Question de Mme JOSENDE Lauriane (Pyrénées-Orientales - Les Républicains) publiée le 21/03/2024

Question posée en séance publique le 20/03/2024

M. le président. La parole est à Mme Lauriane Josende, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Lauriane Josende. Ma question s'adresse à M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.

Monsieur le ministre, vous êtes le ministre de la cohésion des territoires. Chacun connaît la sécheresse historique qui sévit dans les Pyrénées-Orientales. Nous vivons un véritable drame, dans lequel nous ne cessons de nous enfoncer ! Chaque jour, des élus, des habitants et des acteurs économiques manifestent leur colère. Ils proposent des solutions, font preuve d'inventivité, se battent pour faire de cette crise climatique une force, un atout pour l'avenir, mais rien ne bouge, aucun projet n'avance !

Samedi dernier, 4 000 personnes ont manifesté contre un projet de golf, largement approuvé par les autorités, à Villeneuve-de-la-Raho, certains manifestants menaçant de « zadiser » notre territoire.

Depuis des mois, nous attendons un message d'espoir, celui d'un État qui prendrait enfin ses responsabilités. Nous attendions notamment la nomination d'un « préfet de l'eau » en Occitanie. Or, vendredi dernier, votre gouvernement a publié l'avis de vacance d'emploi. Quelle déception, monsieur le ministre : il sera chargé « de la gestion de l'eau sur le bassin Adour-Garonne »...

On nous dit que nos départements littoraux dépendent du préfet d'Auvergne-Rhône-Alpes, une autre région que la nôtre. Cette annonce est totalement incompréhensible, sauf à vouloir dire, monsieur le ministre, que nous allons enfin bénéficier de l'eau du Rhône, le tuyau actuel s'arrêtant à Narbonne...

La sécheresse que nous subissons est unique en France par son intensité et par ses conséquences. À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles.

Monsieur le ministre, ma question est simple : allez-vous vous engager personnellement pour que l'eau du Rhône soit enfin acheminée jusque dans les Pyrénées-Orientales ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. - M. Vincent Capo-Canellas applaudit également.)

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Réponse du Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires publiée le 21/03/2024

Réponse apportée en séance publique le 20/03/2024

M. le président. La parole est à M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.

M. Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, madame la sénatrice Josende, il y a quelques jours, nous avons présenté, comme chaque année au mois de mars, l'état des nappes phréatiques au début du printemps.

Il y a un an, les trois quarts des nappes étaient en dessous des normales de saison, contre seulement un tiers aujourd'hui. Pour autant, certaines situations nous préoccupent, dont celle d'un département, qui est dans une situation unique en France - et je corrobore d'ailleurs tous vos propos -, ce sont les Pyrénées-Orientales. Dans ce département, le déficit d'humidité des sols atteint 90 % ; il n'est quasiment plus tombé une goutte d'eau depuis le mois de juin 2022 et, depuis cette date, le département n'a pas connu un seul mois sans restriction d'usage...

Avant de vous répondre, je veux vous saluer, vous et l'ensemble des élus et responsables de votre département, qui vivez ainsi depuis deux ans, en faisant front. La consommation d'eau potable a diminué de 30 % l'été dernier à l'échelle de la communauté urbaine de Perpignan ; quand on sait que ce territoire vit du tourisme et de l'agriculture, on mesure l'effort que cela représente !

Je me rendrai demain, à l'occasion du salon des maires, dans les Pyrénées-Orientales, pour une séance de travail sur l'eau. J'aurai évidemment l'occasion de prendre la parole sur les sujets que les élus et les chambres d'agriculture ont signalés au préfet : les canaux, les fuites, la réutilisation des eaux usées et les projets beaucoup plus structurants, comme celui que vous avez cité, qui représente un demi-milliard d'euros ; vous comprendrez donc que l'hémicycle du Sénat pendant la séance de questions d'actualité au Gouvernement ne se prête pas à des annonces sur de tels projets...

Je viens sur place demain pour discuter et pour dialoguer avec les élus. Je viens pour valoriser les six projets de retenue et de réutilisation d'eaux usées qui ont été autorisés au cours des six derniers mois à la demande des élus. Et je viens pour tracer un chemin. Il y a une nécessité absolue sur ce territoire, il faut apporter des réponses exceptionnelles. Ce sera la raison de ma présence à vos côtés dans quelques heures. (Applaudissements sur des travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à Mme Lauriane Josende, pour la réplique.

Mme Lauriane Josende. Je serai à vos côtés demain, nous échangerons ensemble avec les élus et vous pourrez prendre vous-même la température... Nous n'avons pas besoin de mesurettes ni d'effets d'annonce, nous avons besoin d'un engagement fort.

Les mesures à un milliard d'euros ou à un demi-milliard ne sont même pas chiffrées, puisqu'aucune étude n'a été réalisée. Commençons donc par le commencement : engagez-vous au moins à étudier ce projet si l'on veut un jour pouvoir le réaliser. Personne n'imagine que le tuyau se fera du jour au lendemain. Tout le monde consent à faire des efforts au quotidien. Montrons que l'action publique a encore un sens. Il y va de l'avenir politique et de la survie économique de ce département ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. - Mme Émilienne Poumirol et M. Jean-Marc Vayssouze-Faure applaudissent également.)

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