Question de M. VALLET Mickaël (Charente-Maritime - SER) publiée le 01/02/2024
M. Mickaël Vallet attire l'attention de Mme la ministre de la culture à propos de la situation de l'unique lettre de Robespierre à Danton.
Cette lettre unique dans l'histoire de France, qui atteste d'une relation privilégiée entre deux personnages illustres de la Révolution française, a été vendue aux enchères le 12 mars 2023 à un collectionneur privé. Au vu de son importance historique, cette correspondance épistolaire doit rester dans le giron de la République, ou du moins être accessible au public français.
À la suite de la mort de l'épouse de Danton, Robespierre essaye de consoler celui qui est encore à cette époque son ami à travers les mots suivants : « Mon cher Danton, si dans les seuls malheurs qui puissent ébranler une âme telle que la tienne, la certitude d'avoir un ami tendre et dévoué peut t'offrir quelque consolation, je te la présente. Je t'aime plus que jamais et jusqu'à la mort. Dans ce moment je suis toi-même. Ne ferme point ton coeur aux accents de l'amitié qui ressent toute ta peine. »
Comme l'expriment plusieurs personnalités dans une tribune du Monde, la vente a révélé l'inaction de l'État. Cette lettre aurait parfaitement sa place dans un musée français, notamment à Carnavalet qui accueille déjà de nombreuses pièces de l'histoire de la Révolution française.
La vente au collectionneur privé a eu lieu, mais la puissance publique peut encore trouver un accord avec ce dernier pour faire entrer la lettre dans le domaine public ou pour l'exposer dans un musée public.
L'histoire de la Révolution, c'est notre histoire commune, celle de la République, mais aussi une histoire qui a inspiré des millions d'hommes et de femmes dans le monde entier à la conquête de la Liberté, de l'Égalité et de la Fraternité.
Il demande ce que compte faire le Gouvernement pour conserver cette lettre rare et unique à la portée de tous les Français.
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Réponse du Ministère de la culture publiée le 11/04/2024
La lettre adressée par Robespierre à Danton le 15 février 1793, proposée en vente publique par la maison de ventes Osenat le 12 mars 2023, faisait jusqu alors partie de la collection Aristophil, dispersée depuis décembre 2017, dans le cadre de la liquidation de la société par suite de la mise en examen, en 2015, de son gérant, Monsieur Gérard Lhéritier, et de la reprise de la collection par la société Aguttes. Elle était incluse dans un recueil factice de cent vingt-sept pièces de l époque révolutionnaire, vendu en novembre 2022 pour la somme de 162 000 euros (frais de vente compris). Lors de l expertise de cette collection, menée depuis 2015 par les administrations des archives des ministères de l Europe et des affaires étrangères, des armées et de la culture, ainsi que lors de l annonce de cette vente, faite au réseau des Archives de France dès la connaissance de cette vacation, soit dix jours auparavant, l attention des experts n a pas été retenue par ce document. Cette missive revêt un caractère privé, sans plus-value informationnelle fondamentale du point de vue historique ou historiographique, alors même que le montant de l estimation puis de l enchère finale s avérait très élevé. Or, chaque acquisition par la puissance publique fait l objet d une pondération entre l intérêt historique et la valeur patrimoniale de la pièce considérée et sa valeur marchande. Cette pondération constante régit depuis des décennies la stratégie d enrichissement des collections documentaires nationales. En outre, les limites des budgets publics conduisent le ministère de la culture à privilégier à une concentration des moyens sur des acquisitions dont le prestige bénéficie ponctuellement d une surexposition médiatique, une répartition équilibrée des crédits entre des pièces plus représentatives de la variété du patrimoine écrit. À titre d exemples, peuvent être mentionnées l acquisition en 2022, par les Archives nationales, des archives Carnot auprès de l unique descendante de Sadi Carnot, pour la somme de 150 000 euros, documentant de manière approfondie et nouvelle la vie et l uvre d Hippolyte et de Sadi Carnot ainsi que de sa femme, et complétant le fonds 108 AP déjà conservé aux Archives nationales ; ou encore celle en 2023 par les Archives départementales du Morbihan avec une subvention de l État, du fonds du château de Kérantré, illustrant l histoire de familles parmi les plus importantes de Bretagne et Normandie (dont les d Aboville), mais également l histoire de France et de ses colonies, pour un montant global de 100 000 euros. Le ministère de la culture uvre enfin sans relâche à diffuser en toute transparence les données relatives à l emploi des crédits publics dans ce domaine (publication des statistiques sur le portail France Archives, données ouvertes exposées sur la plate-forme ministérielle data.culture.gouv.fr).
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