÈRE-GÉE Marie-Claire (Paris - Les Républicains) publiée le 15/02/2024

Question posée en séance publique le 14/02/2024

M. le président. La parole est à Mme Marie-Claire Carrère-Gée, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Marie-Claire Carrère-Gée. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.

Monsieur le ministre, vous l'avez dit, le commerce extérieur est la mère des batailles. Malheureusement, c'est la Bérézina : la France accuse un déficit astronomique de 100 milliards d'euros, soit la deuxième pire performance de l'histoire.

La comparaison avec nos voisins est terrible : l'Allemagne, malade, affiche un excédent de 200 milliards d'euros, l'Italie elle-même enregistre un solde positif.

Non seulement nous battons tous les records européens, mais nous sommes seuls à être sur le podium dans toutes les catégories : déficits extérieurs, déficits publics, déficit en matière d'emploi, avec un chômage élevé et qui augmente.

La comparaison dans le temps est également accablante : depuis votre arrivée au pouvoir, quelle dégringolade ! Le déficit a plus que doublé. Ainsi, en matière d'agriculture, alors que, il n'y a pas si longtemps, nous étions le deuxième exportateur mondial, nous sommes actuellement le sixième ; dans le domaine pharmaceutique, nous importons l'essentiel des molécules innovantes ; les véhicules électriques plombent également le déficit.

Depuis votre arrivée au pouvoir, tant de grandes entreprises ne sont plus sous pavillon français, au nom d'une mondialisation heureuse qui ne l'est pourtant jamais, sans que nos atouts aient été ni valorisés ni protégés !

Ainsi, le grand avantage compétitif que constituait le nucléaire a été délibérément sacrifié. Nous avons abîmé tous nos fleurons, les uns après les autres. Seuls les avions et le secteur du luxe parviennent à s'en sortir.

Monsieur le ministre, comment comptez-vous, enfin, remettre debout l'économie française ? (Applaudissements nourris sur les travées du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Ministère de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique publiée le 15/02/2024

Réponse apportée en séance publique le 14/02/2024

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique. Madame la sénatrice Carrère-Gée, je vous remercie de remonter dans le temps pour rappeler les performances françaises.

Un sénateur du groupe Les Républicains. Ce n'est pas la question !

M. Bruno Le Maire, ministre. Depuis 2017, pour la première fois depuis trois décennies, la croissance française a été systématiquement supérieure à celle de l'Allemagne, de la Grande-Bretagne et de l'Italie. Vous devriez vous en réjouir.

La France a été le premier pays à retrouver son niveau de croissance d'avant la crise grâce à l'efficacité de la relance, à nos entrepreneurs, à nos salariés et à tous ceux qui travaillent dans notre pays. (M. Olivier Paccaud s'exclame.)

En 2019, conformément aux prévisions du Gouvernement, notre croissance a atteint près de 1 %, alors que l'Allemagne subissait une récession.

Madame la sénatrice, je connais votre attachement à l'industrie : pour la première fois depuis trente ans, nous avons créé de nouvelles filières industrielles. Existait-il des filières de batteries électriques voilà seulement cinq ans ? Non. Désormais, quatre gigafactories se sont installées.

Nous sommes la première majorité à avoir pris la décision, avec le Président de la République, de réaliser six EPR (European Pressurized Reactors) et de relancer radicalement la filière nucléaire, à laquelle nous croyons. (Vives exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.) Aucune majorité ne s'était engagée dans cette voie depuis des années !

Certes, nous connaissons actuellement des difficultés économiques, liées au ralentissement en Chine ainsi qu'à l'augmentation des taux d'intérêt visant à lutter contre l'inflation, inflation que nous avons réussi à faire disparaître en deux ans.

Pour autant, permettez-moi une remarque plus personnelle. Au vu des performances de l'économie française depuis sept ans,...

M. François Bonhomme. Tout va bien !

M. Bruno Le Maire, ministre. ... des deux millions d'emplois qui ont été créés, notamment 100 000 emplois industriels, des 628 usines qui ont été ouvertes pour la première fois depuis trente ans,...

M. Philippe Bas. Et le commerce extérieur ?

M. Bruno Le Maire, ministre. ... je préférerais voir une sénatrice saluer les performances des salariés, des entrepreneurs, des petites et moyennes entreprises (PME), des très petites entreprises (TPE) et de tous ceux qui travaillent en France, plutôt que les accabler à propos de leurs résultats ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. Bruno Retailleau. Ce n'est pas du tout ce que nous disons !

M. le président. La parole est à Mme Marie-Claire Carrère-Gée, pour la réplique.

Mme Marie-Claire Carrère-Gée. Monsieur le ministre, c'est une très bonne réponse, mais ce n'était pas ma question ! (Sourires sur les travées du groupe Les Républicains.)

Vous le savez comme moi, en économie, un seul chiffre résume tout. En effet, le commerce extérieur est le juge de paix, l'épreuve de vérité.

Vos choix économiques depuis 2017 ont pour résultat un positionnement compétitif dégradé et un déclassement en marche.

Vous vous êtes privé de marges de manoeuvre avec la poursuite du « quoi qu'il en coûte » et des prévisions de croissance fantaisistes, qui vous rattrapent aujourd'hui. Il est temps d'agir pour que nous retrouvions notre croissance et notre souveraineté ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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