Question de Mme CANALÈS Marion (Puy-de-Dôme - SER) publiée le 04/04/2024

Question posée en séance publique le 03/04/2024

M. le président. La parole est à Mme Marion Canalès, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

Mme Marion Canalès. Madame la ministre du travail, de la santé et des solidarités, la Défenseure des droits vient de dévoiler le regard inquiet qu'elle porte sur l'état des droits et libertés dans notre pays : qu'elles concernent l'enfance ou encore les services publics, les atteintes se multiplient.

Or le devoir de protection sociale et de solidarité est inscrit dans le préambule de notre Constitution ; ce n'est pas rien.

On dit souvent que le degré d'une civilisation et d'une société se mesure à la manière dont y sont traités les citoyens les plus vulnérables ; j'ajouterai : ainsi que tous ceux qui les accompagnent.

Quelque 1,3 million de travailleurs sociaux, dont 90 % de femmes, oeuvrent au quotidien. Que leur dites-vous ? Chacun de nous a été ou sera en contact avec eux ; chacun de nous aura besoin d'eux. Depuis des années, ces hussards bleus, blancs ou rouges de la République et de la solidarité alertent : le point de rupture est proche.

Demain encore, ils manifesteront partout en France. Plus que de gratitude, ils ont besoin d'actes. Que leur direz-vous ?

La logique gestionnaire et les politiques de destruction sociale les fragilisent. Il est essentiel de mieux les rémunérer, de mieux reconnaître leurs compétences et de mieux les former. Que leur direz-vous ?

Alors même qu'ils sont très souvent invisibilisés, comme les publics qu'ils accompagnent, sans eux, il n'y a pas de pacte social.

Le déficit d'attractivité de leurs métiers conduit au report vers l'intérim, voire à une ubérisation qui dégrade le lien offert, voilà la réalité. Près de 30 000 postes sont vacants, 150 000 professionnels partiront à la retraite dans les deux prochaines années et 90 000 d'entre eux sont déjà partis.

Dans ces métiers toujours, en 2021, le salaire médian était inférieur au Smic, et les accidents du travail trois fois plus nombreux qu'ailleurs. Ces chiffres corroborent d'ailleurs l'idée selon laquelle plus un métier se féminise, plus il se précarise. Que dites-vous à ces personnes ?

Leurs compétences, souvent considérées comme naturelles, sont dévaluées.

Pour la première fois, des magistrats ont alerté sur la situation préoccupante du secteur de l'enfance. Devant le risque imminent de craquage du service social, quand présenterez-vous enfin une feuille de route ambitieuse et budgétée pour retrouver la confiance de ces professionnels et tracer des perspectives ?

Comptez-vous intégrer au Ségur celles et ceux que vous continuez d'en exclure pour permettre une revalorisation salariale ?

Enfin, en matière de protection de l'enfance, quand le décret établissant les taux et normes d'encadrement des établissements, prévu par la loi de 2022, sera-t-il enfin pris ? (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

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Réponse du Ministère du travail, de la santé et des solidarités publiée le 04/04/2024

Réponse apportée en séance publique le 03/04/2024

M. le président. La parole est à Mme la ministre du travail, de la santé et des solidarités.

Mme Catherine Vautrin, ministre du travail, de la santé et des solidarités. Madame la sénatrice, je vous remercie tout d'abord de cette question, qui met en avant le travail de l'ensemble des travailleurs sociaux de notre pays, qu'ils soient fonctionnaires ou membres d'associations.

Je voudrais souligner leur engagement au quotidien. Les missions locales, par exemple, jouent un rôle absolument essentiel d'accompagnement de nos jeunes.

Pendant cette session de questions au Gouvernement, il a beaucoup été question du lien à l'emploi. Je voudrais souligner la capacité des travailleurs des missions locales à rencontrer les jeunes sur le terrain et à les ramener dans un premier temps vers la mission locale, avant de travailler avec eux, dans un second temps, dans la perspective du retour vers l'emploi.

Madame la sénatrice, vous évoquez la reconnaissance.

Je vous remercie d'avoir cité le Ségur de la santé, qui a tout de même constitué, pour le fonctionnement de la fonction publique hospitalière, une avancée essentielle. Je rappelle que le Ségur a produit ses effets les plus récents en janvier dernier, lorsque l'indemnité pour les sujétions de garde et de week-end a été revalorisée.

En parallèle, nous travaillons encore sur le Ségur de l'investissement, pour les établissements médico-sociaux hospitaliers.

J'ai également un travail à mener sur les postes vacants, y compris avec ma collègue Sylvie Retailleau dans le cadre de Parcoursup, pour améliorer la lisibilité des parcours de formation aux métiers des travailleurs sociaux.

Incontestablement, les occasions qu'offrent ces métiers sont insuffisamment connues. Il faut travailler sur les passerelles qui permettent de s'engager dans des logiques de carrière.

Voilà la reconnaissance d'un État dans lequel, nous le savons tous, l'égalité des chances est le moteur de la cohésion. Il passe par les travailleurs sociaux.

Mme Laurence Rossignol. Quel blabla !

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