III. PRÉCONISATIONS

Il n'appartient pas à votre rapporteur de formuler, dans le cadre de ce rapport d'information sur la troisième génération de contrat de plan Etat-Région, des préconisations détaillées relatives à la procédure de contrat de plan, et ce d'autant plus que l'élaboration des nouveaux contrats de plan vient à peine de s'achever, de sorte que ces préconisations n'auraient pas d'emploi immédiat.

Au terme de cette étude, il se dégage néanmoins quatre recommandations .

• En premier lieu, les premières générations de contrats de plan Etat-Régions ont démontré le caractère indispensable de la déconcentration des responsabilités au sein de l'Etat.

Les collectivités locales ont besoin de partenaires identifiés, capables d'engager de manière crédible la parole de l'Etat et d'en garantir ensuite le respect.

Cela suppose notamment que les préfectures de région soient dotés de moyens adéquats, tant en terme d'expertise, qu'en matière de décisions budgétaires. Votre rapporteur ne peut donc que regretter l'absence d'enveloppes budgétaires déconcentrées fongibles pour l'exécution des quatrièmes contrats de plan.

• En second lieu, les conditions de négociation et d'exécution des troisièmes contrats de plan ont ébranlé la confiance des partenaires de l'Etat, qui constitue pourtant un ingrédient indispensable à la réussite d'une démarche aussi complexe.

Or, il n'est pas sûr que les modalités d'élaboration des nouveaux contrats de plan aient permis de restaurer cette confiance.

En effet, le Gouvernement n'a guère mis en oeuvre les propositions formulées à sa demande en 1998 par M. CHÉRÈQUE en vue de resserrer et de clarifier la contractualisation, d'une part, de rééquilibrer la négociation des contrats, d'autre part : la place accordée à la négociation contractuelle et les marges de négociation des préfets (cf. propositions n°3 et n°28 du rapport CHÉRÈQUE) n'ont guère été accrus ; l'Etat n'a pas mieux pris en charge les infrastructures (cf. proposition n°14), afin, notamment, de limiter les financements croisés (cf. proposition n°17) ; les priorités de la contractualisation et le nombre de lignes budgétaires concernées n'ont guère été réduites pour " contractualiser mieux " (cf. propositions n°18 et n°22) ; l'année 1999 n'a pas vraiment vu " un effort de l'Etat pour terminer au mieux les contrats en cours " (cf. proposition n°26) ; enfin, le rôle interministériel de la DATAR pour mieux coordonner l'action des ministères ne semble pas s'être significativement accru (cf. proposition n°28).

Au contraire, les contrats de plan Etat-Régions apparaissent de plus en plus perçus comme un moyen pour l'Etat de brider la décentralisation , d'une part, d'imposer aux collectivités locales le financement de ses propres projets, d'autre part.

Il en résulte une triple confusion des compétences, des responsabilités et des budgets, qui est préjudiciable à l'expression éclairée des suffrages de nos concitoyens.

Pour que la contractualisation Etat-Régions redevienne un temps de dialogue constructif, et s'affirme pleinement comme un instrument de modernisation de l'Etat, de gestion des interdépendances entre collectivités publiques, de mise en cohérence des politiques publiques et de stabilisation des relations entre les pouvoirs publics, il semble donc indispensable de préciser les règles du jeu contractuel, en ajustant les lois avec les pratiques, et/ou réciproquement.

• Enfin, pour que la contractualisation Etat-Régions s'inscrive réellement dans une dynamique de progrès et de modernisation de l'action publique, les contrats de plan Etat-Régions doivent à tous les niveaux devenir le cadre privilégié de mise en oeuvre du triptyque expérimentation - évaluation - généralisation, aussi bien pour les politiques publiques, que pour les modalités d'organisation des pouvoirs publics.

En d'autres termes, les contrats de plan doivent faciliter, améliorer et pacifier la décentralisation, et non l'inverse.

• Au total, votre rapporteur appelle de ses voeux un débat parlementaire approfondi sur la nature, la portée et les modalités de la contractualisation entre collectivités publiques, ainsi qu'une réforme des dispositions obsolètes de la loi du 29 juillet 1982 sur les contrats de plan.

A cet égard, l'heure apparaît particulièrement propice : d'une part, l'achèvement de l'élaboration des nouveaux contrats de plan permettrait d'organiser un débat à froid, sans arrière-pensées ; d'autre part, la réforme des procédures contractuelles pourrait s'articuler avec les réflexions en cours sur la décentralisation .

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