Question de Mme MULLER-BRONN Laurence (Bas-Rhin - Les Républicains-A) publiée le 22/02/2024

Mme Laurence Muller-Bronn interroge Mme la ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse sur la réduction du nombre d'heures d'allemand dans les collèges de l'académie de Strasbourg.
Différentes sources (fédération Alsace bilingue, associations de parents d'élèves) nous alertent sur les conséquences de la mise en oeuvre de la politique de groupes de niveaux à moyens constants du Gouvernement sur des dispositifs qui apportent pourtant une véritable plus-value aux élèves.
La dotation horaire globale (DHG) dans l'enseignement bilingue pour les disciplines non linguistiques (DNL) enseignées en allemand va en effet être réduite à 1h30 par semaine et par niveau, au lieu des 2 ou 3 heures précédemment allouées, dès la rentrée 2024.
De plus, seules deux DNL au maximum seront financées par établissement. Au-delà de ce nombre, les collèges devraient assumer eux-mêmes les coûts additionnels.
La réduction du nombre d'heures d'enseignement de l'allemand dans les établissements aura également un impact négatif sur les conditions de travail des professeurs de langue dans un contexte de forte tension dans les recrutements de personnels compétents pour un enseignement bilangue.
Les familles ont bien intégré la nécessité d'une bonne maîtrise de l'allemand et les classes bilingues se multiplient dès la maternelle. Pour qu'elle puisse porter ses fruits, cette volonté doit être accompagnée par une offre de formation suffisante jusqu'à la terminale.
L'affaiblissement de la filière bilingue au collège aura également des conséquences sur le cursus franco-allemand Abibac proposé au lycée. Les collégiens n'auront plus le niveau requis pour intégrer cette section d'excellence ouvrant de larges opportunités post-bac.
Dans une zone frontalière comme la nôtre, où une bonne maîtrise de la langue allemande est un critère majeur de recrutement, la diminution régulière des moyens attribués à son apprentissage est une source d'inquiétude légitime. Alors qu'il devrait être une priorité dans une optique de plein emploi, il est incompréhensible que l'enseignement de l'allemand serve de variable d'ajustement au profit d'autres matières.
Elle lui demande par conséquent quels sont les moyens que le Gouvernement envisage de mettre en oeuvre afin que les directives linguistiques puissent être adaptées aux spécificités économiques, sociales et culturelles de l'Alsace.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 16/05/2024

61 % des collèges publics de l'académie de Strasbourg proposent l'allemand en enseignement bilingue. À la rentrée 2023, 7 892 élèves (soit près de 9 % des collégiens publics et privés) suivaient un enseignement bilingue. Ils bénéficient de 4 heures d'allemand de la 6e à la 3e, auxquelles s'ajoute un enseignement en langue allemande d'au moins deux disciplines non linguistiques (DNL) en fonction des ressources présentes dans chaque collège ou disponibles dans un collège proche. À la rentrée 2024, les moyens alloués au cursus bilingue par niveau et par groupe seront les suivants : 6e : financement compris entre 1h et 5h30 selon les 2 DNL choisies, avec une moyenne de 3h30, et 4h pour l'enseignement spécifique d'allemand, soit une moyenne de 7h30 ; 5e et 4e : financement compris entre 1h et 3h30 selon les 2 DNL choisies, avec une moyenne de 3h, et 4h pour l'enseignement spécifique d'allemand, soit une moyenne de 7h ; 3e : financement compris entre 1h et 4h selon les 2 DNL choisies, avec une moyenne de 3h30, et 4h pour l'enseignement spécifique d'allemand, soit une moyenne de 7h30. L'horaire supplémentaire d'allemand (4h) n'est donc pas impacté et deux DNL sont financées, si besoin spécifiquement par l'académie en cas de classes « dédoublées ». De plus, la marge de 3 heures par division prévue dans les grilles réglementaires est bien présente dans les dotations des collèges de l'académie, permettant aux établissements, dans le cadre de leur autonomie, de financer des projets conformes à leur projet d'établissement, dont par exemple des DNL complémentaires. Par ailleurs, la scolarisation en cursus Abibac ne requiert pas d'avoir suivi un cursus bilingue et ces filières d'excellence ne concernent pas la majorité des élèves ayant suivi un cursus bilingue. Le maintien d'une politique ambitieuse d'accompagnement et notamment le financement d'une heure complémentaire en allemand permettra donc de maintenir le niveau des élèves souhaitant intégrer ces filières. Un rapport de l'IGESR rappelle les moyens conséquents consacrés par l'académie au bilinguisme : dans le second degré, 9 % des élèves bénéficient des 1,18 % des ETP enseignants (schématiquement, 1 professeur pour 9 élèves). Concernant l'impact négatif sur les conditions de travail, les enseignants du cursus bilingue effectuent rarement leur obligation de service complète en cursus bilingue, donc en langue régionale, et enseignent également en français dans d'autres classes. Le nouveau financement ne devrait donc pas dégrader le service des enseignants de DNL. De plus, une offre de formation conséquente est toujours bien présente dans l'académie.

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