Question de M. DEMILLY Stéphane (Somme - UC) publiée le 21/03/2024

Question posée en séance publique le 20/03/2024

M. le président. La parole est à M. Stéphane Demilly, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

M. Stéphane Demilly. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

Notre président, Gérard Larcher, l'a rappelé tout à l'heure : nous célébrons aujourd'hui la Journée internationale de la francophonie. Le français, nous pouvons en être fiers, est une langue parlée sur les cinq continents, dans plus de 112 pays, par 320 millions de personnes. C'est la cinquième langue la plus parlée dans le monde et la langue officielle des jeux Olympiques, avec l'anglais, depuis 1896. Voilà pour le « Cocorico ! »...

Mais - car il y a un « mais » -, comme dit le dicton, le cordonnier n'est pas forcément le mieux chaussé...

En témoigne une étude du ministère de l'éducation nationale publiée en juin dernier, qui montre que 10 % des élèves du secondaire sont en grande difficulté dans le domaine de la lecture du français. Parmi eux, la moitié est en situation d'illettrisme !

Compte tenu des difficultés d'insertion que de telles lacunes entraînent pour les 2,5 millions de Français touchés, selon l'Insee, par l'illettrisme, ces statistiques sont très préoccupantes. Rédiger un chèque, lire un mode d'emploi, naviguer sur internet, remplir un formulaire administratif, voilà autant de petits gestes banals du quotidien et autant d'actes pourtant irréalisables pour toutes ces personnes. Ce handicap, souvent invisible, qui remonte la plupart du temps à l'enfance, non seulement les rend dépendantes, mais les exclut souvent socialement.

Madame la ministre, vous venez de prendre la tête du ministère de l'éducation nationale. Vous partagez avec moi l'idée qu'il est difficilement concevable, pour ne pas dire irresponsable, de laisser entrer au collège ou au lycée un élève qui ne maîtrise ni la lecture ni l'écriture du français. Quelles mesures envisagez-vous de prendre pour endiguer ce terrible phénomène qui, une fois de plus, contribue à creuser des inégalités dans le pays ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 21/03/2024

Réponse apportée en séance publique le 20/03/2024

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

Mme Nicole Belloubet, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Monsieur le sénateur Demilly, je partage un nombre important de vos observations.

Vous avez raison de le souligner, la francophonie ne se résume pas seulement à une organisation internationale ou à un sommet, elle s'appuie aussi sur une langue vivante qui ne cesse de s'enrichir et qui est partagée par tous. Pour cela, il faut que nous, Français, nous maîtrisions cette langue correctement. Cela suppose que nous puissions renforcer les acquis du français à l'école et au collège.

Beaucoup de vos collègues - je pense notamment aux parlementaires qui récemment m'ont rendu un rapport sur ce sujet, Mme Genevard et M. Le Vigoureux - se préoccupent également de cette question.

Comment allons-nous essayer d'y répondre à l'école ? Par un certain nombre de mesures importantes et précises, s'agissant d'un enjeu majeur.

Je pense à la diversité des pratiques. Nous devons maîtriser l'écrit, l'oral et, évidemment, la syntaxe. Tout cela suppose que, tous les jours, les élèves travaillent. Des temps de lecture précis sont donnés dans les programmes. Dès l'année prochaine, le quart d'heure de lecture sera un quart d'heure de lecture francophone. Des dispositifs d'accompagnement sont également prévus ; je pense au dispositif Devoirs faits, mais également aux heures de soutien, en français notamment. La labellisation des manuels de français respectant le programme, qui donnera une base commune à l'ensemble de nos professeurs, est également à l'ordre du jour. La création des groupes en sixième et en cinquième dans le cadre du « choc des savoirs » que Gabriel Attal a présenté devra aussi contribuer à l'acquisition du français.

À tous les niveaux, à l'école comme au collège, des évaluations nationales nous permettront de mesurer l'avancée de nos élèves.

Je souhaite également signaler que nous sommes en train de procéder à la réécriture des programmes - c'est en cours, ce n'est pas encore à l'oeuvre -, pour assurer la maîtrise complète de cette langue, tant à l'oral qu'en lecture et en écriture, je le répète.

Les « attendus » de fin d'année seront clairement précisés dans ces programmes. Par exemple, on y définira exactement le nombre et la longueur des textes écrits que les élèves doivent maîtriser. Le fonctionnement de la langue sera également prévu.

Bref, sera ainsi fixé un niveau d'exigence, qui nous permettra, je l'espère, de garantir vraiment la maîtrise complète de la langue. La langue française est une extraordinaire liberté ; il faut que chacun puisse l'utiliser en en maîtrisant les bases. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

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