Question de Mme VARAILLAS Marie-Claude (Dordogne - CRCE-K) publiée le 15/02/2024

Question posée en séance publique le 14/02/2024

M. le président. La parole est à Mme Marie-Claude Varaillas, pour le groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste - Kanaky. (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE-K.)

Mme Marie-Claude Varaillas. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

Après deux journées de grève et deux votes unanimes du Conseil supérieur de l'éducation (CSE) contre la réforme du « choc des savoirs » et des lycées professionnels, vous exprimant hier dans les médias, vous persistiez dans votre remise en cause du collège unique. Celle-ci va donner naissance à une école à deux vitesses et accentuer le tri social, avec la mise en place des groupes de niveau à la rentrée 2024.

Ne pensez-vous pas que l'urgence est ailleurs ?

Le bilan de vos prédécesseurs, marqué par l'insuffisance des moyens, notamment ceux qui sont dédiés à l'école inclusive, les suppressions de postes d'enseignants et la succession de réformes contradictoires, ont mené l'école publique au bord de l'effondrement.

Le constat est le même partout dans nos territoires : les enseignants sont en colère, les personnels de direction fatigués. Plus de 3 000 postes ne sont pas pourvus à la rentrée 2023 et les démissions connaissent une hausse inédite, alors que le Conseil supérieur des programmes prévoit 328 000 postes à pourvoir d'ici à 2030.

Je vous le dis avec gravité, madame la ministre : c'est la continuité même du service public de l'éducation qui est en jeu aujourd'hui. Comment comptez-vous remédier à cette situation et faire face, en l'état, à l'intenable promesse des groupes de niveau au collège ? (Applaudissements sur les travées des groupes CRCE-K et SER.)

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 15/02/2024

Réponse apportée en séance publique le 14/02/2024

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

Mme Nicole Belloubet, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, madame la sénatrice Varaillas, vous partagerez sans doute le constat que dressent toutes les enquêtes internationales : l'efficacité de notre collège n'est pas optimale.

Certes, les mesures que nous avons mises en place depuis 2017 dans le primaire n'ont pas encore produit tous leurs effets, mais les chiffres démontrent que les résultats scolaires demeurent insuffisants. Bien plus, cette insuffisance est corrélée à l'indice socioéconomique des élèves. Nous ne pouvons nous en satisfaire.

C'est la raison pour laquelle mon anté-prédécesseur - qui a, depuis lors, changé de fonction ! (Sourires.) - a décidé de mettre en place un véritable « choc des savoirs ». Je m'inscris pleinement dans cette démarche, car nous ne pouvons pas rester inertes. Un rapport de l'inspection générale de l'éducation nationale a été rendu, 230 000 enseignants ont été consultés et ont indiqué qu'ils ne pouvaient plus gérer une telle hétérogénéité de niveaux.

J'agirai donc en mettant en place plusieurs mesures.

Premièrement, au collège, des groupes permettront de différencier la prise en charge des élèves pour traiter cette hétérogénéité. Des petits groupes seront constitués pour les élèves les plus en difficulté.

Deuxièmement, nous allons modifier la formation continue et changer les règles de la formation initiale, afin de recruter plus aisément.

Troisièmement, je souhaite que tous nos corps d'inspection accompagnent les enseignants et les chefs d'établissement dans cette démarche.

Enfin, je m'engagerai pleinement et entièrement dans cette évolution de notre système éducatif. (Applaudissements sur des travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à Mme Marie-Claude Varaillas, pour la réplique.

Mme Marie-Claude Varaillas. Madame la ministre, vous ne pourrez mettre en oeuvre ce changement qu'avec des moyens substantiels. Vous l'avez vous-même défendu à une certaine époque : pour la réussite de nos élèves, il faut plus d'enseignants formés et mieux rémunérés et moins d'élèves par classe. Pourtant, depuis 2017, 8 000 postes d'enseignants ont été supprimés.

À l'heure où nous souffrons d'un cruel manque de mixité sociale, le choc des savoirs va séparer les élèves, les assigner à leur niveau et creuser davantage les inégalités.

La communauté éducative aura connu cinq ministres en moins de deux ans. Elle attend maintenant de vous que vous offriez une boussole à notre école publique. (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE-K, ainsi que sur des travées des groupes SER et GEST.)

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