Question de Mme EVREN Agnès (Paris - Les Républicains) publiée le 07/03/2024

Question posée en séance publique le 06/03/2024

M. le président. La parole est à Mme Agnès Evren, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Agnès Evren. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

Il y a quelques jours, le proviseur du lycée Maurice-Ravel de Paris a été menacé de mort sur les réseaux sociaux pour avoir simplement rappelé que la loi de la République interdit le port du voile dans l'enceinte scolaire.

Lundi, 150 chefs d'établissement se sont rassemblés à la Sorbonne pour soutenir leur collègue. Cette manifestation inédite témoigne du profond malaise qui s'est emparé de l'éducation nationale.

Que nous disent ces proviseurs ?

Ils nous disent que leur autorité est bafouée au quotidien et que la violence est endémique à l'école. Que les atteintes à la laïcité se multiplient, et qu'elles perturbent désormais la quasi-totalité des disciplines. Que beaucoup de professeurs s'autocensurent, car ils ont peur.

Ils nous disent que, par aveuglement, angélisme ou négligence, nous payons déjà le prix de nos lâchetés.

Ils nous rappellent les meurtres tragiques de Samuel Paty et de Dominique Bernard.

Certains élus de La France insoumise partagent de fausses informations et remettent même en cause la parole du proviseur. Il est inadmissible de mettre sur le même plan la parole d'un enseignant victime de menaces de mort et celle d'élèves qui ne respectent pas la loi.

M. Jean-François Husson. Très bien !

Mme Agnès Evren. Ces élus jouent avec le feu. Ils sont les complices d'un obscurantisme qui ne cesse de gagner du terrain.

En octobre dernier, le ministre de l'intérieur, Gérald Darmanin, révélait que notre pays compte plus de 1 000 mineurs radicalisés. Certains de ces mineurs radicalisés sont scolarisés sans que leurs enseignants soient informés de leur potentielle dangerosité.

Madame la ministre, il est temps de prouver en paroles comme en actes que nous défendrons avec courage et fermeté la France et notre République.

Mes collègues Laurent Lafon et François-Noël Buffet présenteront ce soir les 38 recommandations issues des travaux de la mission conjointe de contrôle relative aux menaces et agressions contre les enseignants. J'espère que celles-ci inspireront le Gouvernement.

M. le président. Veuillez poser votre question !

Mme Agnès Evren. Madame la ministre, à quelques jours du vingtième anniversaire de la loi du 15 mars 2004 encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics, pouvez-vous nous dire comment vous entendez faire respecter la loi de la République et protéger nos enseignants qui, au quotidien, affrontent courageusement les coups portés à nos valeurs communes ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. - M. Michel Laugier applaudit également.)

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 07/03/2024

Réponse apportée en séance publique le 06/03/2024

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

Mme Nicole Belloubet, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Madame la sénatrice Evren, j'ai eu l'occasion, en répondant tout à l'heure à votre collègue Marie-Pierre Monier, de donner quelques éléments concrets sur la manière dont nous entendons étendre le bouclier de protection aux proviseurs, mais aussi à l'ensemble des personnels de la communauté éducative qui feraient l'objet d'attaques, dont je répète qu'elles sont intolérables et inadmissibles.

La laïcité est un principe fondateur de notre République. L'article 1er de notre Constitution le dit clairement : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. »

Nous ne pouvons pas tergiverser sur cette laïcité qui est une condition du vivre ensemble. C'est la règle commune à laquelle nous devons tous être attachés, particulièrement dans les établissements scolaires.

Je le dis clairement : les établissements scolaires doivent être préservés des bruits et de la fureur du monde qui les entoure, au moins pendant le temps où les élèves y sont accueillis et protégés. Tel est l'impératif auquel nous devons nous arrimer.

La loi du 15 mars 2024 à laquelle vous avez fait allusion, madame la sénatrice, encadre l'application de ce principe de laïcité dans nos établissements scolaires. Lors du colloque qui se tiendra à l'occasion du vingtième anniversaire de cette loi, j'aurai l'occasion de rappeler le fondement de ce principe et les modalités de son application dans nos enceintes scolaires.

Nous ne laisserons jamais rien passer lorsqu'il s'agit d'assurer la sécurité de nos élèves et des équipes éducatives. Comme M. le Premier ministre l'a rappelé tout à l'heure,...

M. Michel Savin. Il n'a rien dit !

Mme Nicole Belloubet, ministre. ... comme le Président de la République l'affirme également, l'établissement scolaire est le lieu où l'on apprend les valeurs de la République. Tel est le principe qui nous unit.

Je serai très attentive aux préconisations formulées par les sénateurs Buffet et Lafon dans le rapport que vous avez évoqué, madame la sénatrice.

M. Max Brisson. Elles sont excellentes !

Mme Nicole Belloubet, ministre. Certaines sont sans doute déjà prises en compte, mais j'étudierai les progrès que nous pouvons faire dans leur mise en oeuvre.

En tout état de cause, soyez assurée que nous sommes pleinement aux côtés de l'ensemble de la communauté éducative pour le respect des principes de la laïcité, notamment dans notre école. (Applaudissements sur des travées du groupe RDPI. - M. Bernard Fialaire applaudit également.)

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