Question de M. MELLOULI Akli (Val-de-Marne - GEST) publiée le 15/02/2024

Question posée en séance publique le 14/02/2024

M. le président. La parole est à M. Akli Mellouli, pour le groupe Écologiste - Solidarité et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)

M. Akli Mellouli. Ma question s'adresse à Mme la secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargée du développement et des partenariats internationaux.

« À Gaza, on ne soigne plus, on ampute. » Lors de mon déplacement au poste frontière de Rafah voilà quelques jours, c'est ainsi que le médecin humanitaire Raphaël Pitti décrivait ainsi l'insoutenable réalité, madame la secrétaire d'État. Lui qui est intervenu en Syrie, en Ukraine et dans bien d'autres zones de conflit me confiait n'avoir jamais vu une telle horreur.

Quelque 10 000 orphelins : derrière ce chiffre transparaît une réalité qui doit interpeller notre humanité.

Quelque 27 000 Palestiniennes et Palestiniens tués : derrière ce chiffre se cache une vérité, la prudence complice de notre pays à condamner le plus grand massacre de ce siècle. (Exclamations sur des travées des groupes Les Républicains et UC.)

Un peu d'humanisme vous fera du bien ! (Nouvelles exclamations sur les mêmes travées.)

Quelque 67 000 blessés qui manquent cruellement de soins : derrière ce chiffre se dessine une évidence, celle du parti pris et du double standard de notre pays, qui lui font perdre désormais toute légitimité à diffuser un message de portée universelle.

Madame la secrétaire d'État, alors qu'une offensive terrestre sur Rafah est annoncée, que comptez-vous mettre en oeuvre pour obtenir un cessez-le-feu immédiat et durable, et ainsi prévenir, conformément à nos obligations conventionnelles, ce que la Cour internationale de justice qualifie de « risque génocidaire » ? Comptez-vous par exemple instaurer un embargo sur les armes ?

Alors que l'aide humanitaire est bloquée, que compte faire la France pour éviter ce que Josep Borrell, chef de la diplomatie de l'Union européenne, qualifie de « catastrophe humanitaire indescriptible » à venir à Rafah ? (Applaudissements sur les travées du groupe GEST, ainsi que sur des travées des groupes SER et CRCE-K.)

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du développement et des partenariats internationaux publiée le 15/02/2024

Réponse apportée en séance publique le 14/02/2024

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée du développement et des partenariats internationaux.

Mme Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargée du développement et des partenariats internationaux. Monsieur le sénateur Mellouli, ne pouvant être présent, Stéphane Séjourné, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, m'a chargée de vous répondre et d'exprimer de nouveau notre grande inquiétude face aux frappes israéliennes à Rafah.

La catastrophe humanitaire qui se déroule à Gaza doit cesser. Le ministre de l'Europe et des affaires étrangères l'a clairement indiqué au Premier ministre israélien à plusieurs reprises depuis le début de ce mois.

Rafah est le refuge de plus de 1,3 million de personnes. Une offensive israélienne créerait une situation intenable. Cela donnerait une nouvelle dimension à une crise humanitaire déjà injustifiable.

Pour éviter un désastre, nous appelons de nouveau à un arrêt des combats et nous appelons Israël à prendre des mesures concrètes pour protéger les civils.

Cela nous concerne aussi directement. Nous nous mobilisons pour faciliter l'évacuation de nos ressortissants et des personnes qui ont travaillé pour la France. Dimanche dernier, quarante-deux personnes ont ainsi pu quitter Gaza.

Je tiens enfin à rappeler que l'avenir des Gazaouis ne pourra s'écrire que dans un État palestinien vivant en paix et en sécurité aux côtés d'Israël. La détermination de la France est totale, comme le montrent les actions prises hier contre vingt-huit colons violents.

Un cessez-le-feu est indispensable pour la libération des otages à Gaza, parmi lesquels se trouvent encore trois de nos compatriotes ; il est également nécessaire pour acheminer davantage d'aide aux populations civiles. Nous ne pouvons plus attendre. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Akli Mellouli, pour la réplique.

M. Akli Mellouli. Commençons par reconnaître l'État de Palestine, madame la secrétaire d'État !

À l'instar des ONG, des journalistes, des médecins, nous ne cessons de vous alerter sur la tragédie que vivent les Palestiniens. Après le temps médiatique viendra tôt ou tard celui du jugement implacable de l'Histoire. Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas ! (Applaudissements sur les travées du groupe GEST, ainsi que sur des travées du groupe CRCE-K.)

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