CONCLUSION

La collecte et l'utilisation massive de données, leur organisation à travers des outils d'intelligence artificielle, la diffusion très large dans un grand nombre de secteurs d'activité de robots intelligents qui automatisent des tâches parfois complexes - du moins en apparence - et qui relevaient jusqu'à présent du travail humain, caractérisent une « quatrième révolution industrielle » qui ne fait que commencer.

C'est une révolution rapide mais sans brutalité, presque insidieuse, dont on commence à redouter les effets massifs. Le spectre de lourdes pertes d'emploi n'est pas totalement évanoui, mais les estimations récentes du Conseil d'orientation pour l'emploi en France ou encore de l'OCDE, laissent penser que le volume des emplois détruits par l'automatisation à un horizon d'une vingtaine d'années serait de l'ordre de 10 à 15 %. Par ailleurs, d'autres emplois sont appelés à se développer et compenser les pertes subies. Le coeur de la bataille réside plutôt dans la formation initiale et continue, car l'enjeu de l'adaptation des compétences, déjà majeur aujourd'hui, le sera plus encore dans un monde peuplé de machines performantes et peu chères, capables de prendre en charge à peu près toutes les tâches répétitives.

Les capacités relationnelles, les compétences sociales, la faculté à collaborer au travail avec des machines devront être développées pour préserver l'employabilité. Les tâches nécessitant de nombreuses interactions sociales ainsi que les tâches variées peu standardisées sont moins susceptibles d'automatisation dans la mesure où le robot polyvalent ne constitue pas une perspective immédiate. La robotisation entraînera donc d'importantes transformations dans le monde du travail. Au-delà de la substitution de tâches, elle permet aussi l'émergence de nouveaux modèles économiques, facilite le développement du travail indépendant et de l'économie de plateforme.

Freiner la mise en oeuvre du progrès technique dans les services pour préserver l'emploi existant n'est pas un chemin pertinent. La France est déjà un peu en retard en matière de déploiement des robots. Ceux-ci peuvent être source d'innovations intéressantes qui améliorent la qualité des services rendus aux utilisateurs, par exemple dans le cadre de l'accompagnement des personnes âgées dans les établissements qui les hébergent. Une robotisation réussie passe toutefois par la mise en place d'un accompagnement des personnels touchés par les transformations des emplois et par l'instauration de régulations sociales et éthiques, de manière à éviter le cauchemar d'une robotisation destructrice qui réduirait l'autonomie au travail, serait source d'une nouvelle pénibilité, et au final constituerait une régression pour tous.

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