CONCLUSION

Malgré l'organisation inégale de la concertation des Régions avec les autres collectivités, et le flou qui entoure son support législatif, la préparation des troisièmes contrats de plan Etat-Région, s'est inscrite en progrès par rapport à celle des deuxièmes contrats de plan, en catalysant une démarche prospective, tant de la part de l'Etat que celle des Régions, et en améliorant les échanges entre les services de l'Etat et des Régions.

En dépit, et peut-être aussi en raison de sa lourdeur, la préparation des troisièmes contrats de plan fut aussi une source d'identité et de légitimité pour des collectivités régionales encore très " jeunes ", à l'expertise et aux moyens financiers croissants, mais aux compétences encore largement méconnues.

Souvent, ce sentiment favorable laissé par la préparation des positions de l'Etat et de la Région n'a pu cependant qu'aggraver l'ampleur des déconvenues issues de la négociation des contrats de plan proprement dite.

CHAPITRE II :

UNE NÉGOCIATION DÉSÉQUILIBRÉE

I. DES PARTENAIRES INÉGAUX

A. UNE NÉGOCIATION PRÉCIPITÉE

Selon le calendrier initialement annoncé, les négociations devaient s'engager à la fin du mois de septembre 1993, après réception de leur mandat de négociation par les préfets, et s'achever avant la fin de l'année 1993. Préparées il est vrai depuis plus d'un an, les négociations ne devaient donc durer que trois mois .

Compte tenu de l'ampleur de la procédure, comme de son formalisme (avec notamment l'obligation de recueillir l'avis du Conseil économique et social régional), cette durée est apparue beaucoup trop courte .

De fait, la signature des contrats de plan des régions métropolitaines s'est étalée entre février et juillet 1994. En d'autres termes, les négociations ont duré entre quatre et dix mois , et se sont prolongées au delà de la date théorique de commencement du contrat, ce que votre rapporteur ne peut que regretter.

La brièveté du temps dévolu à la négociation ne fut pas sans conséquences . La DATAR 44( * ) estime ainsi que la négociation " s'est déroulée dans un climat de tension et avec une rapidité peu favorables à la recherche concertée de la meilleure décision pour le développement à venir pour la région ".

La DATAR 45( * ) précise notamment que " certains projets, notamment muséographiques, se sont trouvés inscrits dans le contrat à la fin des négociations alors qu'ils n'avaient pas été suffisamment étudiés. Ils n'ont donc pu être mis en oeuvre pendant la période couverte par le contrat ". En fait l'Etat semble s'être servi en fin de négociation des musées comme monnaie d'échange pour obtenir la signature des Régions, mais il s'agissait là souvent de " fausse monnaie " : faute d'une préparation suffisante, ces projets ne seront souvent pas mis en oeuvre.

Plus généralement, comme le souligne M. Jean-François HUMBERT, Président de la Région Franche-Comté, " la précipitation dans laquelle la négociation est conduite ne peut pas garantir la solidité des engagements " 46( * ) .

Enfin, l'accélération de la procédure a transformé une élaboration à l'origine collective en une superposition de négociations bilatérales entre les services de l'Etat et ceux de la Région, entre le SGAR de la préfecture de Région et le Directeur général des services de la Région, et pour les grands arbitrages, entre le Préfet de région et le Président du Conseil régional.

A la fin des négociations, ces discussions bilatérales se sont d'ailleurs accompagnées de nombreuses interventions directes auprès des ministères de la part d'élus locaux (Présidents de Conseil régional, Présidents de Conseil général, parlementaires, Maires de grandes villes) ou de directeurs généraux et de secrétaires généraux. Relayées dans certains cas par les préfets, ces interventions se sont parfois avérées efficaces.

Dans certains cas portés à la connaissance de votre rapporteur, les services de la Région ont même négocié directement avec les administrations centrales , notamment la Direction des routes du ministère de l'Equipement, en contradiction pour ces dernières avec les instructions du Premier ministre.

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