Question de M. de LEGGE Dominique (Ille-et-Vilaine - Les Républicains) publiée le 21/03/2024

Question posée en séance publique le 20/03/2024

M. le président. La parole est à M. Dominique de Legge, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Dominique de Legge. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, il y a dix jours, deux bandes rivales s'adonnant au trafic de drogue se tirent dessus : une heure de fusillade en plein coeur de Rennes. Cinq jours plus tard, on retrouve les mêmes, vraisemblablement, sur l'autoroute A84, à proximité du paisible village de Coglès, pour une course-poursuite et une fusillade à l'arme lourde. Trois des passagers, armés et ensanglantés, finissent par débarquer dans le bourg de Coglès pour y demander des secours.

Monsieur le ministre de l'intérieur, je suis tenté de vous adresser la question qui m'a été posée ce week-end par les habitants d'Ille-et-Vilaine : dans quel pays vivons-nous ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. - M. Loïc Hervé applaudit également.)

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Réponse du Ministère de l'intérieur et des outre-mer publiée le 21/03/2024

Réponse apportée en séance publique le 20/03/2024

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer.

M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur et des outre-mer. Monsieur le sénateur, dans quel pays vivons-nous ?

Nous vivons dans un pays qui, depuis plus de quarante ans, a laissé la drogue investir non seulement les lieux publics, mais les consciences, via des débats que l'on peut qualifier d'irresponsables sur la légalisation. (M. André Guiol applaudit. - Protestations sur les travées du groupe GEST et sur des travées du groupe SER.)

Nous vivons dans un pays qui est dans un monde où partout la drogue tue. Là où la drogue n'a pas été contrecarrée par l'ordre républicain, des narco-États prospèrent, comme aux portes de l'Europe, aux Pays-Bas, en Belgique, en Espagne, et qui menacent les avocats, les hommes politiques ou les policiers et mettent des contrats sur leur tête, jusqu'à les assassiner.

Nous vivons dans un pays qui est dans un monde où les drogues de synthèse se sont tant et si bien imposées, grâce à l'argent sale, que la première cause de mortalité aux États-Unis est le fentanyl. Nous avons quant à nous réussi, jusqu'à présent, à éviter à la France ce genre de drame, car nous avons une police et une justice courageuses, qui se battent contre cette pieuvre dont sans cesse les tentacules repoussent.

Dans votre département, monsieur le sénateur, il a fallu mobiliser, en six ans, 150 représentants supplémentaires des forces de l'ordre, car il en manquait ; 21 points de deal ont été démantelés à Rennes et aux alentours, plus de 150 interpellations supplémentaires ont eu lieu en 2023 par rapport à 2022 et les saisies ont quintuplé.

En l'espèce, les personnes blessées sont connues pour de multiples inscriptions à leur casier judiciaire pour trafic de stupéfiants.

C'est parce que la police et la gendarmerie travaillent inlassablement dans votre département que, lorsque les points de deal y sont écrasés, les trafiquants essaient de les remplacer, parfois depuis le coeur même des prisons ; il y a là, d'ailleurs, un problème que nous traitons avec le garde des sceaux. Le trafic se poursuit aussi depuis l'étranger, des Émirats arabes unis par exemple ; nous pouvons à cet égard remercier nos amis marocains qui, il y a quelques jours encore, ont arrêté un très grand dealer international.

Notre travail est de faire en sorte que notre pays ne soit pas celui qui a été laissé aux générations actuelles, mais que nous le changions ; nous le devons à nos enfants, y compris à ceux d'Ille-et-Vilaine. (Applaudissements sur des travées des groupes RDPI et RDSE.)

M. le président. La parole est à M. Dominique de Legge, pour la réplique.

M. Dominique de Legge. Monsieur le ministre, soyons francs ! Vous avez dit que le trafic de drogue remontait à plus de quarante ans ; je suis tenté de vous demander : depuis sept ans, qu'avez-vous fait ?

M. Gérald Darmanin, ministre. C'est complètement démago... Et le nombre de policiers que nous y consacrons ?

M. Dominique de Legge. Voici ce que je peux vous dire avec certitude : à force de tenir un discours dont on ne voit pas les résultats sur le terrain, on mine la confiance de la population dans la parole publique. À vous qui invoquez si souvent la République, je réponds que le plus sûr moyen pour que les Français ne s'en détournent pas est de faire en sorte qu'effectivement la République les protège. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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