Question de Mme LE HOUEROU Annie (Côtes-d'Armor - SER) publiée le 06/03/2025

Mme Annie Le Houerou rappelle à M. le ministre d'État, garde des sceaux, ministre de la justice les termes de sa question n° 01115 sous le titre « Secret professionnel des conciliateurs et réquisition judiciaire », qui n'a pas obtenu de réponse à ce jour.

- page 955


Réponse du Ministère de la justice publiée le 12/06/2025

En application de l'article 21-3 de la loi du 8 février 1995, la conciliation est soumise au principe de confidentialité, interdisant de divulguer aux tiers ou d'invoquer ou produire dans le cadre d'une instance judiciaire ou arbitrale sans l'accord des parties les constatations du médiateur et les déclarations recueillies au cours de la médiation. Ce principe reçoit toutefois exception dans deux cas :Toutefois dans le cadre d'une enquête de police aux termes des article 60-1 et 77-1-1 du code de procédure pénale, ou d'une information judiciaire aux termes de l'article 99-3 du même code, la loi prévoit que toute personne doit répondre à une réquisition d'information effectuée par un officier ou le cas échéant un agent de police judiciaire. Il ne peut lui être opposé, sans motif légitime, l'obligation au secret professionnel, sous peine d'une amende de 3 750 euros. Il se déduit de ces dispositions que le conciliateur de justice ou le médiateur doit disposer d'un motif légitime pour refuser de répondre à une telle réquisition. Contrairement aux réquisitions qui sont adressées aux personnes mentionnées aux articles 56-1 à 56-5 du CPP, pour lesquelles la remise des informations ne peut intervenir qu'avec leur accord, un tel refus est subordonné à la démonstration dans le cas d'espèce de l'existence d'un motif légitime, qui ne saurait être caractérisé du seul fait que les mesures de conciliation ou de médiation présentent de façon générale un caractère confidentiel. En effet la protection prévue à l'article 56-5 du CPP, qui ne vise à protéger que les seuls documents susceptibles d'être couverts par le secret du délibéré, n'est pas susceptible de s'appliquer aux conciliateurs de justice ou aux médiateurs, dont les actes n'ont pas de caractère juridictionnel. L'existence d'une enquête pénale ou l'ouverture d'une instruction judiciaire constituera ainsi le plus souvent une raison impérieuse d'ordre public, qui implique pour le conciliateur de déroger au principe de confidentialité et de communiquer la pièce demandée dans le cadre de réquisitions judiciaires. Toutefois, il devra vérifier l'absence de motif légitime s'opposant à la communication. En effet la violation du principe de confidentialité, hors des cas visés par l'article 21-3 précité, n'est pas sans conséquence au plan civil comme pénal. L'article 129-4 du code de procédure civile rappelle que les constatations du conciliateur et les déclarations qu'il recueille ne peuvent être ni produites ni invoquées dans la suite de la procédure sans l'accord des parties ni, en tout état de cause, dans une autre instance, à peine d'irrecevabilité. Au surplus la divulgation par le conciliateur de ce principe l'expose à des sanctions pénales (article 226-13 du code pénal). L'existence d'un motif légitime pour ne pas répondre à une réquisition judiciaire relèvein fine de l'appréciation souveraine des juges du fond qui évalueront, en cas de refus de réponse du conciliateur et de poursuites à son encontre, la suffisance du motif invoqué.

- page 3350

Page mise à jour le