Question de M. GONTARD Guillaume (Isère - GEST) publiée le 21/03/2024

Question posée en séance publique le 20/03/2024

M. le président. La parole est à M. Guillaume Gontard, pour le groupe Écologiste - Solidarité et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)

M. Guillaume Gontard. Monsieur le Premier ministre, nous sommes en 2040. Dans les livres d'histoire consacrés au Moyen-Orient, nous pouvons lire ceci : « Après des années d'oubli de la cause palestinienne, les attaques terroristes du Hamas du 7 octobre 2023 et les prises d'otages conduisent à un déchaînement de violence d'Israël contre la bande de Gaza.

« Benyamin Netanyahou utilise cette guerre pour se maintenir au pouvoir. Avec ses alliés d'extrême droite, il bombarde Gaza nuit et jour, empêche l'aide humanitaire d'entrer dans la zone et utilise la faim comme arme de guerre.

« Dès janvier 2024, la Cour internationale de justice alerte sur le risque de génocide. Dès mars 2024, le haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, évoque un cimetière à ciel ouvert. Médecins, journalistes et internautes documentent la situation toujours plus apocalyptique sur place. L'ONU parle de siège médiéval et de guerre contre les enfants. En quatre mois, plus d'enfants sont tués à Gaza qu'en quatre ans dans l'ensemble des conflits dans le monde. Gaza est devenue une terre inhabitable, stérile, où la pluie des bombes et la famine conduisent à une mort certaine.

« Tandis que les pays du Sud exigent un cessez-le-feu et rompent leurs relations avec Israël, les États-Unis et l'Union européenne continuent à soutenir Netanyahou et à lui fournir des armes. Notre responsabilité est immense. »

Monsieur le Premier ministre, il est déjà trop tard, mais vous pouvez encore écrire l'histoire. La France, cinquième puissance mondiale, ne peut rester spectatrice et complice du pire carnage du XXIe siècle. Le temps n'est plus au ministère de la parole, mais à l'action et aux sanctions.

Mes questions sont donc simples. Ce soir, à Bruxelles, allez-vous demander à nos partenaires européens de suspendre l'accord d'association avec Israël ? Allez-vous mettre un terme aux exportations d'armes vers Israël, comme l'a fait le Canada ? Allez-vous interdire le commerce avec les colonies ? Allez-vous rappeler notre ambassadeur ? Allez-vous reconnaître l'État palestinien, conformément au vote du Parlement ? (Applaudissements sur les travées des groupes GEST et CRCE-K, ainsi que sur des travées du groupe SER.)

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Réponse du Premier ministre publiée le 21/03/2024

Réponse apportée en séance publique le 20/03/2024

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Gabriel Attal, Premier ministre. Monsieur le président Gontard, un point contenu dans votre question mérite mes remerciements, puisqu'il n'est pas commun aux interventions que j'ai pu entendre de la part de certains responsables politiques, notamment ceux de la Nupes (Nouvelle Union populaire écologique et sociale) à l'Assemblée nationale : vous avez rappelé que l'origine du drame qui se joue, c'est bien l'attaque terroriste du Hamas contre des civils israéliens. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées des groupes UC, INDEP et RDPI.)

Quarante-deux de nos concitoyens ont été tués et trois de nos concitoyens sont encore pris en otages, avec d'autres. Le message que nous devons tous envoyer, en toute occasion, c'est un appel systématique et sans la moindre ambiguïté - je ne dis évidemment pas cela pour vous, monsieur le sénateur - à la libération de ces otages par le groupe terroriste du Hamas. Il était important de le répéter. (Applaudissements sur des travées des groupes Les Républicains, UC et INDEP.)

Ensuite, ce qui se joue aujourd'hui, dans la bande de Gaza est évidemment un drame, un drame humanitaire. Mon gouvernement et moi-même avons eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises.

Monsieur le président Gontard, je ne peux pas accepter que l'on dise que la France est spectatrice face à ce qui se joue aujourd'hui à Gaza. (M. Guillaume Gontard s'exclame.)

Je rappelle que l'un des premiers pays occidentaux à avoir appelé à un cessez-le-feu durable et immédiat face au désastre, c'est la France, par la voix du Président de la République, lequel avait même été critiqué par certains, à l'époque.

Je rappelle ensuite que l'un des premiers chefs d'État à s'être rendus sur place en mobilisant la communauté internationale et en proposant une ambitieuse initiative pour la paix et la sécurité dans la région, c'est le Président de la République, portant la voix de la France.

Je rappelle également que le premier pays à avoir largué directement une aide humanitaire sur la bande de Gaza, avec son partenaire jordanien, c'est la France, sur décision du Président de la République.

Je rappelle aussi que c'est la France qui a envoyé le Dixmude au large des côtes pour soigner des patients palestiniens et que c'est toujours la France qui a accepté d'évacuer les enfants palestiniens qui avaient besoin d'opérations plus lourdes, afin qu'ils soient soignés ici, dans notre pays.

Je rappelle en outre que c'est aujourd'hui la France qui mobilise l'Union européenne, pour obtenir des résultats qui soient à la hauteur lors du Conseil européen de cette semaine, auquel participera le Président de la République, et que c'est toujours la France qui oeuvre au sein du Conseil de sécurité des Nations unies pour sortir du blocage. Nous avons une position claire, nette, sans ambiguïté. Le Conseil de sécurité doit prendre ses responsabilités en adoptant une résolution et le ministre des affaires étrangères s'y emploiera, dans les prochains jours, à New York.

Je rappelle enfin (M. Yannick Jadot manifeste son impatience.) que c'est aussi la France qui s'engage au Liban pour éviter que le conflit ne s'élargisse et n'embrase tout le Moyen-Orient ! Le Liban lui-même salue notre implication.

Monsieur le président Gontard, la situation à Gaza est grave, elle est même catastrophique. Nous continuons à travailler pour obtenir un cessez-le-feu durable et immédiat et à demander l'ouverture de tous les accès humanitaires. Il s'agit d'une course contre la montre et c'est à un impératif d'humanité que nous faisons face, nous le savons. Les civils palestiniens n'ont pas à être les nouvelles victimes des crimes du Hamas, car c'est bien de cela qu'il s'agit. Israël doit faire en sorte que l'aide humanitaire puisse parvenir en quantité suffisante. Nous en sommes loin aujourd'hui. C'est l'objectif de la France et nous y travaillons sans compter. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur des travées du groupe UC.)

M. Thomas Dossus. Avec quels moyens ?

M. le président. La parole est à M. Guillaume Gontard, pour la réplique.

M. Guillaume Gontard. Monsieur le Premier ministre, vous n'avez répondu à aucune de mes questions. Le temps des paroles est terminé ! Maintenant, nous voulons des actes, nous voulons des actions, nous voulons du courage politique. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST. - M. Fabien Gay applaudit également.)

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