Question de M. JADOT Yannick (Paris - GEST) publiée le 07/03/2024

Question posée en séance publique le 06/03/2024

M. le président. La parole est à M. Yannick Jadot, pour le groupe Écologiste - Solidarité et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)

M. Yannick Jadot. Ma question s'adressait à M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, qui est désormais chargé de l'énergie, malheureusement. Or je constate qu'il est absent de notre hémicycle aujourd'hui. On peut toutefois lire son entretien dans Le Monde, au cours duquel il a affirmé que l'État ne devait pas devenir une « pompe à fric ».

S'il y a un secteur qui bénéficie aujourd'hui de la pompe à fric, c'est bien celui des EPR ! Nous venons d'apprendre que la facture des six EPR2 va être portée de 51 milliards à 67 milliards d'euros, alors que nous ne savons toujours pas à quoi ils vont ressembler. (M. André Reichardt s'exclame.)

Un surcoût de 16 milliards d'euros pour les EPR de Flamanville et d'Hinkley Point : c'est la malédiction des EPR ! (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.) Heureusement que, en 2016, Emmanuel Macron, alors ministre de l'économie, avait parfaitement géré les négociations. Remercions-le d'avoir contraint EDF, l'État et les Français à payer ces surcoûts à la place des Britanniques et des Chinois ! (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)

Madame la ministre, qu'allez-vous faire pour que nous puissions enfin sortir de l'opacité du « quoi qu'il en coûte » nucléaire ? Allez-vous y appliquer la rigueur budgétaire que vous prônez ailleurs ?

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé du numérique publiée le 07/03/2024

Réponse apportée en séance publique le 06/03/2024

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée du numérique.

Mme Marina Ferrari, secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargée du numérique. Monsieur le sénateur Jadot, veuillez tout d'abord excuser Bruno Le Maire pour son absence (Ah ! sur les travées des groupes GEST et SER.) - il est aujourd'hui retenu en commission - et Roland Lescure (Mêmes mouvements.), qui représente le Gouvernement devant la commission du développement durable de l'Assemblée nationale, pour l'examen du projet de loi relatif la sûreté nucléaire.

On déplore un dérapage des coûts et des délais des programmes d'EDF. Pour assurer la bonne exécution de ces derniers, l'État a créé la délégation de programme interministérielle au nouveau nucléaire, placée sous la direction de Joël Barre. Elle a d'ores et déjà conduit une revue des programmes concernant les EPR2 français en 2023 et a conclu que l'avancement du design du projet ne permettait pas à EDF de passer à la phase de design avancée sur certains bâtiments.

Dans ce contexte, il a été demandé à EDF, au début du mois de février, d'analyser les causes qui ont conduit à la réévaluation du chiffrage du projet d'Hinkley Point et d'en tirer toutes les leçons. L'entreprise doit en outre conduire un programme d'optimisation du projet d'EPR2 - surtout en ce qui concerne ses coûts - et de présenter un nouveau chiffrage et un nouveau calendrier qui feront l'objet d'un audit à la fin de l'année 2024, une fois le design suffisamment avancé et la revue de maturité achevée.

Vous le savez, monsieur Jadot : le nucléaire est un projet de long terme (Rires et exclamations sur les travées du groupe GEST.), comme ceux qui sont conduits dans le domaine de la défense, et nous l'abordons avec une approche industrielle.

M. Yannick Jadot. C'est du très, très long terme !

Mme Marina Ferrari, secrétaire d'État. Oui, il faut voir loin en matière d'énergie !

Nous comptons en effet sur le développement en flotte des six EPR pour assurer à terme des économies d'échelle. Dès réception du nouveau chiffrage par EDF, nous reviendrons bien évidemment devant la représentation nationale pour vous en rendre compte.

Selon vous, le nucléaire est une « pompe à fric » ; pour nous, c'est une question de souveraineté nationale et d'investissement pour la Nation - ne négligeons pas l'intérêt national ! (Très bien ! et applaudissements sur les travées des groupes RDPI, RDSE et UC.)

M. le président. La parole est à M. Yannick Jadot, pour la réplique.

M. Yannick Jadot. Vous l'avez dit, madame la secrétaire d'État : le développement des EPR est réalisé sur du très long terme, puisqu'il s'étale sur au moins quinze ou vingt ans. Mais l'explosion des factures énergétiques des ménages, c'est aujourd'hui que nous la constatons. (Fessenheim ! Fessenheim ! sur les travées du groupe Les Républicains.) Or le Gouvernement réduit le budget consacré à MaPrimeRénov' ! (Huées continues sur les travées du groupe Les Républicains. - Plusieurs sénateurs martèlent leurs pupitres.)

La souveraineté énergétique de la France doit être acquise aujourd'hui. Or EDF et Orano continuent d'utiliser l'uranium russe ! (Exclamations sur les travées des groupes Les Républicains et UC.)

La sûreté et la sécurité nucléaire doivent être garanties aujourd'hui ! Or vous voulez saborder l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) !

Le dérèglement climatique, lui, n'attendra pas quinze ou vingt ans. Les énergies renouvelables coûtent deux fois moins cher, alors cassons la malédiction des EPR et déployons les énergies renouvelables ! (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)

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