Question de M. CORBISEZ Jean-Pierre (Pas-de-Calais - CRCE-K) publiée le 22/02/2024

M. Jean-Pierre Corbisez attire l'attention de Mme la ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse concernant les projets de fermeture de classes et de suppressions de postes dans le département du Pas-de-Calais
Dans ce département, comme dans d'autres, les annonces de fermetures de classes et de suppressions de postes, respectivement 157 et 89 pour le Pas-de-Calais, suscitent de fortes inquiétudes chez les enseignants, tout autant que chez les familles et les élus locaux.
Dans un contexte où le Gouvernement réaffirme que l'éducation est la priorité des priorités, où les enseignants expriment une réelle souffrance dans l'exercice de leurs missions, ces annonces sont incompréhensibles et inacceptables.
Les 22 ouvertures de classes envisagées ne compenseront pas la perte, d'autant que le département du Pas-de-Calais a été marqué les années précédentes par d'autres fermetures, portant à 300 le nombre de classes disparues en 3 ans !
Cette perspective pour la rentrée de septembre 2024 accentuera inévitablement les inégalités scolaires et fragilisera un peu plus une communauté éducative déjà fortement éprouvée, avec notamment l'attentat au lycée Gambetta d'Arras et les inondations qui ont frappé de nombreux établissements scolaires.
Comment imaginer atteindre les objectifs de lutte contre l'échec scolaire et d'inclusion réussie pour tous les élèves en situation de handicap ou à besoins éducatifs particuliers en diminuant les moyens là où partout le consensus se fait sur le nécessaire renforcement des équipes pédagogiques ?
Dans l'académie de Lille, ce sont actuellement plus de 1 600 élèves notifiés qui attendent toujours une place en unité localisée pour l'inclusion scolaire (ULIS) !
Les postes supprimés pourraient être utilement mobilisés pour lutter efficacement contre le manque de remplaçants, tout en permettant de rouvrir plus largement la formation continue des personnels. Alors que les enseignants sont plus nombreux que les autres salariés du public et du privé à souffrir de maladies transmissibles et d'épuisement professionnel, toutes les études montrent que les enseignants sont les salariés les moins absents pour arrêt maladie, toutes catégories professionnelles confondues. Malgré ce faible taux d'absentéisme, l'éducation nationale est de moins en moins en capacité de remplacer les enseignants absents. Et lorsqu'un enseignant n'est pas remplacé, les élèves sont répartis dans les autres classes, dans des niveaux différents, pénalisant l'ensemble des classes de l'école.
Le constat est aujourd'hui unanimement partagé : les conditions d'apprentissage des élèves se dégradent ! La crise de recrutement et l'augmentation du nombre d'enseignants en souffrance à cause de leurs conditions de travail doivent alarmer le ministère.
La baisse démographique ne peut pas expliquer à elle seule ce nombre démesuré de fermetures de classes dès lors qu'elle ne représente que la perte de 2 élèves par école en moyenne, soit moins d'un demi-élève par classe ! Pour assurer la réussite de tous les élèves, cette baisse démographique pourrait être vue comme une opportunité pour permettre la diminution attendue des effectifs dans toutes les classes et créer les postes de remplaçants en nombre suffisant.
Aussi, il souhaite savoir si le Gouvernement envisage de réexaminer la programmation des fermetures de classes et de surseoir aux suppressions de postes afin de traduire dans les actes l'engagement à maintes reprises répété de faire de l'école une priorité absolue.

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En attente de réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse.

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