M. le président. M. Alain Gournac attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur la nécessité de mettre en place une politique de prévention de l'échec scolaire chez les enfants dits intellectuellement précoces.
Il n'est pas encore suffisamment su que ces enfants sont aujourd'hui en situation d'échec pour la simple raison que, dès leur plus jeune âge, leur goût de l'étude n'a pas été stimulé par un rythme d'apprentissage adapté à leurs potentialités et qu'ils se sont ennuyés à l'école.
Or ces enfants, loin de n'être pas faits pour l'école, sont trop faits pour l'école : ce sont en effet des enfants extrêmement vifs, curieux de tout, imaginatifs, animés d'une soif d'apprendre telle qu'ils deviennent très facilement la proie de l'ennui lorsqu'ils doivent suivre un rythme trop lent pour eux.
Bénéficiant d'immenses facilités, ils ne sont pas entraînés à l'effort personnel et n'acquièrent pas les méthodes de travail nécessaires pour réussir dans les études supérieures. Or ces méthodes doivent s'acquérir le plus tôt possible - dès les premières années - pour permettre à ces enfants intellectuellement précoces de donner toute leur mesure.
Ils représentent de 2,5 % à 5 % d'une classe d'âge et appartiennent à tous les milieux, car la précocité n'est pas un phénomène social ; ce qui l'est, c'est l'aide que reçoivent ceux qui ont la chance d'appartenir à des familles culturellement favorisées, parce que ces familles sauront souvent persuader les enseignants qu'une solution plus adaptée est à trouver pour leur enfant.
Il faut savoir que 33 % de ces enfants sont en situation d'échec en fin de troisième et que 17 % font des études médiocres. C'est un gâchis qui, comme tous les gâchis, n'est pas acceptable.
C'est pourquoi il lui demande ce qu'il envisage de mettre en oeuvre pour apporter une solution à ce problème, car il n'est dans le rôle de la République ni d'abandonner aux seuls établissements privés sous contrat le soin de le régler ni de laisser des écoles sans contrat, donc sans contrôle, se créer et faire croire aux parents qu'elles détiennent la solution. (N° 511.)
La parole est à M. Gournac.
M. Alain Gournac. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche ; elle concerne la prévention de l'échec scolaire chez les enfants dits « intellectuellement précoces ».
Il n'est pas encore suffisamment su, madame le ministre, que ces enfants sont aujourd'hui en situation d'échec pour la simple raison que, dès leur plus jeune âge, leur goût de l'étude n'a pas été stimulé par un rythme d'apprentissage adapté à leurs potentialités et qu'ils se sont ennuyés à l'école.
Or ces enfants, loin de n'être pas faits pour l'école, sont - si vous me permettez cette expression - trop faits pour l'école : ce sont en effet des enfants extrêmement vifs, curieux de tout, imaginatifs, animés d'une soif d'apprendre telle qu'ils deviennent très facilement la proie de l'ennui lorsqu'ils doivent suivre un rythme trop lent pour eux.
Bénéficiant d'immenses facilités, ils ne sont pas entraînés à l'effort personnel et n'acquièrent pas les méthodes de travail nécessaires pour réussir dans les études supérieures. Or ces méthodes doivent s'acquérir le plus tôt possible - dès les premières années - pour permettre à ces enfants intellectuellement précoces de donner toute leur mesure.
Ils représentent de 2,5 % à 5 % d'une classe d'âge et appartiennent à tous les milieux - j'insiste sur ce point - car la précocité n'est pas un phénomène social ; ce qui l'est, c'est l'aide que reçoivent ceux qui ont la chance d'appartenir à des familles culturellement favorisées, parce que ces familles sauront souvent persuader les enseignants qu'une solution plus adaptée est à trouver pour leur enfant.
Il faut savoir que 33 % de ces enfants sont en situation d'échec en fin de troisième et que 17 % d'entre eux font des études médiocres. C'est un gâchis qui, comme tous les gâchis, n'est pas acceptable.
C'est pourquoi je vous demande, madame le ministre, ce que vous envisagez de mettre en oeuvre pour apporter une solution à ce problème. Vous conviendrez, en effet, qu'il n'est dans le rôle de la République ni d'abandonner aux seuls établissements privés sous contrat le soin de le régler ni de laisser des écoles sans contrat, donc sans contrôle, se créer et faire croire aux parents qu'elles ont la solution.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Monsieur le sénateur, je vous prie d'excuser l'absence de mon collègue François d'Aubert, qui a dû repartir. Je vais donc vous apporter les éléments de réponse qu'il souhaitait vous communiquer.
Je tiens tout d'abord à rappeler qu'il n'existe pas de données chiffrées officielles sur ce sujet.
Ensuite, le nouveau contrat pour l'école a mis en place des mesures qui visent à favoriser la réussite des élèves par un enseignement adapté à la diversité de leurs souhaits, de leurs aptitudes et de leurs besoins, qu'il s'agisse d'élèves qui éprouvent des difficultés d'apprentissage ou d'élèves plus précoces dans l'acquisition et la constitution des savoirs. Donner sa chance à chacun, tel est l'objectif du nouveau contrat pour l'école.
Ainsi, pour le premier degré, la nouvelle organisation de l'école en cycles pédagogiques pluriannuels apporte aux élèves une réponse adaptée à leurs besoins, à la diversité de leurs aptitudes. Elle permet de trouver un rythme de scolarité qui convient à leur développement.
Certains élèves peuvent accomplir un cycle d'études des apprentissages fondamentaux ou des approfondissements en deux ans, d'autres en quatre ans ; la très grande majorité des élèves l'effectuent en trois ans.
Cette organisation de l'école permet de ne pas constituer, pour certains enfants, des classes spéciales au sein de la même école.
Il est important de répondre de façon pertinente à la rapidité des acquisitions cognitives. Néanmoins, il demeure nécessaire de prendre en compte les aptitudes, le comportement et de veiller aux aspects liés aux capacités physiques et artistiques, à l'acquisition des méthodes de travail personnel.
Pour le second degré, la nouvelle architecture en trois cycles définie par le décret du 29 mai 1996 relatif à l'organisation de la formation au collège traduit ces objectifs. Il propose à tous les élèves, jusqu'à la classe de troisième, des « parcours de réussite » pour les préparer à la poursuite de leurs études dans les meilleures conditions.
Dans le cadre de la mise en oeuvre du nouveau collège, la possibilité est offerte au collège de mettre en place, dans le cycle normal, conformément à la note de service n° 96-132 du 10 mai 1996, des parcours diversifiés fondés sur les centres d'intérêt des élèves et prenant appui sur leurs domaines d'excellence. Ces parcours, qui doivent permettre de mieux prendre en compte l'hétérogénéité des élèves, sont organisés pour répondre aux difficultés de certains élèves, mais également pour enrichir les apprentissages de chacun.
En outre, il est prévu que, à compter de la classe de cinquième, chaque élève pourra enrichir son parcours d'un ou deux enseignements optionnels facultatifs, en sus des enseignements communs. La réintroduction, dès la cinquième, de l'option facultative de latin, qui constitue désormais non plus une simple initiation mais un véritable apprentissage, enrichit également le cycle central.
Les arrêtés relatifs au cycle central et au cycle d'orientation, qui seront publiés au cours du premier semestre de 1997, fixeront l'organisation des enseignements applicable à partir de la rentrée scolaire de 1997.
Pour les cinquièmes et les quatrièmes, ils laissent aux établissements une marge de souplesse et leur permettent de mettre en place des parcours diversifiés, qui doivent également bénéficier aux élèves dont le rythme d'acquisition est plus élevé.
C'est dans ce cadre que les élèves qui font preuve d'un rythme d'acquisition plus élevé doivent trouver leur parcours de réussite.
M. Alain Gournac. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Gournac.
M. Alain Gournac. Je vous remercie, madame le ministre, de votre réponse. Cependant, s'il n'y a pas de statistiques officielles, il y a des statistiques officieuses, puisque de nombreux enseignants ont étudié ce problème qui est, me semble-t-il, reconnu par l'ensemble des collègues ici présents.
Par conséquent, pourquoi ne pas engager une concertation avec les enseignants qui s'intéressent à cette question sur le terrain et, le cas échéant, oeuvrer avec le ministre de l'éducation nationale pour faire évoluer les choses ? Le dialogue et l'échange seraient enrichissants.
Je souhaite insister en premier lieu sur l'enseignement primaire, car c'est là que naît l'ennui et que se crée le problème qui s'amplifiera dans le secondaire. Il est donc nécessaire d'être très vigilant afin d'éviter la dérive de ces enfants qui ont la faculté d'apprendre plus vite que les autres. En effet, comme ils s'ennuient, ils partent dans une direction tout à fait incroyable au regard de leurs possibilités.

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