2. L'Etat se sert des contrats de plan Etat-Régions pour imposer certaines politiques aux collectivités locales

Plus généralement, la procédure de contrat de plan permet à l'Etat d'intervenir dans l'exercice par les collectivités locales de leurs propres compétences, selon deux mécanismes.

D'un côté, certaines Régions soulignent que les transferts de charges exposés précédemment " privent les collectivités de moyens pour exercer leurs propres compétences ".

De l'autre, l'Etat-régulateur prétend souvent " contrôler " de facto les choix des Régions dans des domaines de compétence partagée, bien au delà de ce que nécessiterait la seule mise en cohérence des interventions publiques.

Ainsi, le ministère de l'Emploi et de la Solidarité indique que " la procédure de contrat de plan articule les préférences des acteurs locaux autour des priorités arrêtées par le ministre ".

De même, pour le ministère de l'Agriculture et de la Pêche, " la vision transversale de l'Etat lui permet de maîtriser les demandes parfois dispersées des collectivités territoriales ".

Plus précisément, le secrétariat d'Etat au Commerce extérieur regrette qu'en " conséquence du désengagement de l'Etat par des annulations budgétaires successives, ..., les aides [de son département ministériel] ne permettent plus de canaliser l'action des collectivités locales . "

La Cour des Comptes concluait ainsi le chapitre de son Rapport public pour 1998 consacré aux contrats de plan Etat-Région : " .. .les troisièmes contrats de plan ont, pour une large part, été utilisés par l'Etat comme un moyen de faire contribuer financièrement les collectivités territoriales à ses propres projets ".

En d'autres termes, l'Etat décide plus qu'il ne paie, et les collectivités locales financent des politiques qu'elles n'ont pas décidées.

Les contrats de plan s'accompagnent donc de transferts de charges au sens politique du terme.

Certains ministères semblent estimer que cela résulte logiquement du rôle régulateur de l'Etat, qui ne saurait être mis au même rang que les collectivités territoriales.

Néanmoins, comme le soulignait récemment 153( * ) M. Christian PONCELET, Président du Sénat, ce type de dérive, qui place de facto les collectivités locales sous la tutelle de l'Etat, est à l'opposé du principe de responsabilité des gestionnaires locaux, comme du principe constitutionnel d'autonomie des collectivités locales.

Par surcroît, ces transferts de charges dénaturent la démocratie locale, en conduisant les élus locaux à voter des dépenses qu'ils n'ont pas réellement choisies.

Votre rapporteur ne peut donc que réaffirmer la nécessité de rééquilibrer la négociation des contrats de plan Etat-Régions.

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